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Des chefs d’entreprise parlent de la crise : « On rame, on rame, on rame »

En marge de la première matinée interprofessionnelle sur la prévention des difficultés des entreprises organisée par la Chambre de Commerce et de l'Industrie, nous avons rencontré trois chefs d'entreprise, qui ont accepté de nous parler, de manière anonyme, de leurs difficultés liées à la crise. Tous trois travaillent dans des secteurs différents : Alexandre est artisan, Hassim tient un magasin de vêtements et François est à la tête d'un cabinet d'ingénierie dans le bâtiment. Venus s'informer sur les outils ou organismes pouvant les aider, ils ont tous un point commun : ils sont touchés, à des degrés divers, par la crise économique. Voici leur témoignages.

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 31 mai 2013 à 07H14

« Il faut solutionner le problème des banques »

Pour Alexandre, jeune artisan distirbuteur de produits, qui tient son entreprise depuis 2005, le problème, c’est les banques: « La banque à la Réunion est une banque arriérée, une banque qui date encore à mon avis de la colonie, qui ne sait pas prendre de risque et qui n’a aucun génie et malheureusement bien souvent aucune compétence », commente-t-il.

« Je crois que le mot crise n’est pas parvenu encore à leurs bureaux. Vous avez des conseillers qui semblent totalement l’ignorer, sur ordre ou par vraie incompétence. Or, la crise est est bien là, y compris à la Réunion. Il y a des frais indécents, ce sont des banques qui gagnent largement d’argent à l’année. Ce sont des banques qui n’aident pas« , constate-t-il.

Lui souhaiterait avoir plus de facilités bancaires. Car lorsqu’il franchit son découvert, « une cascade de plaies commencent à se mettre en route. La banque vous appuie sur la tête et vous demande en même temps de respirer. C’est impossible« , s’énerve Alexandre.

 

« Bien gérer, c’est le plus important »

Hassim, lui, tient son commerce de vêtements dans le prêt-à-porter depuis 40 ans. « Jusqu’à 2010, tout allait bien« , souligne-t-il. Ce matin, il s’y est rendu pour « regarder », et pour « s’informer« . Il affirme que son magasin connaît « beaucoup de difficultés » et une baisse importante de son chiffre d’affaires. Même s’il ne se montre pas alarmiste pour autant.

« Les gens achètent moins. Ils ont plus tendance à voyager. Et quand ils voyagent, ils achètent. Et puis il y a la concurrence d’Internet« . Pour résister à la crise, Hassim a une recette : « Il faut faire très attention aux commandes, ne pas commander trop et bien gérer. C’est le plus important« .

Hassim n’a pas un avis aussi tranché qu’Alexandre sur les banques et estiment que la sienne l’aide comme il faut. « En même temps, je suis un client fidèle ! », souligne-t-il.

 

« Vous mettez votre vie en danger »

François a la cinquantaine. S’il est ici, dans les locaux de la CCI, c’est qu’il craint pour le futur… « Je crains pour l’avenir de ma boîte de mes associés, de mes salariés, de ma femme, et de moi, tout simplement« . La crise et cette incertitude, « ça fait flipper, je vous le jure« , explique ce chef d’entreprise dans le secteur de l’ingénierie du bâtiment, qui a onze salariés. Une boîte qu’il a ouvert en 1992.

Mais depuis trois ans, il le concède, « on rame, on rame, on rame. On essaie autant que possible de trouver des astuces pour étaler les échéances auxquelles on doit faire face« , explique-t-il. Son objectif est d’obtenir un étalement pour rembourser ses dettes.

Moins catégorique qu’Alexandre sur le rôle joué par les banques locales, le sujet le rend tout autant prolixe : « Quand on y va et qu’on a besoin d’eux on arrive quand même a obtenir ce que l’on souhaite. Mais pour obtenir ce que vous voulez, excusez moi l’expression, il faut se mettre à poil. Ce sont des conditions draconiennes où vous mettez votre vie en danger et tout ce que vous avez, jusqu’à la dernière culotte de votre femme… Excusez-moi d’être grossier », répète-t-il.

Il note toutefois qu’on a « mis des outils en place pour aider » les entreprises en difficultés qui subissent la crise. François espère pouvoir en bénéficier et « garder la tête hors de l’eau« .

 

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