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Débat sur le mal-logement et l’enfant, à La Réunion

A l"occasion des 20 ans de la convention internationale des droits de l'enfant, la fondation Abbé Pierre et La ligue des droits de l'homme ont souhaité organiser un échange autour du mal logement au sein de la jeunesse réunionnaise.

Ecrit par Melanie Roddier – le jeudi 19 novembre 2009 à 08H21

Hier, dans une ambiance très conviviale, une vingtaine de personnes amenées à intervenir quotidiennement auprès des enfants, se sont réunies aux côtés de la fondation Abbé Pierre et de la ligue des droits de l’homme pour débattre et s’enrichir de divers témoignages.

 « C’était important pour nous cette année de promouvoir les droits de l’enfant mais aussi d’alerter » explique Christophe Pomez, le responsable régional de la Ligue des Droits de l’Homme. Extension du fichage des mineurs, réforme de la justice pénale, chasse aux enfants et nourrissons sans papiers, suppression du défenseur des enfants, contrôles policiers dans les établissements scolaires…Les associations sont sur tous les fronts.

Un constat se pose aujourd’hui : il est très difficile de connaître l’impact du mal logement sur les enfants à La Réunion et le nombre concerné. La fondation Abbé Pierre entend très prochainement lancer une étude de terrain qui permettra de mieux quantifier cette population et de connaître les conséquences du mal-logement sur leur comportement (réussite scolaire, violences, santé, sociabilité, …).

Ce qui est sûr c’est que la pauvreté est bel et bien présente sur l’ensemble de l’île et les professionnels de terrain le constatent tous les jours, des familles entières vivent dans la misère. Le terme « mal-logement » englobe une palette de situations pouvant aller de l’absence totale de logement à un logement exigu, donc en surpopulation, en passant par un logement insalubre.

« Ce débat est aussi l’occasion de se poser la question de la place de l’enfant dans la société réunionnaise d’aujourd’hui« , affirme l’une des participantes. Celle-ci rappelle également que le mal-logement n’est pas un facteur de placement : « On ne retire pas un enfant de sa famille pour le placer si l’on constate qu’il ne vit pas dans de bonne conditions. Il faut qu’il y ait des violences physiques, une malnutrition constatée parce que le parent est alcoolique et ne peut plus s’occuper de son enfant… » ajoute-t-elle.
Par contre, le retour à la famille d’origine devient difficile quand les conditions de logement sont mauvaises. Un responsable de service social au Conseil Général témoigne : « Demain, trois enfants mahorais de 14, 8 et 6 ans devront rejoindre leur parent à Mayotte. Ils me demandent de rester parce qu’ils savent dans quelles conditions difficiles ils vivent. L’autorité parentale étant à Mayotte, ils vont devoir retourner dans des logements insalubres« .

Christian Ballet, le directeur régional de la Fondation Abbé Pierre l’a rappelé : « Le logement est un facteur déterminant pour l’insertion d’une personne dans un tissu social« .
La problématique du relogement a également été évoquée : « On a relogé certaines personnes qui vivaient dans des maisons insalubres dans les hauts. Quand ils se sont retrouvés dans des logements sociaux, ils n’étaient pas bien. Et parce qu’ils n’arrivaient pas à gérer leur administratif, ils finissaient par ne plus avoir d’électricité, des impayés en terme de loyers…Certains sont repartis là où ils étaient, dans leur case insalubre, avec toute leur famille« , explique un participant.

Une autre personne, de la boutique solidarité de la Fondation Abbé Pierre, raconte : « Nous avons aidé une jeune fille qui a accouché dans un squatt. Aujourd’hui l’enfant est placé. Ce n’est pas normal qu’un enfant commence sa vie ainsi, sans domicile« .

« Et que penser des mamans, victimes de violences conjuguales, qu’on aide avec leurs enfants qui n’en peuvent plus d’être traînés dans divers logements« , relate une responsable du relai social de Bellepierre, à Saint-Denis. « Elles ne peuvent, du coup, pas les scolariser ».

Les débats se sont poursuivis toute la matinée. Si les défis sont encore nombreux à relever, enfants malades, exploités, non scolarisés, dans les guerres, l’ensemble des pays signataires fêteront les 20 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, demain jeudi 20 novembre.

 

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