La hache de guerre n’est pas enterrée entre le président de la Casud et son ancienne cadre sup’ en charge des finances.
Souvenez-vous, le 20 avril dernier, un conseil communautaire au scénario rocambolesque s’était tenu au Tampon. Au cours de cette séance, la scission entre, d’un côté Patrick Lebreton-Olivier Rivière, et de l’autre André Thien-Ah-Koon-Bachyl Valy, éclate au grand jour.
Les deux binômes de président et vice-présidents se déchirent sur l’interprétation que chaque camp se fait du budget de l’intercommunalité. Est-il en équilibre ou en déséquilibre ?
Intimement convaincu que le nouveau président André Thien Ah-Koon tente d’imposer la seconde hypothèse, le camp Lebreton-Rivière (les deux jouent aussi leur responsabilité dans ce bilan) en vient à poser la question fatidique à Lise Toplan, directrice des finances de la Casud. L’objectif : que la cadre supérieure éclaire l’assemblée sur la réalité des comptes.
Sa réponse fera date : « Madame la directrice des finances de la Casud, je vous pose très clairement la question, demande alors le maire de Saint-Philippe. Est-ce qu’on vous a demandé de présenter un budget en déséquilibre ? » Réponse de la directrice à ce moment précis : « On ne me l’a pas demandé comme cela, mais on m’a demandé de ne pas tenter de l’équilibrer. »
Fracas dans l’assemblée. Le président André Thien-Ah-Koon est désavoué publiquement par un cadre de son administration. TAK quitte la salle, aussitôt imité par ses élus.
Le bras de fer se poursuit en coulisses
Sept mois après cet épisode insolite, Lise Toplan semble encore payer sa prise de parole. Au point que cette dernière s’est attachée les services d’un avocat pour se défendre. Au lieu de s’apaiser, la situation s’est embourbée.
Au vu du contexte tendu avec son employeur, Lise Toplan a demandé sa mutation. Demande adressée à l’autorité intercommunale. Le code général des collectivités locales stipule que l’employeur public a un délai de trois mois pour donner son avis sur la demande de mutation de son salarié. Mais la présidence de la Casud est restée muette. Ce qui fait dire à Normane Omarjee, conseil de Lise Toplan, qu’« ils ne l’ont pas aidée dans cette mutation. »
La suite des événements le confirme. Me Omarjee dévoile les faits qui ont suivi ce fameux clash en plein conseil. Mme Toplan a été convoquée par le président de la Casud dans le cadre d’une procédure disciplinaire. « Etaient présents aux côtés de M. Thien Ah Koon, son DGS et la DRH. Deux reproches lui ont été notifiés ce jour-là : son obligation de conscience professionnelle et son manquement au devoir de réserve. »
« Elle n’a fait que répondre à la question d’un vice-président »
Ces griefs étaient assortis d’un blâme. Une première pour cette attachée territoriale « au parcours jusque-là sans aucun reproche d’aucune collectivité sur sa fiche de notation », avise Me Omarjee. Face à ce blâme, qui reviendrait donc pour sa cliente à reconnaître des torts qu’elle refuse d’endosser, Me Normane Omarjee a intenté un recours gracieux auprès de l’intercommunalité. Aujourd’hui, l’affaire en est là. Chacun campe sur ses positions.
Sa cliente est bien décidée à ne pas accepter cette sanction disciplinaire, indique son avocat. « Tous les recours seront intentés ». Sa ligne de défense se calque notamment sur le procès-verbal de cette fameuse séance. Ce PV reporte bien selon Me Omarjee que « Mme Toplan n’a fait que répondre à la question d’un vice-président de la Casud. »
Mais ce qui ne devait être qu’une simple mutation car « le contexte pour elle devenait compliqué à la Casud », admet l’avocat, s’enlise un peu plus. Lise Toplan a quitté son poste début octobre, pour rejoindre le syndicat mixte de traitement des déchets Sud/Ouest, sans que le contentieux avec la Casud ne soit liquidé.