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Détresse humaine à La Réunion : « Une situation qui empire », selon Momon papa lé là

« La cour des miracles », c’est ainsi que Patrick Savatier, président de l’association Momon papa lé là, définit son association. Même « pour ceux qui ont des maisons et des revenus ils doivent faire face à une situation qui empire ». Il y a « de plus en plus de jeunes, des femmes pour la plupart, qui se retrouvent […]

Ecrit par Karine Maillot – le lundi 24 mai 2010 à 15H48

« La cour des miracles », c’est ainsi que Patrick Savatier, président de l’association Momon papa lé là, définit son association. Même « pour ceux qui ont des maisons et des revenus ils doivent faire face à une situation qui empire ». Il y a « de plus en plus de jeunes, des femmes pour la plupart, qui se retrouvent dehors ou ballottées de foyers en foyers. Certaines sont même obligées d’aller devant un stop à Saint-Denis ou à Saint-Pierre pour pouvoir bouffer tous les mois ». D’autres « échangeraient leur corps contre un repas ». De quoi refléter le désespoir des plus défavorisés.

Chaque jour, l’association reçoit une centaine d’appels. Des gens en détresse qui appellent au secours, mais aussi des particuliers qui souhaitent faire un don, ou même des professionnels tels que les entreprises de bâtiment Holcim et Caroupaye qui fournissent de la matière première et prêtent du matériel pour des opérations de solidarité.

Mais le premier soutien aujourd’hui est celui des bénévoles. Ils sont une soixantaine à travers l’île à donner souvent de leur temps et sont nombreux par ailleurs à apporter un soutien moral via internet (facebook, twitter). D’autres viennent apporter quelques courses en sortant du supermarché…

Une liberté de ton qui dérange

Si la mairie de Saint-André a accordé une subvention de 25.000 euros l’année dernière pour le chantier de la lombriculture, rien n’est gagné cette année. « Notre liberté de ton nous a fait refuser la convention que nous proposait la mairie dans sa forme d’origine ». Patrick Savatier ne veut pas « servir d’alibi à ces gens-là auprès de la population et dire qu’ils font tout ce qu’il y a à faire, parce que ce n’est pas vrai ».

Selon lui, si la subvention était exclusivement destinée à la lombriculture, la mairie aurait greffé sur la même convention d’autres tâches telles que « la distribution de vêtements, d’aliments, l’attribution de logement, maraîchage solidaire ».

Le loyer des locaux de l’association s’élève à 1.500 euros sans les charges. Le foyer accueille sous son toit une trentaine de pensionnaires dont 11 à titre gratuit. Quatre d’entre eux sont sous tutelle et paient un loyer mensuel de 465 euros et d’autres sont en pension complète et paient 615 euros.

Patrick Savatier, victime d’une « paranoïa politicienne » ?

Si l’association avait à sa disposition un local près du stade de la Cressonnière sous l’ancienne municipalité, ce n’est plus le cas désormais. Une certaine « paranoïa politicienne » semble s’être installée chez « des politiques ». En effet, si les aides de quelque nature qu’elles soient seront toujours les bienvenues, Patrick Savatier refuse de vendre sa liberté de ton. Le fait de voter « pour untel ou untel ne doit pas nous couper la liberté de parole », indique le défenseur des plus démunis.

De son côté, le conseil général a donné 20.000 euros sous forme de subvention en 2009. Une aide précieuse que l’association compte bien solliciter à nouveau cette année.

 

Après une vie décousue et trois mois de prison, Abigaëlle revit

Retrouvez en vidéo 2, le témoignage d’Abigaëlle. Agée aujourd’hui de 26 ans, elle a dû partir de la maison familiale à 16 ans et a connu le milieu carcéral pendant trois mois après s’être laissée entrainer par des gens de mauvaise vie, parce qu’ils lui apportaient « une protection ». Pour elle, Momon papa lé là,  qui est son employeur aujourd’hui, est une seconde chance de s’insérer dans la société.

 

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