Zinfos974 : 19 cas de dengue ont été détectés à Mayotte depuis début janvier 2014. La situation est-elle inquiétante ?
Docteur Dominique Polycarpe : Parmi ces 19 cas de dengue recensés à Mayotte, la majorité sont des cas importés. Seuls deux cas autochtones ont été détectés. L’ARS a mis en place des actions de lutte anti-vectorielle dans les quartiers de résidence des cas touchés par le virus, afin d’éliminer les gites larvaires, pour éviter que celui-ci se propage. Aujourd’hui, la situation n’est pas inquiétante mais on reste très vigilants, surtout en période de saison des pluies. Il n’y a pas de circulation du virus active à Mayotte mais il faut rester très prudent.
C’est pourquoi l’ARS a mis en place des lettres d’information à destination des voyageurs pour leur conseiller de se protéger contre les moustiques et de consulter leur médecin à leur retour de Mayotte en cas de symptômes.
La dengue est une maladie qui peut ne pas se manifester dans 60% à 80% des cas. L’ARS a également sensibilisé les médecins pour qu’ils fassent systématiquement des analyses en cas d’apparition des symptômes de la dengue : frissons, fièvre, courbature, maux de tête ou encore douleurs rétro-orbitales.
Y-a-t-il un risque de propagation à la Réunion ?
La dengue est une épidémie mondiale. Aujourd’hui la dengue est présente dans quasiment tous les pays du monde. Quand on voyage en Inde, au Sri-Lanka, en Thaïlande, au Vietnam, ou encore au Laos, où le virus est présent, il faut se protéger contre les piqûres de moustiques et consulter en cas de symptômes évocateurs. Les Réunionnais qui voyagent dans l’Océan Indien, en Asie et en Asie du Sud-Est doivent donc être particulièrement vigilants.
Et le risque est déjà présent à la Réunion. En 2012, il y a eu 30 cas de dengue détectés entre la période de janvier et juillet. Et en 2013, il y a eu 20 cas de dengue détectés entre janvier et juillet. Il n’y a donc pas d’explosion. Mais le plus important est d’arriver à une détection précoce du virus pour pouvoir envoyer le plus rapidement possible des équipes de lutte anti-vectorielle chez le résident et dans le quartier, afin de limiter le risque de propagation.
Quelle est la situation épidémiologique de la dengue sur le territoire de la Réunion à l’heure actuelle ?
Depuis début janvier 2014, trois cas de dengue ont été détectés. Tous sont des cas importés et il n’y a donc eu aucune détection de cas autochtone. Et ces trois cas n’étaient pas groupés. Il n’y a pas d’alerte mais il faut continuer à rester très vigilant, surtout pendant la saison des pluies, favorable à la propagation des moustiques.
Justement, quels sont les gestes de prévention pour limiter le risque de propagation du virus ?
Il faut éliminer tout ce qui peut favoriser le développement des moustiques. Éliminer les eaux stagnantes dans les pots, les soucoupes, et tous les déchets favorisant la collecte d’eau. C’est une lutte quotidienne, dans sa cour, dans son jardin, mais également dans les lieux public, et notamment dans les endroits où l’on pique-nique. Ces gestes citoyens contribuent à la lutte contre le développement des moustiques. Comme c’est une maladie qui peut ne pas se manifester, la seule façon de s’en prémunir est d’éliminer les moustiques. Et de se protéger contre les piqûres.
Pouvez-vous rappeler pourquoi la dengue est une maladie dangereuse ?
Dans la majorité des cas, la dengue est une maladie bénigne. Mais dans certains cas, elle prend des formes hémorragiques qui peuvent être mortelles. Il n’y a pas de médicament contre les virus. Le seul traitement est donc symptomatique. Il ne faut surtout pas prendre d’aspirine qui peut favoriser le développement d’hémorragies, mais privilégier le paracétamol. Tout le monde peut être touché : les enfants, les adultes, les personnes âgées. Les personnes les plus fragiles sont, comme souvent, les personnes les plus à risques.