Zinfos974 : Quelles espèces sont responsables de ces attaques?
Carl Meyer : Dans la plupart des cas, le requin responsable de l’attaque n’est pas identifié. Mais les requins tigres sont les squales le plus souvent repérés pendant un incident à Hawaï. Nous n’avons pas d’attaques de requins bouledogue.
Que connaît-on du comportement de ces squales ?
Les requins tigres sont des prédateurs à nutrition variée. Ils consomment des animaux vertébrés et non-vertébrés et se trouvent dans des zones près de la côte mais aussi plus au large.
Quelles sont les causes possibles de ces incidents ?
Il y a plusieurs facteurs possibles mais certains sont sûrement dus aux habitudes alimentaires des requins.
Quelles sont les solutions possibles ?
Tout d’abord, il faut accepter qu’il y aura toujours un risque lorsque l’on met les pieds dans l’océan. Le risque le plus important est la noyade. Le risque de se faire mordre par un requin est, lui, extrêmement bas même dans les zones où il y a eu des incidents. Mais le risque n’est évidemment jamais de zéro. Les usagers de la mer peuvent malgré tout modifier leur comportement afin de réduire ce risque, comme par exemple nager en groupe et éviter l’eau trouble.
Des filets « d’exclusion« , qui sont différents des filets qui attrapent les requins, peuvent aussi être utilisés pour créer des zones sécurisées pour les baigneurs sur les plages sans surf.
La Réunion a procédé au prélèvement de squales. Est-ce une solution ?
Le prélèvement massif de requins ne fonctionnera pas s’il s’agit d’animaux mobiles. Les requins exterminés seront très vite remplacés par de nouveaux squales qui traversent la zone. Le plus important est de connaître les mouvements typiques des individus suspects afin de déterminer des stratégies de réduction avant tout efficace.
L’efficacité d’un système de prélèvement est donc difficile à déterminer. La fréquence d’attaques est impossible à prédire. Qu’il y ait des actions de prévention dans l’eau ou non, on observe que des piques du nombre d’attaques surviennent souvent après des périodes avec peu – ou pas – d’incidents. Lors de programmes historiques de prélèvement à Hawaï, des attaques sont survenues pendant et immédiatement après les prélèvements. Par exemple, 33 requins tigre ont été prélevés à Barbers Point (Oahu) entre juin 1967 et mai 1969. Malgré cela, une personne a subi une attaque en novembre 1969.
Pour avoir une idée de la chronologie:
27 juin 1967 – Début du programme coopératif de recherche et de contrôle
9 mars 1969 – Attaque de requin à Makaha beach, Oahu
12 mai 1969 – 139ème requin tigre tué dans les eaux de Oahu pendant le programme
18 mai 1969 – 33ème requin tigre tué aux environs de Barbers Point (Oahu) pendant le programme
22 juin 1969 – 280ème requin tigre tué près des grandes îles d’Hawaï pendant le programme, fin du programme
11 novembre 1969 – Attaque de requin à Barbers Point (Oahu)
Que peut-on apprendre des actions menées en Australie ou en Afrique du Sud ?
Le problème avec de telles comparaisons est que l’on risque de comparer différentes espèces et environnements avec les nôtres. Ce qui semble fonctionner dans un territoire pourrait s’avérer inutile dans un autre. Mieux connaître et comprendre son propre territoire avec de la recherche bien précise pourrait donner une meilleure idée des solutions possibles.
Que pensez-vous de la situation réunionnaise?
Je ressens beaucoup d’empathie pour les Réunionnais et leurs représentants. C’est une situation très difficile et il n’y a pas de solution facile, et surtout aucune qui ne plaira à tout le monde. Il faut essayer de baser ses actions sur les meilleures recherches scientifiques possibles.