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Démographie, énergie, et climat : l’équation explosive

Février 2016 a été le février le plus chaud depuis le début des relevés de température en 1880. Alors que 2015 fut l’année la plus chaude jamais relevée, 2016 ne s’annonce pas mieux. Rappelons la belle unanimité des nations lors de la COP21. L’accord de Paris prévoit que la hausse moyenne des températures à la […]

Ecrit par Dr Bruno Bourgeon, président d'AID – le dimanche 03 avril 2016 à 14H42

Février 2016 a été le février le plus chaud depuis le début des relevés de température en 1880. Alors que 2015 fut l’année la plus chaude jamais relevée, 2016 ne s’annonce pas mieux.

Rappelons la belle unanimité des nations lors de la COP21. L’accord de Paris prévoit que la hausse moyenne des températures à la surface du globe se maintienne en deçà de 2°C – voire de 1,5°C – par rapport aux valeurs préindustrielles. Il y a eu une photo, des sourires, de la satisfaction. Et puis chacun a remballé ses affaires, est rentré chez soi, retourné à son quotidien de politique ou de journaliste, aux prochaines échéances électorales. Parce que ces échéances semblent plus proches, urgentes, importantes, parce qu’on a l’impression qu’il reste du temps avant que le signal du réchauffement climatique ne se déclenche.

Or il n’en est rien. C’est ce que vient de rappeler une étude américaine publiée dans le prochain numéro de la revue Energy Policy. Signé par Glenn Jones et Kevin Warner (Université A&M du Texas), cet article s’interroge sur notre capacité à résoudre un des plus grands défis du XXIe siècle, où se confrontent trois éléments : la croissance de la population, ses besoins en énergie et la lutte contre le changement climatique en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre.

Quelques chiffres :
   – La population mondiale devrait, selon l’ONU, tourner autour de 9 milliards en 2050. Chaque heure, il y a 9300 humains de plus qu’à l’heure précédente.
   – Les besoins annuels en énergie. En 1900, ceux-ci s’élevaient à 6400 milliards de kilowattheures (kWh), contre un peu plus de 150 000 milliards de kWh aujourd’hui. Avec l’augmentation de la population, cela signifie que la consommation d’énergie par personne a plus que quintuplé. Le chiffre moyen de 21.100 kWh par personne et par an ne doit pas masquer de très grandes disparités : 20 % de la population mondiale n’a pas accès au réseau électrique ; un Européen consomme près de 37.000 kWh par an, un Américain moyen 83.000. Chaque heure, nous extrayons 3,7 millions de barils de pétrole, 932.000 t de charbon et 395 millions de m3 de gaz.
   – Contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C impose que l’humanité ne doit pas avoir émis plus de 2900 gigatonnes (Gt) de CO2 depuis 1870 (soit 400 kg de CO2 par an et par Terrien). Précisons qu’entre 1870 et 2010, près de 1900 Gt de dioxyde de carbone d’origine anthropique ont été envoyées dans l’atmosphère et que le rythme actuel des émissions ne fait qu’augmenter. Si les sociétés humaines parviennent à stabiliser leur consommation de combustibles fossiles, la barre des 2900 Gt de CO2 sera atteinte en 2038. Chaque heure, 4,1 millions de t de CO2 est produit.

A partir de ces données, Jones et Warner ont établi le portrait de la transition énergétique vers un monde décarboné. Comme la population mondiale va encore augmenter et que la consommation d’énergie va poursuivre sa hausse, notamment dans les pays émergents, ils estiment qu’en 2100, la production globale annuelle d’énergie sur Terre devra avoir plus que doublé par rapport à aujourd’hui et qu’elle devrait flirter avec les 320000 milliards de kWh.

Si l’humanité a réellement l’intention de suivre la COP21, elle doit dès maintenant réduire la part des énergies fossiles et investir massivement dans les énergies renouvelables. Produire 320000 milliards de kWh implique d’installer près de 14 millions d’éoliennes de 5 MW (en tenant compte du nombre réel d’heures de fonctionnement et du facteur de charge), 650000 km2 de panneaux photovoltaïques, ainsi que 2 millions de km2 de fabriques à algo-carburants… Les calculs des deux chercheurs montrent que si l’on veut rester en-deçà des 2°C, il faut que la part des renouvelables dans le « mix » énergétique passe à 50 % en 2028 et ce à l’échelle mondiale ! Pour mémoire, elle ne s’élève qu’à 9 % aujourd’hui, en incluant l’hydroélectricité. Si on se concentre sur l’éolien, le solaire et les biocarburants, il faut multiplier par 37 les infrastructures actuelles. Encore ces estimations ne prennent-elles pas en compte l’énergie nécessaire pour extraire les matières premières utilisées pour toutes ces installations !

Voici deux sites pour calculer notre empreinte en CO2 rien qu’en déplacements :
http://calculator.carbonfootprint.com/calculator.aspx?lang=fr&tab=3, où on y apprend qu’un vol long-courrier vers Paris produit 1,38 t de CO2 par passager, trois fois plus que les 400 kg requis.
http://calculator.carbonfootprint.com/calculator.aspx?lang=fr&tab=4, où on calcule la production de CO2 d’une voiture et on multiplie par le nombre de voitures qui emprunteront la NRL chaque jour (55000), et par 300 jours dans l’année (on enlève dimanches et jours fériés) : comment compenser?

Interpelons les conseillers régionaux majoritaires sur la continuité territoriale et la NRL (ils sont tous pour) et la compensation qu’ils proposent. Nous verrons bien si leurs yeux sont ouverts !

Dr Bruno Bourgeon, président d’AID
http://www.aid97400.re
 

 

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