Le président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA) malmené. Bernard Picardo a de nouveau essuyé quelques critiques lors de la dernière assemblée générale, en juin, interpellé par plusieurs élus de la Chambre vraisemblablement mécontents de sa politique. Et à quelques mois des élections à la CMA, il y a fort à parier que ses détracteurs deviennent de plus en plus virulents à son encontre.
Didier Mazeau, élu dans la majorité, a fait une intervention remarquée. Il faut dire que depuis que le président de la Chambre lui a retiré sa délégation à l’Université des métiers de Saint-Gilles-Les-Hauts en 2013, le torchon brûle entre les deux.
Didier Mazeau a énuméré une série d’événements qu’il estime anormaux. Et selon lui le président botte en touche sur plusieurs points à commencer par des crédits octroyés à la Frape, dont le président n’est autre que le cousin de Bernard Picardo : « Comment peut-on expliquer que pour une entreprise qui brûle ou est victime des émeutes au Chaudron, la Chambre accorde 500 euros alors que pour une fédération de parents d’élèves, qui ne concerne pas l’artisanat, on donne 1000 euros?« , s’indigne Didier Mazeau.
Contacté par nos soins, le président de la Chambre se défend : « Les deux premières ont reçu de l’argent du fonds de secours géré par l’assemblée permanente des Chambres des Métiers. Le budget pour la Frape est un dossier qui est passé en réunion de bureau, voté à l’unanimité dont M. Mazeau, pour aider à payer 20.000 exemplaires d’un livret sur l’apprentissage destiné aux jeunes lycéens. Les deux n’ont rien à voir« .
Autre pomme de discorde, un représentant de la Chambre est accusé de harcèlement sexuel sur des apprenties. « Pourquoi ce monsieur est toujours représentant de la CMA à la commission de l’orientation et de la formation professionnelle?« , s’indigne encore Didier Mazeau. Sur ce point, Bernard Picardo explique que la personne concernée ne siège plus dans cette commission qui réunit une fois par an de nombreux partenaires autour de la table.
« J’aimerais que la différence soit faite entre mon métier et mon rôle à la Chambre »
Le président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat a également été attaqué sur ses dépenses en hébergement et repas à l’occasion de ses déplacements. « Plus de 5000 euros de dépenses quand le bureau et les membres élus ne dépassent pas chacun 3000 euros. Pourquoi?« , interroge Didier Mazeau. Là encore, Bernard Picardo joue la transparence : « A la Chambre, le budget hébergement et repas s’élève à 20.000 euros. Il n’y a aucun excès d’autant qu’une grande partie de la somme dépensée pour le président sera remboursée à la Chambre par l’APCM (Assemblée Permanente des Chambre de Métiers) puisque je vais en métropole pour y siéger« .
D’autres élus ont souhaité obtenir des explications sur le choix des membres de la commission de jury des taxis, des personnes n’étant pas du tout issues de cette profession. « Sont-ils compétents pour juger alors qu’ils ne font pas partie de la corporation? », s’inquiètent certains. Bernard Picardo dresse un bref historique: « Il y a quelques années, nous avions rencontré des soucis sur les examens de taxis, ce n’était pas sous ma mandature. Au moment du renouvellement de la commission, le Préfet avait conseillé la Chambre de ne pas mettre de taxiteurs au sein de cette commission dans un souci de transparence. Cela avait été fait. Les commissions se renouvelant tous les trois ans, j’ai décidé début 2014 de poursuivre avec cette méthode« .
Enfin, l’élu et taxiteur, Hugues Atchy, reproche au président de ne pas se battre suffisamment contre les VTC (Véhicules de Tourisme avec Chauffeur). « En métropole, un important combat est mené contre les VTC. Or, Bernard Picardo, taxiteur de profession, a lui-même des VTC. Il se place contre les taxiteurs« , reproche-t-il. Bernard Picardo dément cette information: « Qu’il me donne la preuve de ce qu’il avance. Je me suis simplement inscrit, en tant que chef d’entreprise, sur le site atoutfrance (Agence de développement touristique de la France). Mais pour exploiter ce service, il faut être inscrit à la Chambre, ce n’est pas mon cas« , explique-t-il avant de poursuivre: « J’aimerais que la différence soit faite entre mon métier et mon rôle à la Chambre. En tant que président, j’ai soutenu le combat mené par les syndicats sur ce sujet« . Les élections de 2015 promettent d’être animées.