Si le retournement de la conjoncture à la fin des années 2000, due aux crises économiques successives, a accéléré le déclin de la croissance réunionnaise, notre île se doit de trouver de nouvelles sources de croissance « valorisant son savoir-faire« , explique l’IEDOM. Dans sa dernière publication de mars 2013, l’IEDOM a procédé à un focus sur le poids de la recherche et du développement dans le PIB de la Réunion.
Un premier constat peut-être fait. Les dépenses de recherche et de développement pèsent peu dans le PIB réunionnais à contrario des autres départements français. Estimées à 86,6 millions d’euros, ces dépenses représentent uniquement 0,58% du PIB de la Réunion, loin de la moyenne française (2,24%) et de l’objectif fixé par l’Europe à 3%. Si la Réunion est dans la queue du classement des régions en terme de dépenses de recherche et de développement, elle caracole en tête dans la zone océan Indien. « Cette faiblesse relative s’explique par le retard économique de l’île. Le PIB de la Réunion ne représente que 60% du niveau national (…). Il faut savoir que l’économie réunionnaise s’est construite sur un modèle de « rattrapage social » et non sur une logique de compétitivité axée sur la recherche et le développement ou encore l’innovation« , explique David Perrain, chargé d’étude économique à l’IEDOM.
En 2010, 80% des dépenses de recherche et développement ont été faites « directement » ou « indirectement » par les administrations publiques. L’effort des entreprises réunionnaises en matière de recherche et développement représente 20%, un pourcentage trois fois moins élevés qu’au niveau national. « En terme d’emploi, l’impact de la recherche et du développement est modeste car cela représente uniquement 1.200 personnes, soit 0,43% de l’emploi total de l’île », souligne-t-il. Là aussi, la Réunion se trouve dans une moyenne inférieure à la moyenne nationale.
Savoir profiter des prochains programmes européens
A la Réunion, l’acteur essentiel en matière de recherche et de développement reste l’Université, avec 28% sur l’ensemble des dépenses. Ensuite, ces dépenses s’orientent vers trois secteurs : l’agro-nutrition, l’observation de la terre et la santé. En métropole, elles s’orientent principalement vers l’industrie automobile, l’industrie pharmaceutique ainsi que la construction aéronautique et spatiale. A la Réunion, plusieurs secteurs porteurs pourraient faire décoller l’investissement dans la recherche et le développement. « Dans le secteur de l’énergie, plus particulièrement les énergies marines, de nombreux projets ambitieux se développent comme la climatisation à l’eau de mer, le projet Swac, l’énergie des vagues ou thermiques des mers« , précise David Perrain.
Dans ce contexte, l’enjeu pour la Réunion est de « s’affirmer » comme centre de d’excellence et de diffusion du savoir-faire européen dans la zone de l’océan Indien. « La recherche et le développement ont franchi une première étape, celle de l’émergence et la structuration. La Réunion a des atouts pour profiter des prochains programmes européens 2014-2020« , explique-t-il. Mais avec les retards structurels de la Réunion, cette stratégie régionale pourrait être freinée. « Un constat, c’est vrai qu’il y a une faiblesse de l’effort en matière de recherche et de développement comparé au territoire national mais il faut savoir le relativiser. D’une part la Réunion a une population jeune et il y a un dynamisme dans la recherche et le développement depuis 10 ans. Il y a un véritable effort fait à la Réunion sur ce sujet. Aujourd’hui, la Réunion est dans une des meilleures situations pour bénéficier de la nouvelle orientation européenne« , ajoute Arnaud Bellamy-Browm, directeur de l’IEDOM.
Tout l’enjeu pour la Réunion est là. Savoir profiter de la prochaine programmation budgétaire européenne dont les priorités seront la croissance intelligente, durable et inclusive.