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Crise requin : L’État à l’offensive

Le sous-préfet de St-Paul Frédéric Carre a tenu un discours très ferme hier au Centre de Ressource et d'Appui sur le risque requin : la priorité de l'État est la protection de la population, et l'accès à la mer.

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 13 octobre 2017 à 11H03

En écho aux propos de la ministre des Outre-mer Annick Girardin, Frédéric Carre réaffirme l’engagement de l’État dans la gestion du risque requin : « Il faut réorienter le programme ». Sans ambiguïté, le sous-préfet a en effet répété que « les prélèvements sont à but protecteur ». Finie la frilosité de l’État, donc, car dit-il « le tigre et le bouledogue ne sont pas des espèces protégées, pas d’état d’âme à les prélever ».

La pêche préventive va donc reprendre de plus belle en 2018, gérée dorénavant par le CRA, non plus par le Comité des Pêches. Un appel d’offre européen sera lancé la semaine prochaine, le CRA sera désormais maître d’oeuvre du marché public de la pêche des requins dangereux, pour 630 000€ de budget annuel, réparti en 5 lots.

L’étude ciguatera, un tournant ?

Dans un souci de transparence, que les associations d’usagers de la mer réclamaient, le CRA publie les résultats du programme de recherche EcoReco-Run. Les résultats de l’étude sont consultables sur le site info-requin.re, dont le CRA devient administrateur. La préfecture ayant mis en ligne mercredi soir les résultats de l’étude ciguatera 2, il s’agit bien d’un tournant dans la communication de l’État sur la crise requin. La ciguatera s’étant avérée très rare, on peut s’attendre à une autorisation de la vente de requin, décision très attendue par les associations d’usagers de la mer, qui lient la prolifération de prédateurs à l’arrêté d’interdiction de vente.

Le protocole du nouveau programme de pêche préventive, non encore nommé, suite aux résultats de l’étude EcoReco-Run, a été amélioré : plus de transparence (des observateurs indépendants vérifieront le respect du protocole), et la mise en place de pêche des requins juvéniles dans le lagon et aux embouchures des étangs du Gol et de Saint-Paul, véritables pouponnières de bouledogues.

Des palangres  verticales (30m) et horizontales (50m) seront installées à 900m au large d’une bande allant du Cap Lahoussaye jusqu’à la pointe des Aigrettes, munies de systèmes d’alerte de capture. Si devant la plage de Boucan, les palangres sont installées hors réserve, les autres palangres seront placées pour moitié dans la réserve marine.

Impliquer les pêcheurs du littoral

Le sous-préfet a insisté aussi sur l’importance des connaissances empiriques des gens de la mer, dont il affirme qu’elles seront prises en compte, avec la volonté d’impliquer les pêcheurs du littoral dans le programme de recherche EURRAICA (Etude des requins et des raies des côtes réunionnaises), notamment par la pêche de juvéniles.

L’étude EcoReco-Run, si elle n’a pas permis d’évaluer le nombre de requins tigre et bouledogue présents sur les côtes, a toutefois démontré que les bouledogues de l’Océan Indien sont plus gros qu’ailleurs sur le globe, et que les tigres sont des requins-poubelles, qui ingèrent 20% de déchets (dont 80% de poulets, dont on se demande comment ils sont arrivés dans leur estomac!).

Les spécimens prélevés étant de grande taille, le directeur du CRA, Olivier Bielen, en conclut que le programme de prélèvement n’a pas entamé le stock de prédateurs. Frédéric Carre insiste, pour lui, la priorité est la protection de la population, l’objectif de la pêche est de « cibler les requins en maraude. L’État doit contribuer à rendre la mer à la population réunionnaise »

Un problème se pose tout de même : les requins bouledogues sont très difficiles à attraper, les appâts utilisés ne semblent pas les attirer, il faudra en trouver de plus efficaces. De plus, la disparition des requins à pointe noire, qui peuplaient le récif, est un frein à la disparition des requins dangereux, car ils mangeaient les petits bouledogues. Leur réintroduction est donc à l’étude, selon le sous-préfet, qui conclut : « Le bouledogue est un marqueur de déséquilibre écologique. Il n’est pas inféodé aux écosystèmes réunionnais, alors prélevons-le! ». Une position qui risque de déplaire aux associations écologistes.

 

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