Zinfos974: Qu’appelez-vous le « racisme dissimulé »?
Erick Murin: C’est le racisme que l’on ne remarque pas. Il n’est pas crié sur la voie publique mais est présent à l’école et dans les familles à La Réunion. Je ne suis ni scientifique ni universitaire mais nous savons que La Réunion a été façonnée de manière très diversifiée. C’est à cause de cette société multi-culturelle que nous idéalisons, que l’on fait un rejet du racisme. Mais le racisme dissimulé est très présent à La Réunion.
Pouvez-vous donner des exemples de ce racisme?
A l’école il est présent dans les jeux, dans les confrontations entre les enfants… On entend des expressions comme « Pèce ti comor' » dans la cour de récréation, avec des enfants qui refusent de s’asseoir à côté d’un Comorien car il « sent mauvais ». Tout cela est appris au sein de la famille, et les enfants répètent ces préjugés sans même comprendre pourquoi.
Chez les adultes, par exemple, on remarque trop souvent les regards et les commentaires d’un groupe de Réunionnais à proximité de Comoriens ou de Malgaches. Certaines familles se voient même refuser un logement à cause de leur pays d’origine car ils sont « trop nombreux et sales ».
C’est ce qui est inculqué au sein de certaines familles réunionnaises, qu’un « Kaf », « Zoreil », Comorien ou Malgache ne partage pas les mêmes valeurs. Le racisme n’existe pas seulement entre les blancs et les noirs, il faut le rappeler.
Quelle solution pour le combattre?
L’école joue un rôle très important dans la formation d’un individu. Il faut qu’elle lui apprenne les savoir-faire et savoir-être d’une société tolérante. L’Éducation nationale a un sacré travail à faire. Bon nombre de personnes sont aussi liées à une religion qui doit servir de régulateur de ce genre de comportements.
Il faut également donner la parole aux victimes de racisme. Ce qui n’est pas toujours évident, malheureusement, car à force d’être dénigrées, elles n’osent plus s’exprimer.