Les faits reprochés se sont déroulés à l’école des Camélias, à la Chaloupe Saint-Leu. Un « enseignement de langue créole à l’écrit » aurait débuté alors que leur enfant se trouvait en CP, l’an dernier, sans qu’ils ne soient mis au courant.
C’est cette année, alors que leur fille se trouve désormais en classe de CE1, qu’ils ont fait cette découverte. « En septembre, j’ai demandé à obtenir les cahiers de ma fille, et le directeur a évoqué pour la première fois le ‘cahier créole’ tenu depuis l’an dernier », explique JMR (le directeur est en place seulement depuis cette année 2016/2017, ndlr).
Un changement de classe « dans un souci d’apaisement »
Une fois le cahier en mains, le papa tombe des nues. « Quand j’ai questionné ma fille à ce sujet, elle m’a répondu qu’à l’école, on lui avait dit de ne rien dire aux parents » , s’insurge-t-il, reprochant : « C’est notre autorité parentale qui est mise à mal ». Il souligne : « A priori, aucun parent des élèves de cette classe n’avait été informé officiellement de cet enseignement ».
Révolté, le papa, qui est par ailleurs délégué de parents d’élèves, décide alors d’interpeller l’inspecteur de la circonscription et de demander des explications au directeur. Peu après, la famille reçoit un courrier de ce dernier, pour l’informer du changement de classe de l’enfant, « dans un souci d’apaisement ».
JMR avait en effet exprimé une volonté de changer sa fille d’établissement. D’autant plus que pour sa compagne et lui, le créole à l’écrit serait préjudiciable à l’apprentissage de l’enfant. « Sur son bulletin de troisième trimestre de CP, il est inscrit qu’elle confond les sonorités. Pas étonnant, le créole et la langue française se ressemblent trop ! Elle mélange l’orthographe des deux ! », s’indigne-t-il encore, donnant l’exemple de « fille » et de « fiy ». « Pendant un moment, j’ai même pensé qu’elle était dyslexique ».
« Tout cela est très politisé »
Mais les parents l’assurent, ce n’est pas tant l’enseignement du créole qui pose problème, c’est surtout « la manière dont il a été prodigué, en catimini ». « On prend nos enfants en otage. Tout cela est très politisé », dénoncent-ils. Pour eux, la volonté de cacher ce qu’ils qualifient de « classe marron » ne fait aucun doute. « Le cahier a même été fourni par l’école contrairement aux autres. Et il ne nous avait jamais été remis », souligne la maman.
De son côté, le rectorat explique qu’il s’agit « d’un enseignement de la LVR à raison de 45mn à 1h, une fois par semaine, principalement à l’oral, avec quelques traces écrites, conformément aux programmes en vigueur ». C’est en effet ce que prévoit le bulletin officiel n°32 du 8 septembre 2011.
Mais alors qu’une habilitation du professeur est nécessaire pour cette matière, les parents d’élèves affirment que l’enseignante n’était pas habilitée l’an dernier, ce qui aurait poussé à dissimuler ce cours de langue vivante régionale. Tout serait rentré en règle cette année. Questionné au sujet de cette habilitation l’an dernier, le rectorat s’est borné à indiquer que « l’enseignante est bien habilitée ». Également contacté, l’inspecteur de circonscription assure lui aussi que « tout est règlementaire ». « C’était inscrit dans le projet d’école et le conseil d’école en a été averti. L’accord de tous les parents n’est pas nécessaire, » (contrairement aux classes bilingues), affirme en effet Patrick Avet-Rochex.
JMR s’étonne tout de même de n’avoir jamais été informé alors même qu’il fait partie du conseil d’école. Toujours remonté, il ne compte pas en rester là. Le délégué de parent d’élève a d’ailleurs déjà écrit au recteur, par un courrier en date du 26 septembre dernier, qui n’a reçu aucune réponse à ce jour. Il souhaite désormais s’adresser directement au ministère de l’Éducation. En l’absence d’explication, il envisage même de saisir le procureur.