La CFTC Santé Réunion-Mayotte réclame « la vérité » sur le déficit « critique » du CHU Réunion. Le syndicat se demande en effet si ce déficit, qui devrait atteindre fin 2016 près de 30 millions d’euros, ne serait pas dû à des investissements « mal maitrisés » ou à des dépenses « supérieures aux provisions et aux capacités financières » de la structure hospitalière.
Pour Jean-Yves Hoarau, président de la CFTC Santé Réunion-Mayotte, la répercussion directe de ce déficit se fera sur les agents les plus précaires, à savoir ceux qui sont en situation de remplacement ou en contrat d’avenir. « Avant 2011 et la création du CHU Réunion, le centre hospitalier Félix-Guyon et le groupe hospitalier Sud-Réunion avaient un budget équilibré », tient-il à rappeler. « C’est après que les difficultés ont commencé : le passage au CHU a obligé nos deux établissements à se doter d’équipements de soin beaucoup plus supérieurs. Mais il faut savoir que le gouvernement avait prévu un accompagnement financier sur la création du CHU, que nous attendons toujours… », déplore le syndicaliste.
Un accompagnement réclamé corps et âme depuis plusieurs années par la direction du CHUR, pour avoir le « même traitement que les autres DOM », rappelle la CFTC.
« Mais Dieu…Qu’on ne touche pas au personnel ! »
Pour rappel, le processus de fusion et de création du CHUR prévoyait une modernisation des sites suivants à hauteur de 382 millions d’euros sur la période 2012-2019 : le bâtiment des soins critiques de Saint-Denis, la restructuration et l’extension du bâtiment central de Saint-Pierre et la structuration de la filière de prise en charge des troubles neurodégénératifs liés au vieillissement, des traumas crâniens et des AVC sur le site du Tampon.
Or, comme l’explique Jean-Yves Hoarau, l’ex-CHD Félix-Guyon et le groupe hospitalier Sud-Réunion sortaient déjà de plans de redressement qui leur avaient permis d’atteindre « un fragile équilibre ». « Les deux projets d’investissement en cours de construction sur les sites de Saint-Denis et de Saint-Pierre ont été menés en même temps : il y aurait dû avoir un phasage différent et l’on se retrouve aujourd’hui bloqué sur nos capacités d’auto-financements et d’auto-investissements ».
« Malgré nos difficultés, nous faisons partie des bons élèves »
La question du CHUR sera abordée ce mardi 13 décembre à la COPERMO (commission pour la performance et la modernisation des hôpitaux). Seront présents au sein de cette COPERMO des représentants de la direction générale de l’offre de soins au ministère de la Santé, de l’inspection générale des affaires sanitaires et sociales, de l’ARS OI et du CHU Réunion.
« Nous espérons que le cri d’alarme du personnel soit entendu le 13 décembre. Il n’est pas normal qu’un établissement comme le CHU, qui génère 8% d’activités supplémentaires, trouve un déséquilibre fonctionnel. Si c’est l’investissement qui est concerné par notre déficit, nous devons revoir les investissements du CHU mais non pas toucher au personnel qui fait son travail correctement », martèle Jean-Yves Hoarau.
Une décision partagée par Serge Camatchy, vice-président de la CFTC, qui fonde tous ses espoirs sur ce COPERMO. « Il faut une opération de vérité. Le COPERMO, c’est le moyen d’analyser tous les éléments pour savoir si on a fait trop de dépenses dans les investissements et pas assez dans le fonctionnement. Mais Dieu…Qu’on ne touche pas au personnel ! Quand on dit à la veille des fêtes de fin d’année qu’on va supprimer 300 emplois dans les hôpitaux, moi ça me fait bondir ! », s’emporte-t-il.
Malgré les difficultés rencontrées actuellement par le CHU, sa création « était une bonne chose » maintient Serge Camatchy. « Cela a permis à La Réunion de rattraper son retard sur la métropole et les Antilles concernant les infrastructures hospitalières. De plus, cela a débouché sur la création de l’UFR Santé, avec des jeunes formés à La Réunion. Le CHU Réunion se classe également à la 12ème place sur 30 des CHU de France », explique le président d’honneur de la CFTC Santé. « Malgré nos difficultés, nous faisons partie des bons élèves et l’État doit nous aider en conséquence », poursuit-il, avant d’appeller l’État « à honorer ses engagements ».