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David Lorion tire le bilan de son 1er mois comme député

« Pas facile de passer d’une position d’élu décisionnaire en tant que vice-président de Région ou de 1er adjoint à la mairie de Saint-Pierre à celle de député où tout est plus lent« . David Lorion en est encore dans la phase où il doit s’habituer au rythme de l’Assemblée nationale, « où tout est beaucoup plus long […]

Ecrit par zinfos974 – le mardi 25 juillet 2017 à 17H17

« Pas facile de passer d’une position d’élu décisionnaire en tant que vice-président de Région ou de 1er adjoint à la mairie de Saint-Pierre à celle de député où tout est plus lent« . David Lorion en est encore dans la phase où il doit s’habituer au rythme de l’Assemblée nationale, « où tout est beaucoup plus long et où le travail est beaucoup plus collaboratif, normé« , dont les effets vont prendre du temps avant d’être visibles.

Après un mois d’expérience, l’élu du Sud doit en convenir : « On change de temps et on change de manière de faire de la politique« .

Pour s’acclimater, le député fraichement élu a décidé de passer beaucoup de temps à Paris, même si sa crainte est de devenir ce qu’il appelle « un député hors sol« , coupé de sa base et de ses racines. C’est le risque, accentué par la loi sur le non-cumul des mandats. Pour y remédier, il a prévu de revenir dans l’île aussi souvent que le lui permettra le calendrier parlementaire, histoire de garder le contact avec ses électeurs et les décideurs réunionnais.

L’essentiel du travail se passe en commissions

Son premier mois d’activité a été très chargé. Il a d’abord fallu se familiariser avec le travail parlementaire grâce à des séances de formation, mais aussi grâce à l’expérience de collègues plus expérimentés du groupe Les Républicains et à celle de son attaché parlementaire.

C’est ainsi qu’il a découvert que le rôle principal de l’Assemblée est de contrôler l’action du gouvernement, au travers d’amendements déposés sur les projets de lois ministériels. Ce qui impose un gros travail, en amont, auprès des conseillers des ministères afin de faire prendre en compte les spécificités de la Réunion, puis lors des réunions des commissions. Un travail ingrat, pas visible par les électeurs, mais ô combien important.

Le rythme de travail a été aussi très lourd du fait de la volonté du gouvernement d’aller vite et de faire passer plusieurs lois en urgence, lors d’une session extraordinaire. C’est ainsi que les députés ont dû plancher sur la loi sur la moralisation de la vie publique, et bientôt sur la loi antiterroriste et la réforme du code du Travail.

David Lorion s’avoue un peu frustré que le gouvernement ait choisi la voie des ordonnances pour gagner du temps, ce qui réduit selon lui l’Assemblée nationale à une banale chambre d’enregistrement.

« On ne pourra pas remplacer la canne aussi rapidement que certains le disent »

Concernant la crise que vient de traverser la Réunion avec le mouvement de mécontentement des planteurs, David Lorion regrette que les syndicats de planteurs réunionnais n’aient pas été invités à la première journée de travail des Assises nationales de l’agriculture et de l’alimentation.

La canne est-elle encore l’avenir de la Réunion? « On ne pourra pas passer à autre chose aussi rapidement que certains le disent« , affirme David Lorion. « La couverture en fruits et légumes locaux est déjà importante et il existe peu de chances de pouvoir exporter notre production à cause de nos coûts et du fait que nous sommes entourés de marchés peu fiables économiquement« . Dès lors, il existe « peu de solutions de remplacement« , avoue David Lorion.

« La canne ne concerne pas que les planteurs« , rappelle-t-il. « Il y a derrière toute une ingénierie de centres de recherches très performants au niveau mondial et beaucoup de familles vivent de leurs propriétés. Il faut faire attention à ne pas rompre les équilibres actuels« , conclut-il.

La seule solution pourrait consister selon lui à regarder ce qu’ont fait les autres îles qui produisaient de la canne et qui ont arrêté. Dans ces territoires comparables au notre en termes d’éloignement, d’insularité, de monoculture, une grande partie d’entre elles se sont tournées vers trois axes de développement :
   – une dérèglementation fiscale et sociale qui peut aller pour certains jusqu’à la création de paradis fiscaux, ce qui ne signifie pas nécessairement que la Réunion doive aller aussi loin
   – le développement du tourisme qui passe par une facilitation de l’octroi de visas, la nécessaire ouverture du ciel aérien et une augmentation du nombre d’hôtels et de leur qualité, grâce à plus de liberté accordée aux élus locaux pour faciliter leur implantation
   – une plus grande inter-connectivité de l’île

Plusieurs gros rendez-vous dans les mois à venir

La fin de l’année s’annonce très remplie pour David Lorion. Il travaille actuellement avec 34 autres députés sur une proposition de loi sur la compétitivité en agriculture. Même s’il est conscient qu’elle a peu de chances d’être adoptée, du fait qu’elle provient de l’opposition, il espère qu’elle pourra servir de socle de réflexion dans lequel le gouvernement et les autres députés pourront puiser des amendements et des questions au gouvernement pour les projets de lois à venir. Jusqu’à présent, le texte ne prenait pas en compte l’outremer. C’est chose faite depuis l’intervention du député sudiste.

Puis viendra en octobre le 2ème projet de loi de simplification de la vie administrative dans lequel il est question de mettre en place entre autres un droit à l’expérimentation. Pourquoi, dans ce cadre, ne pas permettre aux collectivités de se porter caution pour les locations de biens immobiliers par les particuliers ? s’interroge le député réunionnais.

Enfin se profilent à l’horizon les Assises de l’outremer en fin d’année. David Lorion se montre assez pessimiste sur le sujet. Selon lui, les choses devraient aller très rapidement. Il s’agira essentiellement de la coordination du travail qui se déroulera dans 24 commissions. Ensuite, « on va discuter, et on arrivera à une synthèse présentée l’année prochaine. Fin 2018, on verra si on s’oriente vers un projet de loi gouvernemental ou si l’on inscrit les points les plus importants dans la loi de Finances. Si le gouvernement opte pour le projet de loi, il ne sera présenté qu’en 2019 et ne concernera que 3 ou 4 sujets majeurs« .

Tout ça pour ça, aurait presque envie de dire David Lorion…

 

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