Verre à moitié plein ou à moitié vide, selon que l’on se trouve dans un camp ou dans un autre. Les conseillers généraux se sont quittés sur un désaccord rédhibitoire. L’enjeu : la lecture, suivie du vote des élus sur l’approbation (ou pas) du compte administratif 2010 de la collectivité.
La collectivité départementale s’est en effet offerte le luxe de présenter à ses élus un solde d’exécution (section investissement) de 62 millions d’euros. Une aubaine par les temps qui courent. La joie de l’annonce passée, les reproches de la droite n’ont pourtant pas tardé.
Aux alentours de 10h, Cyrille Melchior, du groupe Objectif Réunion, lance le premier coup de griffe. "Si nous avions été dans une société commerciale privée, les actionnaires, avec un tel excédent, auraient été heureux. Le problème, c’est que vous êtes censés travailler pour une collectivité locale. Cet excédent cumulé de 2010 traduit plutôt un manque d’investissements pour l’île de la Réunion. La question toute faite, pourquoi autant imposer si c’est pour trésoriser et immobiliser cet argent ?"
"On nous reproche d’avoir des comptes excédentaires"
La majorité se défend. Patrick Erudel, dans sa lecture de l’avis de la commission des affaires générales, se félicite au contraire "de la maîtrise des dépenses même si la situation reste fragile". L’élu fait référence notamment à la non compensation à l’euro près des transferts de compétences de l’Acte II de la décentralisation. Une forme d’accusation envers l’Etat que ne conteste pas l’opposition. Mais pour Cyrille Melchior, ce reproche vaut "depuis 1983, (…) aussi bien pour les majorités gouvernementales de droite comme de gauche".
En deuxième lame, c’est Ibrahim Dindar qui répond à Cyrille Melchior. "Je suis bien content de savoir que l’on nous reproche d’avoir des comptes excédentaires". Pour le maire de Saint-Leu, Thierry Robert, "Assez de polémiques stériles…".
Quelques minutes plus tard, Ibrahim Dindar (9ème vice-président) revient à la charge. Il évoque avec gravité l’état de la dette de la collectivité. Pour rappel : 507 millions d’euros, c’est l’encours de la dette du Conseil général de la Réunion. "Notre stratégie de maîtrise est donc la bonne", ajoute le vice-président du Conseil général. Ce qui situe le ratio dynamique de désendettement de la dette du Conseil général autour des 3,2 ans. Autre bon point pour la collectivité, même si les chiffres de la dette restent conséquents, l’encours de la dette a diminué de 20,6 millions d’euros par rapport à 2009.
La mauvaise foi d’Objectif Réunion selon la majorité
Petit bémol dans ce tableau jusque là prometteur : les frais de personnel (hors technicien ouvrier de service TOS et agents de l’ex-DDE) poursuivent leur lente progression. De 116 millions d’euros de frais de personnel en 2006, ceux-ci grimpent à 143 millions d’euros en 2010, soit 6 millions de plus qu’en 2009.
Philippe Leconstant (5ème vice-président) joue également des coudes et appui la vision de la majorité. "Je ne comprends pas l’incohérence de l’opposition. Qu’est-ce que vous auriez dit dans vos conseils municipaux si vous en soyez venus à présenter un compte administratif excédentaire de 62 millions d’euros ? Qu’en aurait-il été si nous avions présenté un compte déficitaire…", rétorque-t-il devant la mauvaise foi de l’opposition selon lui.
A 11h20, et malgré ces turbulences, le compte administratif 2010 est adopté à la majorité. Le groupe Objectif Réunion, sans surprise, s’abstiendra.