« On ne s’habitue jamais ». Patrick Savatier, président de l’association Momon papa lé là n’en est pas sa première expérience face à la misère, mais il y a des jours où c’est plus dur que d’autres. Hier, une mère de famille a fait 5 km à pied pour arriver jusqu’aux locaux de l’association afin de demander à manger. « La personne en difficulté doit d’abord se faire connaître auprès des services sociaux et passer devant une commission d’attribution pour avoir un colis. Mais ça peu prendre 15 jours et cette famille n’avait pas mangé depuis la veille », affirme Patrick Savatier, ne cachant pas son émotion ni sa compassion. « Quand j’ai vu la détresse de cette dame, j’ai senti un frisson qui a couru tout le long de l’échine », explique-t-il.
« En ce moment, c’est la ruée sur la conserve de secours »
« Nous sommes allés jusqu’au stock alimentaire et nous lui avons fait un colis alimentaire pour un mois. Elle en a pleuré devant ses enfants, assure Patrick Savatier. En ce moment, c’est la ruée sur la conserve de secours. On connaît un moment de grande fatigue. Ces derniers temps, c’est très dur pour cette tranche de la population ».
Mais Patrick Savatier voit bien que la misère ne concerne plus seulement les pauvres. « Ceux qui travaillent se retrouvent aussi dans cette situation. Demain, c’est peut-être vous ! », assure le militant qui observe qu’il n’y a plus seulement les habitués qui viennent appeler au secours. « Je pense que ces gens qui n’ont pas l’habitude doivent tourner pendant des heures devant le téléphone avant d’appeler. Puis ils finissent par venir », précise le président d’association.
Victime et coupable ?
Ce qui interpelle l’homme de terrain, c’est « la honte » qui accompagne ces gens qui se retrouvent « victimes » du système. « La honte est du mauvais côté. On n’a pas à avoir honte d’être victime de sa situation alors que la honte doit se trouver de l’autre côté. Lorsque nous avons ramené cette dame, elle a voulu qu’on la dépose à 500 mètres de chez elle », précise Patrick Savatier.