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De la démagogie pur sucre (de canne)

Manuel Valls, de la démagogie pur sucre (de canne) ! A trois jours du deuxième tour des Départementales, Manuel Valls déclare à la FNSEA que les agriculteurs sont « les meilleurs écologistes de notre pays », alors que les annonces défavorables à l’environnement se multiplient. En cédant aux lobbies de l’agro-industrie, et en passant sous silence le […]

Ecrit par Dr Bruno Bourgeon, président d'AID – le samedi 28 mars 2015 à 12H23

Manuel Valls, de la démagogie pur sucre (de canne) !

A trois jours du deuxième tour des Départementales, Manuel Valls déclare à la FNSEA que les agriculteurs sont « les meilleurs écologistes de notre pays », alors que les annonces défavorables à l’environnement se multiplient. En cédant aux lobbies de l’agro-industrie, et en passant sous silence le projet agro-écologique du ministre de l’Agriculture, Valls ne défend ni l’environnement, ni l’agriculture.

Les agriculteurs, « meilleurs écologistes », soyons sérieux ! En réponse à Xavier Beulin, président de la FNSEA, qui avait déclaré « Nous sommes les vrais verts », Manuel Valls a qualifié les agriculteurs de « meilleurs écologistes de notre pays ».

Dans la même lignée, l’Assemblée nationale a reconnu dans le cadre de la loi sur la biodiversité l’ensemble des activités agricoles et sylvicoles comme positives pour la biodiversité, sans distinction des pratiques. L’agriculture, qui utilise les ressources naturelles (eau, sol, biodiversité, air, climat) pour produire est en première ligne lorsqu’il s’agit d’environnement : pour le préserver comme pour le dégrader.

Et si on regardait la réalité en face ? Si de plus en plus d’agriculteurs s’engagent vers des pratiques agro-écologiques, ce n’est malheureusement pas le cas de tous, c’est même loin la majorité, notamment à La Réunion. Il est vrai que les budgets consacrés à cette activité à la Chambre Régionale d’Agriculture ne sont pas à la hauteur.

L’état des ressources naturelles nous le rappelle chaque jour. Alors que la France s’est engagée lors du Grenelle de l’environnement à réduire de moitié l’usage des pesticides, celui-ci a augmenté de 5% entre 2009 et 2013. 602 pesticides différents ont été identifiés dans les cours d’eau en 2012, mettant en péril l’atteinte du bon état des eaux prévu par la Directive cadre européenne sur l’eau (DCE).

La mortalité des abeilles ne cesse d’augmenter et la responsabilité des pesticides, en particulier les néonicotinoïdes, n’est plus à démontrer. Seules 4% des terres agricoles françaises sont en bio, et moins de 1% à La Réunion. Les algues vertes, dues aux excédents de nitrates, continuent de proliférer sur nos côtes et la France a été condamnée par la Cour de justice de l’Union Européenne pour mauvaise application de la Directive Nitrates.

Devons-nous parler de l’état de l’eau à La Réunion, dont c’est l’une des charges du Conseil Départemental par l’Office de l’Eau et le Comité de Bassin ? Combien de fois apprendrons-nous encore que tel ou tel captage d’eau phréatique présente des taux de pesticides au-dessus des normes de l’UE, comme ce fut le cas à Dos d’Âne et il y a deux ans à La Convenance Sainte-Marie ?

Avons-nous seulement parlé de l’eau à La Réunion, dont le jour était le 22 mars, jour du premier tour des Départementales, au cours de cette campagne ? Que nenni, les candidats savent-ils seulement que la gestion de l’eau est l’une des prérogatives du Département, en relation avec les Intercommunalités et les Communes ?

Affirmer que les agriculteurs sont les meilleurs écologistes est pure démagogie. Il n’y a pas une mais des agricultures. Certains producteurs sont engagés dans l’agroécologie, d’autres pas. Les agriculteurs sont aussi les premières victimes du droit de polluer. Depuis de nombreux mois, le gouvernement n’a eu de cesse de prendre des mesures en faveur d’une industrialisation de l’agriculture, au détriment de la préservation de l’environnement : suppression des études d’impact et enquêtes publiques pour les élevages industriels, paiements verts de la PAC pour la monoculture de maïs, intégration de cultures traitées aux pesticides dans les « surfaces d’intérêt écologique » de la PAC, politique en faveur des retenues de stockage pour l’irrigation, budgets incertains pour l’agriculture biologique… Et à La Réunion, poursuite de la promotion de la canne dont chacun se rend bien compte que cette filière est vouée à l’échec du fait de la concurrence internationale.

En cédant aux lobbies de l’agroindustrie, le gouvernement n’a de cesse de rendre l’agriculture toujours plus dépendante des engrais, des pesticides, de l’eau d’irrigation. C’est bien sûr défavorable à l’environnement, mais ça l’est aussi pour l’agriculture. Une agriculture dépendante des intrants et destructrice des ressources naturelles n’est ni compétitive, ni durable. Agriculture et écologie doivent aller de pair. C’est bien l’agroécologie qu’il faut promouvoir, une agriculture nourricière, qui s’appuie sur les ressources naturelles pour produire sans dégrader.

Dr Bruno Bourgeon, président d’AID
http://aid97400.lautre.net

 

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