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Correctionnelle de Saint-Denis : Deux prévenus pour le prix d’un

Le vieil homme et la terre A Bellemène Saint-Paul, le conflit entre Thérésien Hoareau, 70 ans, et l’ancien champion de boxe, Galmar, 40 ans, porte sur l’héritage contesté d’une parcelle construite.  Le contentieux dure depuis vingt ans et deux décisions de justice défavorables au septuagénaire lui ont fait perdre la raison.  Il admet que « son […]

Ecrit par Jean-Noël Fortier – le mercredi 09 octobre 2013 à 09H47
Le vieil homme et la terre
A Bellemène Saint-Paul, le conflit entre Thérésien Hoareau, 70 ans, et l’ancien champion de boxe, Galmar, 40 ans, porte sur l’héritage contesté d’une parcelle construite.  Le contentieux dure depuis vingt ans et deux décisions de justice défavorables au septuagénaire lui ont fait perdre la raison.  Il admet que « son têt la bloqué! ». De gramoun paisible,Thérésien Hoareau s’est transformé en artisan de sa propre justice, commanditaire d’une expédition punitive contre celui qu’il accuse de tous les maux, jusqu’à la barre du tribunal. « Il m’a frappé, il frappe mon madame, son ma tante. Il entre dans mon jardin. Il abime mon case ». Sauf qu’aucune des plaintes déposées par Thérésien Hoareau n’a abouti. Et les courriers que lui-même et ses enfants, prétendants à l’héritage, adressent journellement au procureur de Saint-Denis, Philippe Muller, ont le don d’agacer le magistrat. Lequel , ministère public à l’audience d’hier, n’a pas manqué de le faire savoir.
 
Début novembre 2012, Thérésien Hoareau a donc récruté un « gros bras » à Saint-André, un père de famille de 29 ans. Mohamadi Simbi reçoit environ 200 €, se fait payer un plein d’essence pour sa moto , 100 € de gas-oil pour le déplacement dans l’ouest et un GSM. Et Simbi a une consigne : « Faut frapper Galmar, mais pas le tuer ». « Oui je voulais qu’ils lui donnent deux ou trois claques », confirme le septuagénaire à la barre. Mais Simbi est privé de permis et doit faire appel à un dalon « chauffeur »,  dont les débats n’ont pas établi formellement la participation à l’agression de Galmar.
Ce dernier affirmera constamment avoir été face à quatre personnes, ce 23 novembre 2012, devant son domicile, aux alentours de 9 heures. Il a d’abord été aspergé de lacrymogène, puis, devant sa résistance, il a été frappé avec une barre de fer et un pied de biche. Bilan de l’expédition punitive: une blessure à la main, une côte fracturée et 21 jours d’incapacité de travail.
« M. Hoareau a voulu réglé ses différends par une expédition punitive, a souligné le procureur Muller. C’est de la justice privée. Et Simbi ose appeler ça un travail à faire, lorsqu’il en parle à  celui qu’il entraîne dans l’expédition comme chauffeur ».
Les deux autres agresseurs dénoncés par Galmar n’ont jamais été retrouvés. Thérésien Hoareau, nie, sans convaincre le président Jean-Pierre Niel, avoir « monté » deux commandos distincts. Outré par la demande de dommages et intérêts établie à plus de 30 000 €, Me Jean-Jacques Morel, défenseur de Thérésien Hoareau minimise la gravité des coups : « C’est une agression qui ne vaut pas tripette: un coup au doigt, une côte cassée et un peu de lacrymo ».
 
Simbi et Hoareau expriment leurs regrets, comme par automatisme. Le troisième prévenu aussi, bien qu’il dise n’avoir rien fait.
Les juges sont allés au-delà des réquisitions du procureur: deux ans de prison, dont un an ferme pour Thérésien Hoareau,  un an dont six mois ferme, pour Mohamadi Simbi et quatre mois avec sursis pour le troisième.
Galmar connaîtra en avril 2014 le montant des dommages et intérêts que ses agresseurs devront lui verser.
 
Père par humanisme
 
Soifoine a toutes les apparences d’un homme bien. Né aux Comores, avant l’indépendance de l’archipel, il a donc la double nationalité. Installé à Sainte-Clotilde depuis plusieurs décennies, il est fier de son métier de peintre en bâtiment. Mais Soifoine se retrouve devant le tribunal, parce qu’en juin 2012, il a généreusement reconnu être le père de l’enfant que portait une jeune femme de 21 ans, avant même qu’il naisse. Sauf que Soifoine n’a jamais eu de relation avec la jeune fille. A la barre, où il comparait pour avoir fait une fausse déclaration dans le but de faire obtenir à la jeune maman des documents officiels, le quinquagénaire reconnaît tout. Comme depuis le début de la procédure . « J’ai fait ça par humanisme. C’est une fille originaire du même village que moi aux Comores. Et elle était dans la détresse ».
 
Le procureur attire l’attention du prévenu sur le fait qu’en agissant ainsi, il risque de devoir payer une pension alimentaire jusqu’à la majorité de l’enfant reconnu. « Ca, je n’y ai pas pensé , sourit le prévenu. Ca me fait un peur peur maintenant ».
Soifoine est condamné à 90 jours amende de 40€ chacun.
Quant à Assoumani, la jeune maman qui devait également être jugée hier, elle ne maitrîse que peu la langue de Molière. « Oh, si vous parlez le français facile, elle devrait comprendre », suggère son avocat, Me Ali, au président. Mais les premiers échanges mettent en lumière une incompréhesion totale de la prévenue. « A se demander comment s’est déroulé l’interrogatoire de police sans interprète, s’étonne le président Niel ». Un interprète sera présent lorsque l’affaire reviendra devant le tribunal, puisque le procès a été renvoyé. « Un interprète chicomorien », a courtoisement demandé Me Ali.
 
Un prévenu en vaut deux
 
Le président Niel appelle à la barre « Jimmy Gazeuse », poursuivi pour fraude aux prestations sociales. Et tandis qu’un homme à la stature imposante (qui justifie et favorise son métier de vigile) se lève pour rejoindre la barre, les policiers de l’escorte font entrer dans le prétoire, un homme détenu à la maison d’arrêt du Port. Le président écarquille les yeux, le procureur sent vaciller son mortier. « Pourquoi êtes-vous deux ? Interroge le président. Je n’ai qu’un nom sur la citation ». Et en réponse à l’interrogatoire d’idendité auquel il procède à l’égard des deux « prévenus » debout à la barre, il obtient une seule et même réponse : Jimmy Gazeuse. 
Tandis que le procureur avance une explication oiseuse, le président approfondit l’identification du « bon » prévenu par son état-civil. Du coup, le vigile reste à la barre et le détenu regagne sa cellule. Au moins, il aura pris l’air, sans avoir rien demandé à personne.
C’est la solennité des lieux qui empêche le président de partir d’un grand éclat de rire. « Je n’ai jamais vu ça de ma carrière », commente -t-il. Laquelle carrière a dû commencer lorsqu’Alain Peyrefitte, était le locataire de la place Vendôme.
Et le président n’est pas au bout de ses surprises, lorsqu’il comprend que les fraudes au RMI reprochées à Jimmy Gazeuse, sont définitivement prescrites, puisqu’antérieures de plus de trois ans, à la plainte du Conseil général, garant de la bonne gestion des fonds de solidarité.
 
A peine remis d’un doublon, judiciairement incorrect, à la barre, le procureur Muller, ne peut que renoncer à l’accusation, et soutenir la prescription des infractions reprochées au prévenu. Et donc sa relaxe. Jimmy Gazeuse a été relaxé. 
Trois magistrats auxquels s’ajoutent trois auxiliaires de justice, plus une escorte policière ont été mobilisés pour rien. 
Mais  si une saine administration de la Justice aboutit à faire éclater l’innocence  d’un justiciable, qui s’en plaindra? Ni Jimmy Gazeuse, ni Nicolas Sarkozy !

 

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