Revenir à la rubrique : Société

Carl Meyer : « Pas de solution facile » au problème « requins », à Hawaï comme à la Réunion

Huit attaques de requins depuis le début de l'année, dont quatre à Maui. Hawaï connaît une vague d'incidents dans ses eaux et elle n'est pas réservée qu'aux surfers. Les baigneurs et plongeurs libres ont aussi été les proies des squales. La dernière attaque mortelle datait de 2004... jusqu'à mercredi où une baigneuse allemande a perdu la vie après avoir eu le bras sectionné une semaine avant. Les habitants de l'île commencent à se poser des questions, similaires à celles que l'on peut se poser à La Réunion. Nous avons interrogé à Carl Meyer, chercheur à l'Institut de biologie marine de Hawaï.

Ecrit par SH – le vendredi 23 août 2013 à 16H37

Zinfos974 : Quelles espèces sont responsables de ces attaques?

Carl Meyer : Dans la plupart des cas, le requin responsable de l’attaque n’est pas identifié. Mais les requins tigres sont les squales le plus souvent repérés pendant un incident à Hawaï. Nous n’avons pas d’attaques de requins bouledogue.

Que connaît-on du comportement de ces squales ?

Les requins tigres sont des prédateurs à nutrition variée. Ils consomment des animaux vertébrés et non-vertébrés et se trouvent dans des zones près de la côte mais aussi plus au large. 



Quelles sont les causes possibles de ces incidents ?

Il y a plusieurs facteurs possibles mais certains sont sûrement dus aux habitudes alimentaires des requins. 



Quelles sont les solutions possibles ?

Tout d’abord, il faut accepter qu’il y aura toujours un risque lorsque l’on met les pieds dans l’océan. Le risque le plus important est la noyade. Le risque de se faire mordre par un requin est, lui, extrêmement bas même dans les zones où il y a eu des incidents. Mais le risque n’est évidemment jamais de zéro. Les usagers de la mer peuvent malgré tout modifier leur comportement afin de réduire ce risque, comme par exemple nager en groupe et éviter l’eau trouble.

Des filets « d’exclusion« , qui sont différents des filets qui attrapent les requins, peuvent aussi être utilisés pour créer des zones sécurisées pour les baigneurs sur les plages sans surf.

La Réunion a procédé au prélèvement de squales. Est-ce une solution ?

Le prélèvement massif de requins ne fonctionnera pas s’il s’agit d’animaux mobiles. Les requins exterminés seront très vite remplacés par de nouveaux squales qui traversent la zone. Le plus important est de connaître les mouvements typiques des individus suspects afin de déterminer des stratégies de réduction avant tout efficace.

L’efficacité d’un système de prélèvement est donc difficile à déterminer. La fréquence d’attaques est impossible à prédire. Qu’il y ait des actions de prévention dans l’eau ou non, on observe que des piques du nombre d’attaques surviennent souvent après des périodes avec peu – ou pas – d’incidents. Lors de programmes historiques de prélèvement à Hawaï, des attaques sont survenues pendant et immédiatement après les prélèvements. Par exemple, 33 requins tigre ont été prélevés à Barbers Point (Oahu) entre juin 1967 et mai 1969. Malgré cela, une personne a subi une attaque en novembre 1969.  

Pour avoir une idée de la chronologie:  

27 juin 1967 – Début du programme coopératif de recherche et de contrôle

9 mars 1969 – Attaque de requin à Makaha beach, Oahu

12 mai 1969 – 139ème requin tigre tué dans les eaux de Oahu pendant le programme  

18 mai 1969 –  33ème requin tigre tué aux environs de Barbers Point (Oahu) pendant le programme

22 juin 1969 –  280ème requin tigre tué près des grandes îles d’Hawaï pendant le programme, fin du programme

11 novembre 1969 – Attaque de requin à Barbers Point (Oahu)

Que peut-on apprendre des actions menées en Australie ou en Afrique du Sud ?

Le problème avec de telles comparaisons est que l’on risque de comparer différentes espèces et environnements avec les nôtres. Ce qui semble fonctionner  dans un territoire pourrait s’avérer inutile dans un autre. Mieux connaître et comprendre son propre territoire avec de la recherche bien précise pourrait donner une meilleure idée des solutions possibles.

Que pensez-vous de la situation réunionnaise?

Je ressens beaucoup d’empathie pour les Réunionnais et leurs représentants. C’est une situation très difficile et il n’y a pas de solution facile, et surtout aucune qui ne plaira à tout le monde. Il faut essayer de baser ses actions sur les meilleures recherches scientifiques possibles.

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

APEBA : Une marche conviviale ce dimanche en faveur de la protection animale

L’association APEBA organise une randonnée familiale dans la forêt de l’Etang-Salé ce dimanche à partir de 9h, en présence de bénévoles, de partenaires, mais aussi de chiens à l’adoption. Un événement qui vise à « soutenir le combat contre la maltraitance et l’errance animales à la Réunion ».

« L’octroi de mer : c’est n’importe quoi ! » selon l’UCOR

L’Union des Consommateurs de La Réunion (UCOR) publie une lettre ouverte critiquant l’octroi de mer pour son impact sur le coût de la vie et exige sa suppression immédiate, ainsi que le financement des communes et de la région par l’État, pour protéger le pouvoir d’achat des Réunionnais.

L’explication derrière les boules de feu dans le ciel

Aux alentours de 5h30 ce matin, de nombreux Réunionnais scrutant le ciel ont pu apercevoir des points lumineux, décrites comme “des boules de feu” par les internautes qui ont diffusé les images de ces “OVNI”. Explications.