« Il faut solutionner le problème des banques »
Pour Alexandre, jeune artisan distirbuteur de produits, qui tient son entreprise depuis 2005, le problème, c’est les banques: « La banque à la Réunion est une banque arriérée, une banque qui date encore à mon avis de la colonie, qui ne sait pas prendre de risque et qui n’a aucun génie et malheureusement bien souvent aucune compétence », commente-t-il.
« Je crois que le mot crise n’est pas parvenu encore à leurs bureaux. Vous avez des conseillers qui semblent totalement l’ignorer, sur ordre ou par vraie incompétence. Or, la crise est est bien là, y compris à la Réunion. Il y a des frais indécents, ce sont des banques qui gagnent largement d’argent à l’année. Ce sont des banques qui n’aident pas« , constate-t-il.
Lui souhaiterait avoir plus de facilités bancaires. Car lorsqu’il franchit son découvert, « une cascade de plaies commencent à se mettre en route. La banque vous appuie sur la tête et vous demande en même temps de respirer. C’est impossible« , s’énerve Alexandre.
« Bien gérer, c’est le plus important »
Hassim, lui, tient son commerce de vêtements dans le prêt-à-porter depuis 40 ans. « Jusqu’à 2010, tout allait bien« , souligne-t-il. Ce matin, il s’y est rendu pour « regarder », et pour « s’informer« . Il affirme que son magasin connaît « beaucoup de difficultés » et une baisse importante de son chiffre d’affaires. Même s’il ne se montre pas alarmiste pour autant.
« Les gens achètent moins. Ils ont plus tendance à voyager. Et quand ils voyagent, ils achètent. Et puis il y a la concurrence d’Internet« . Pour résister à la crise, Hassim a une recette : « Il faut faire très attention aux commandes, ne pas commander trop et bien gérer. C’est le plus important« .
Hassim n’a pas un avis aussi tranché qu’Alexandre sur les banques et estiment que la sienne l’aide comme il faut. « En même temps, je suis un client fidèle ! », souligne-t-il.
« Vous mettez votre vie en danger »
François a la cinquantaine. S’il est ici, dans les locaux de la CCI, c’est qu’il craint pour le futur… « Je crains pour l’avenir de ma boîte de mes associés, de mes salariés, de ma femme, et de moi, tout simplement« . La crise et cette incertitude, « ça fait flipper, je vous le jure« , explique ce chef d’entreprise dans le secteur de l’ingénierie du bâtiment, qui a onze salariés. Une boîte qu’il a ouvert en 1992.
Mais depuis trois ans, il le concède, « on rame, on rame, on rame. On essaie autant que possible de trouver des astuces pour étaler les échéances auxquelles on doit faire face« , explique-t-il. Son objectif est d’obtenir un étalement pour rembourser ses dettes.
Moins catégorique qu’Alexandre sur le rôle joué par les banques locales, le sujet le rend tout autant prolixe : « Quand on y va et qu’on a besoin d’eux on arrive quand même a obtenir ce que l’on souhaite. Mais pour obtenir ce que vous voulez, excusez moi l’expression, il faut se mettre à poil. Ce sont des conditions draconiennes où vous mettez votre vie en danger et tout ce que vous avez, jusqu’à la dernière culotte de votre femme… Excusez-moi d’être grossier », répète-t-il.
Il note toutefois qu’on a « mis des outils en place pour aider » les entreprises en difficultés qui subissent la crise. François espère pouvoir en bénéficier et « garder la tête hors de l’eau« .