Près de deux mois après la dernière réunion du Haut conseil de la commande publique (HCCP) du 22 octobre dernier, le Haut conseil a présenté l’état d’avancement des projets publics aux acteurs concernés. Avant d’entamer la lecture des études et rapports des commissions chargées de plancher sur le sujet, Michel Lalande, Préfet de La Réunion, a appelé de ses vœux l’accélération des grands chantiers consécutifs à la signature du protocole Matignon avant de reconnaître l’insuffisance des engagements des budgets de la commande publique. « On a engagé 53% des budgets de la commande publique, c’est insuffisant », a-t-il cédé devant les critiques grandissantes des acteurs du BTP notamment.
Malgré tout, comparé à la dernière réunion du 22 octobre où 318 opérations avaient été comptabilisées, les services du Haut conseil ont comptabilisé une progression significative. 377 opérations ont été arrêtées au 10 décembre dernier. « Nous sommes en contact tous les jours avec les maîtres d’ouvrage pour connaître précisément l’état d’avancement de la commande », a rappelé un rapporteur de commissions.
Du jamais vu en quatre ans
Concrètement, l’année 2010, avec ses 3.563 logements neufs programmés constitue le meilleur bilan de ces quatre dernières années en matière de programmation de financement de logements neufs.
Pour le moyen terme, ce sont plus de 4.000 logements sociaux qui devraient être livrés en 2011 voire début 2012, contre 1.435 logements neufs livrés en 2009 et 1.888 cette année. Une mise en perspective qui n’a pas réussi à calmer l’impatience des acteurs du BTP.
Pour ces derniers, le travail effectué par le Haut conseil est largement salué même si des reproches ont été portés sur l’utilisation complète des fonds publics.
Le travail du HCCP et sa transparence est unanimement salué
Pour Jacky Balmine, secrétaire départemental de la CGTR-Bâtiment Travaux Publics : « ce sont encore trois entreprises qui ont fermé aujourd’hui, au moment où nous parlons. Tout ce qui a été dit c’est très bien, mais nous ce que nous attendons ce sont des chantiers, les ordres de service ne sortent pas. Je continuerais à crier même si ça ne plaît pas », a-t-il lancé à Margie Sudre, lui ayant reproché en ouverture des débats ses propos dans la presse. Celui-ci ne s’est pas arrêté pour autant : « Il manque 40 millions qui ne sont pas sortis », a-t-il rappelé à l’assemblée.
Jean-Marie le Bourvellec, président de la FRBTP a, quant à lui exprimé sa satisfaction tempérée : « c’est clair, je vois que dans tous les groupes de travail il y a de la transparence. Mais nous sommes toujours en alerte car les entreprises ont épuisé toutes leurs trésoreries. Il faut sortir du travail, c’est la seule condition ».
En réponse à ces attaques à l’encontre du HCCP, Margie Sudre a tenu à mettre les choses au clair : « Nous ne sommes pas les donneurs d’ordre. Nous sommes là que pour mettre la pression sur les donneurs d’ordre », a-t-elle martelé en fixant Jacky Balmine.
Malgré des chiffres qui promettent un avenir meilleur pour le BTP réunionnais, un rapporteur a rappelé les préconisations de sa commission, en forme de mise en garde adressée aux collectivités : « le niveau de dépenses de fonctionnement des collectivités ont augmenté ces cinq dernières années de 10% ». Une manière de dire que plus ce taux ira croissant, plus il grèvera, en conséquence, la capacité de ces mêmes collectivités dans leur apport dans la commande publique.
Où sont les communes ?
Pour le compte du Conseil général, Daniel Zanéguy, a rappelé le taux d’engagement conséquent du Conseil général qui était de 84% à ce jour et qui devrait même atteindre les 95% avant la fin 2010, le tout « avec des délais de paiement majoritairement atteints en moins de 30 jours », a-t-il fait valoir.
Devant l’intervention du représentant du Département, Dominique Vienne, de la CGPME, a quant à lui rappelé qu’il manquait à la table de la réflexion les 24 communes de l’île qui, au même titre que la Région et le Département, devraient s’atteler à la tâche.
Dans leurs prises de parole successives, les rapporteurs des groupes de travail ont présenté l’avancée de leurs travaux. Parmi ces interventions, un certain nombre relève que des améliorations substantielles peuvent être apportées au niveau de l’administration elle-même. Une manière pour l’administration de se juger elle-même. L’instruction administrative des dossiers, avec des délais souvent longs et des dossiers parfois mal maîtrisés par les différents interlocuteurs de l’administration ont été mis sur la table.
Un site internet de la commande publique
Mais les reproches sont partagés. Un rapporteur a rappelé que les professionnels doivent « professionnaliser leur approche de l’achat public » afin de répondre plus grandement aux allotissements. Des professionnels qui devront s’emparer d’un facilitateur pour le monde économique : la mise en place d’un site internet centralisateur de la commande publique à la Réunion.
Autre proposition concrète faite cet après-midi, la mise en place de certificats fiscaux par voie informatique, toujours pour permettre cette accélération des délais.
Une manière de corriger, dans les mois et années qui viennent, les 8.000 emplois perdus en deux ans dans le bâtiment. Le prochain point d’étape aura lieu en février, « vacances oblige » a clôturé Margie Sudre.