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Danielle Persée s’explique sur les partielles

Zinfos a rencontré la troisième candidate aux élections municipales partielles, programmées les 27 et 4 octobre prochains. Nous lui avons posé sept questions parmi lesquelles l'origine de cette candidature, les grandes lignes de son programme ou encore son regard sur les drames survenus en direction des femmes depuis le début de l'année. Explications de la première femme candidate aux municipales à Saint-Louis...

Ecrit par Ludovic Robert – le jeudi 17 septembre 2009 à 08H00

Danielle Persée, vous êtes la troisième candidate aux partielles de Saint-Louis. Quelle est l’origine de cette candidature et quels sont les facteurs qui vous ont motivé à accepter ce rôle dans cette course à la mairie ?

« J’adhère aux idées du PEUP depuis 2007 lorsqu’il est devenu un parti politique. Le PEUP, c’est un projet de société élaboré par des personnes de la société civile qui voulaient changer les idées reçues et mettre en place de nouveaux modes d’intervention. Je fais partie des déçus de la droite et de la gauche traditionnelle et j’ai tout de suite adhéré à ce parti pour ses valeurs humaines, l’éthique, un code de déontologie et des valeurs d’honnêteté et de droiture.

En mars 2008 j’étais en 4ème position sur la liste du PEUP et cette année j’ai été nommée comme tête de liste à l’unanimité lors d’une réunion du Conseil d’administration suite aux propositions des militants. Comme j’étais disponible après 22 ans en tant qu’assistante sociale, que j’étais bien placée pour faire connaître le PEUP aux Saint-Louisiens et Riviérois et que j’ai des valeurs, j’ai accepté. Partant de là, je me suis située au niveau du PEUP, car on y fait le pari de l’éducation, de notre jeunesse qui n’est plus écoutée et qui est bottée en touche.

Par la suite, il y a les verts d’Europe Ecologie qui nous ont rejoint avec comme crédo la protection de l’environnement et de l’être humain en général. Il n’y avait pas de raison de ne pas accepter. C’est pourquoi je suis la candidate du rassemblement sur Saint-Louis. »

Quels sont, concrètement, les grandes lignes de votre programme ?

« Avant toute chose il faut réconcilier la population de Saint-Louis. Ce n’est pas un vain mot et il va prendre toute son importance dans la mesure où nous sommes dans un contexte de violence à Saint-Louis. Il faut lui permettre de faire ses choix car actuellement les gens ne sont libres à Saint-Louis puisqu’ils sont dans un clivage et je crois qu’il y a un gros travail à mener pour que ces personnes soient valorisées.

Une fois réalisé ce travail, il y aura du boulot puisqu’il faudra mettre en place un audit pour un état des lieux aussi complet que possible, dans les meilleurs délais.
On propose aussi de mettre le paquet sur l’éducation. On ne peut pas laisser les jeunes livrés à eux-mêmes. Dans les quartiers les plus éloignés de Saint-Louis, il n’y a pas de lieux de rassemblement pour les familles. On a du potentiel chez les jeunes, les retraités mais il n’y a rien. C’est urgent de mettre en place ces lieux d’accueil et des relais avec un référent vraiment compétent et représentatif au niveau de chaque quartier. (…).

Nous voulons une politique de proximité avec la population et leur proposer des structures adéquates. Il y aussi des chantiers écoles pour des jeunes en rupture totale sans qualification et diplômes à travers un système de tutorat pour acquérir une première expérience professionnelle. On a également prévu du soutien scolaire et des activités périscolaires dans le cadre de cette proximité. (…).

Nous repartons sur un programme de 16 pages qui est l’émanation d’un travail associatif. Il y a une colonne vertébrale qui est l’éducation et autour de cette colonne vertébrale, on a l’économie, l’environnement, l’agriculture, le social, le développement du territoire. (…). »

Qu’en est-il du volet social et environnemental de ce programme ?

« Je voudrais mettre en place une action sociale de qualité pour toute la population et selon des critères et surtout pour les familles les plus démunies. (…). Actuellement, il y a une frange de la population qui vit repliée sur elle même, qui tombe dans la précarité et qui vit de bons alimentaires. Il n’y a aucune action sociale intelligente et concrète.

Un autre exemple, 60% des gens qui travaillent sur Saint-Louis habitent hors de la commune. On se retrouve avec une population appauvrie qui est laissée pour compte parce qu’elle n’a pas voté pour untel. Il y a un filtre et qui n’est pas fait par des personnes compétentes et ce, dans les actions sociales, le domaine économique. C’est au petit bonheur la chance avec le clientélisme et la couleur politique sur des critères subjectifs. Je voudrais m’atteler à cela pour qu’il y ait une justice et que l’on revienne aux vraies valeurs. Un maire est garant de la cité et pour toute la population et non au service de quelques uns. Sur le terrain, les gens sont outrés. (…). Si l’on se penche sur les dépenses de fonctionnement, il y aurait de quoi faire des économies et toutes ces sommes permettraient des actions sociales de qualité.

Quant à l’environnement, nous sommes dans un contexte d’urgence écologique. Nous sommes asphyxiés à certaines heures. Il faudrait revoir le plan de circulation et réfléchir à d’autres modes de transports doux avec vélos, piétons, des parkings à vélos et voir comment ré-agencer. Il y a beaucoup à faire dans ce domaine mais c’est faisable. La sensibilisation a débuté mais il faut communiquer sur ce projet car les gens ne sont pas contre lorsque l’on en parle avec eux. Les élus et les cadres devront montrer l’exemple. Rien n’est figé.

Nous sommes opposés à l’incinérateur pour les déchets. On a aussi l’Etang du Gol sur lequel on travaille. On a un fort taux de chômage à Saint-Louis. Pourquoi ne pas favoriser la création d’entreprises d’entretien des panneaux photovoltaïques ? Il faut faire de Saint-Louis un pôle environnemental aussi en adéquation avec la réduction du chômage. Il y a un vrai message de sensibilisation à effectuer sur la population et nous le ferons. Chez nous, chaque colistier a un champs d’action et des compétences spécifiques. »

Il reste dix jours avant le 1er tour de cette élection partielle. Qu’avez-vous à dire sur le déroulement de votre campagne électorale ?

« Je crois que l’année dernière, le peuple a vu que le PEUP est resté fidèle à ses convictions et ses valeurs. Nous avons poursuit notre travail même si nous avons été approchés par d’autres candidats. Nous sommes la seule formation politique à ne pas avoir donné de consigne de vote. (…). La population n’a plus de doute sur notre opposition à un ralliement à un autre candidat. Ma candidature fédère le rassemblement Europe Ecologie et Priorité à la Rivière. Il y a une forte demande. Pour certains, il y a eu trahisons chez les ténors.

Il y a eu confusion avec le ralliement de Serge Rangama et le PEUP de Philippe Rangama. C’est un frein mais cela nous permet de rectifier le tir et puis c’est la première fois qu’une femme se présente à Saint-Louis. Vis-à-vis des femmes ça se passe très bien mais aussi auprès des hommes. Mais il est vrai que les gens savent déjà pour qui voter, ils le disent. A ce moment là on n’insiste pas.

La frange de la population que l’on veut toucher, ce sont les indécis et ceux qui sont fatigués par ce duel et qui ne veulent plus aller voter. (…). La priorité pour nous c’est de jouer stratégique en allant vers ces gens là, qui ont été identifiés par des colistiers. (…). Il faut faire passer un message mais le PEUP est un jeune parti en devenir. Il y aussi une recherche me concernant et concernant l’apport d’Europe Ecologie. Certains se disent déjà convaincus mais beaucoup posent des questions sur le second tour. Mais chaque colistier a signé un acte d’engagement pour ne pas se positionner si l’on ne franchit pas la barre des 10%. »

Quel est votre regard sur l’ouverture pratiquée par Claude Hoarau ?

« Ce n’est pas une ouverture mais une alliance de circonstance. Je pense qu’il se sent acculé. Ce sont des alliances contre-nature qui ne répondent pas au besoin de la population. Pour moi, il y a un désir de vengeance personnelle et une crainte de perdre le pouvoir. Ce sont des coups rendus d’un côté ou de l’autre. (…). Il n’y a aucun intérêt pour la population avec des désirs personnels. Et puis, cette alliance n’est pas bien perçue chez les militants d’origine du PCR qui ont longtemps combattu l’adversaire. Pour beaucoup d’anciens cela est mal vécu et beaucoup disent qu’il y aura des surprises par rapport à ces choix. »

Que pensez-vous de cette forte attente réunionnaise et présentement saint-lousienne concernant l’obtention d’un emploi. Un emploi visiblement subordonné à l’élection de leur candidat ?

« La commune n’est pas pourvoyeuse de travail. On a bien sur une population en situation de précarité mais c’est une espèce de spirale très ancrée qu’il faut casser. Le projet du PEUP va à l’encontre de cela. On doit accompagner la population dans une démarche de recherche d’emploi pour qu’elle prenne son destin en main. (…). La fonction communale doit permettre de trouver cette voie à travers des interlocuteurs pour pouvoir accomplir son projet personnel, sa tâche même dans les difficultés. Nous sommes à contre courant. On ne va pas chez l’habitant pour lui dire ‘on te donne un travail, votes pour nous’. On est dans la responsabilisation pour que cela change. »

Les actes de violences commis en direction des femmes se multiplient depuis le début de l’année. Vous, qui êtes une femme candidate à la mairie de Saint-Louis, quel est le regard que vous portez sur ces drames familiaux ?

« Il n’y a pas de véritable politique de prévention. Si tous les institutions se mettent ensembles pour réfléchir à cela, cela se raréfierait avec le temps. (…). Tout commence par l’éducation. Hier soir, j’ai rencontré un groupe de femmes et nous avons réfléchi sur ces actes récurrents, sur l’image de la femme véhiculée dans les médias, dans les pubs, sur les gamins livrés à eux-mêmes. On en est arrivé sur le constat de l’éducation. (…). C’est pour cela que je parlais des réseaux de proximité dans les quartiers. Si on essayait de faire des lieux de rassemblement et de discussion cela permettrait d’évacuer un certain nombre de chose. Puis il y a les pouvoirs publics, les institutions qui devraient se mettre au même diapason afin de mieux prévenir. (…).

Ces femmes sont souvent livrées à elles-mêmes. Il faut trouver une personne d’écoute adéquate. Si l’on arrive à mettre en place de la proximité à travers des lieux de discussions, d’écoute et de rassemblement, les choses pourraient s’améliorer. Souvent, c’est une meilleure amie qui a accès à l’information. Il y aussi des problèmes d’accueil au niveau des forces de l’ordre et d’écoute. Il y a du boulot. Dès la très petite enfance les choses se jouent. L’éducation est fractionnée. L’accompagnement est primordial. Il faut des cellules d’écoutes ou les femmes peuvent se confier. Comment mettre dans les quartiers des personnes compétentes ? C’est ça la vraie question, mais l’accompagnement est primordial. Il y a des solutions.

Les deux principaux candidats ne véhiculent pas ces valeurs. Il faut donner une autre vision des choses et associer les hommes aussi. Les hommes violents sont souvent des personnes qui ont été violentées étant enfants et qui reproduisent ces schémas dans leur propre famille… Un commune devrait veiller à cela et je n’y manquerai pas…« 

 

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