« C’est pas un avocat, ça… » La phrase est lancée pendant l’audience par le prévenu. Le personnage, un homme de 29 ans, est décrit comme un antisocial. Il avait déjà refusé de s’exprimer devant Hélène Bigot, substitut du procureur. Cette fois, c’est à l’égard de son avocate, Me Michèle Fourmilier, qu’il fait preuve d’agressivité. Avant l’audience de comparution immédiate, l’avocate raconte que le prévenu avait refusé de lui parler : « il refuse de me parler parce que je suis blanche et parce que je suis une femme« , explique-t-elle. L’ambiance est tendue et se tend un peu plus encore, quand Bruno Trajean répond à une question de la présidente du tribunal: « Mwin lé partou. La Réunion sa lé a nou sa. La Réunion lé pa aux gros blancs…« .
Dans ces conditions, il devient difficile de faire la lumière sur les circonstances de l’incident survenu mardi après-midi au niveau de Grand-Etang. Alors qu’une mère de famille se promène en compagnie de ses deux fillettes, Bruno Trajean, un sabre à canne à la main, croise leur chemin. La femme le salue mais après l’avoir dépassé, elle sent une main sur la fesse. Croyant alors que c’est celle de l’une de ses filles, elle se retourne pour apercevoir l’homme sans gêne. Il lui propose alors de l’ accompagner en lui disant qu’il lui fera des « choses gentilles« . Mais quand, après lui avoir pris la main, il lui demande de lui remettre son alliance, la mère affolée demande à ses fillettes de s’enfuir. Après avoir finalement réussi à libérer sa main, elle se met à courir vers sa voiture.
Les militaires ont retrouvé Bruno Trajean un peu plus tard, en slip dans les broussailles: « je faisais sécher mon linge« , leur a-t-il dit simplement. Et alors que Brigitte Lagière, présidente de l’audience, énonce tous ces faits, l’accusé lance : « vous lisez ça comme de la poésie. C’est pas de la poésie« .
Face à tant d’agressivité, Marc Hellier, vice-procureur de la République, parle de « dangerosité sociale manifeste« . L’avocate muselée par son client ne tente même plus de le défendre : « Monsieur ne souhaite pas que je m’exprime. Je ne m’exprime pas« . L’attitude raciste du prévenu pendant l’audience lui porte donc préjudice. A l’issue de ce procès, Bruno Trajean écope de deux ans de prison ferme avec maintien en détention. Il aura, en outre, un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans.