C’est le coup de la dernière chance. Un passage à l’acte mûrement réfléchi même si les conséquences pour l’entourage, pour la santé, pour le moral pourraient être dramatiques. « On a plus rien à perdre« , justifient Axel et Dominique Difernand qui entament ce matin une grève de la faim dans le Département. Le lieu n’est évidemment pas choisi au hasard : ces deux anciens employés de la collectivité veulent se faire entendre par la présidente du Conseil général, Nassimah Dindar.
Axel, 51 ans, contractuel
Axel, âgé de 51 ans, est technicien depuis 23 ans. Il a travaillé dans plusieurs entreprises avant de répondre à une offre d’embauche formulée par le Conseil général. Il quitte son ancien emploi pour répondre favorablement et rapidement à cette embauche qui devait démarrer 15 jours plus tard. Finalement, l’échéance est repoussée, à tel point qu’Axel va rester un an au chômage avant de pouvoir occuper le poste.
Au départ, le Conseil général souhaite le prendre en tant que CAE (Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi). « Dans l’année, en rappelant mon expérience dans le domaine, j’ai demandé à passer au statut de stagiaire qui permet ensuite, au bout d’un an, d’être titularisé« , explique Axel. Depuis cette première demande qui date de 2006, espoirs et désillusions se succèdent. Axel rencontre à plusieurs reprises les collaborateurs de la présidente, Nassimah Dindar. A leur demande, il adresse des CV, lettres de motivations, courriers, book sur son travail…
« Sens des responsabilités », « disponibilité », ponctualité sans reproche », « motivé », « esprit d’initiative », « discrétion dans la confidentialité », « compétences pointues »… Les recommandations des services qu’il côtoie ne suffisent pas. Dès lors que la demande d’intégration d’Axel arrive sur le bureau de la présidente, la réponse qui suit est négative. Le motif ? Il reste mystérieux. Au mois d’avril dernier, un courrier de la présidente stipule que « sensible à votre requête, j’ai demandé au Directeur des Ressources Humaines de suivre attentivement votre dossier. Celui-ci vous tiendra informé de l’évolution« .
Ne voyant rien venir, Axel profite au début du mois de novembre dernier d’une commission permanente pour interpeller Nassimah Dindar à la sortie de l’hémicycle et lui demander un rendez-vous. « Vous croyez qu’on a le temps de recevoir les agents, vous croyez qu’on a que ça à faire…« , lui aurait répondu Nassimah Dindar. Déconcerté, Axel refuse aujourd’hui de repartir une année de plus en tant que contractuel, son moral est au plus bas, il demande la régularisation de sa situation.
Dominique, 10 ans en tant que contractuel
C’est au mois d’octobre 1999 que Dominique Difernand entre au Département en tant qu’emploi-jeune (cinq ans) et poursuit trois années avec un contrat pluriannuel. Au bout de huit ans, sa demande d’intégration n’est pas acceptée. Cinq jours après la fin de son contrat, la président l’appelle en personne pour lui demander de reprendre son poste et de venir la voir : « Les emplois-jeunes ne restent pas sur le carreau avec moi« , lui assurera-t-elle ajoutant « en attendant une place de stagiaire, je vous remets sur un poste de contractuel« . Un an passe, Dominique redemande à être intégré. En vain.
Voilà un mois que son contrat d’agent polyvalent à l’arrondissement Nord s’est arrêté avec différents rapports favorables de son chef de service. Sans surprise, Dominique reformule la demande de régularisation de son dossier, et sans surprise, on lui fait encore faux bond. « Les collaborateurs de la présidente me proposent un nouveau contrat d’un an dans un collège avec un débouché de titularisation. Moi je ne crois plus aux promesses« , lance Dominique. D’autant que cette proposition précède une nouvelle suggestion, trois jours avant la fin de son contrat : « Allez aux Assedics, revenez dans quatre mois. Vous aurez le poste dans le collège« , assure-t-on. Lorsque Dominique demande un document attestant cette offre, on lui répond: « vous avez la parole de la présidente« . A bout, Dominique craint pour la qualité de vie de ses deux enfants. Il ne peut pas faire de projets personnels et perd espoir de voir, un jour, son dossier être régularisé.
Axel et Dominique viennent d’entamer leur grève de la faim dans les locaux du Département, munis de diverses pancartes racontant leurs parcours. Ils n’espèrent qu’une chose, que la présidente révise sa position et clarifie leur situation professionnelle.