Selon nos informations, plusieurs avocats et la CARPA (Caisse des règlements pécuniaires des avocats) sont dans le collimateur des enquêteurs de la brigade financière de Malartic. Dernier fait en date, l’audition comme simple témoin de l’ancien bâtonnier et avocat Me Robert Chicaud, entendu ce jour au commissariat de Saint-Denis. Une information confirmée par le parquet de Saint-Denis.
Des soupçons pèsent quant à l’utilisation de l’argent déposé au sein de la CARPA. Un des enjeux de l’enquête porte sur le fonctionnement même de la caisse professionnelle des avocats à La Réunion.
Zinfos974 s’était fait écho dans un article de 2013 (voir ici : [CARPA: Les comptes pas clairs de la caisse professionnelle des avocats de la Réunion]url:http://www.zinfos974.com/CARPA-Les-comptes-pas-clairs-de-la-caisse-professionnelle-des-avocats-de-la-Reunion_a65436.html ) de problèmes financiers au sein de cette caisse. Il faut savoir que la CARPA sert aux avocats à verser l’argent reçu pour le compte de leurs clients, argent qui ne leur appartient pas et qu’ils n’ont pas le droit d’utiliser. Alertée par le bâtonnier de l’époque, Me Leopoldine Settama – elle-même entendue sur le fonctionnement de la caisse par les enquêteurs de Malartic – la commission de contrôle des CARPA avait mis en lumière plusieurs anomalies. Le rapport avait pointé de drôles de pratiques, s’étalant sur plusieurs années, quant à l’utilisation de ces fonds et leurs destinations. Cette mission de contrôle avait débouché sur une alerte au parquet de Saint-Denis par Me Leopoldine Settama dès 2012.
Une alerte doublée depuis par une plainte. Selon nos informations, une plainte contre X a été déposée auprès du procureur de la République de Saint-Denis fin janvier 2014, visant indirectement un avocat dionysien de renom. Dans sa plainte, un client explique ne pouvoir remettre la main sur près de 40.000 euros versés en trop à des victimes. Suite à une condamnation dans une affaire d’abus de confiance, le plaignant avait versé près de 150.000 euros de dommages et intérêts aux victimes. Depuis deux ans, il cherche à remettre la main sur son argent. En vain.
Pour confirmer ses dires, le plaignant a joint dans sa plainte une copie des sommes et des bordereaux de dépôt récupérés auprès de la CARPA. Des documents sans signature ou présentant des dates surchargées. Pis, selon l’intéressé, il y aurait une « inadéquation » entre les dispositions du jugement et les mouvements effectués vers des personnes qui ne peuvent pas en être les bénéficiaires. Certains clients de l’avocat visé par la plainte ont été entendus par les enquêteurs et affirment ne pas avoir touché leurs dommages et intérêts, selon une source proche du dossier.
Cette nouvelle audition pourrait accélérer l’enquête du côté de la brigade financière de Malartic. Les enquêteurs cherchent à comprendre comment des sommes, pourtant sous séquestre, ont vraisemblablement pu être utilisées à d’autres fins. L’enquête continue.