Au terme de plus de quatre heures de négociations entre les services de l’Etat, les pétroliers et les gérants de stations-service, se dirige-t-on vers une sortie de crise ?
Le préfet de La Réunion a en effet présenté aux acteurs de la filière carburants, la dernière version du projet d’arrêté ministériel qui va compléter le dispositif de gestion des prix. Alors que le dialogue semblait totalement rompu encore la veille, entre l’Etat, les pétroliers et les gérants, les discussions ont donc pu reprendre ce samedi. Et si elles n’ont pas encore abouti à un accord, celles-ci pourraient se conclure de manière positive dimanche, les différents acteurs ayant convenu de se revoir à 9h en préfecture.
« On se laisse le temps de la concertation puisqu’il reste encore certains éléments à discuter » explique Hervé Maziau, président du comité des importateurs d’hydrocarbures de la Réunion. « Il reste encore certains points à éclaircir : la marge de gros, d’autres éléments sur la transparence et sur le fonctionnement du modèle. C’est pour ça qu’on se laisse le temps de la discussion ce soir« , a-t-il ajouté. Ce dernier, s’exprimant au nom des pétroliers, s’est dit « confiant » sur la possibilité d’aboutir à un accord dimanche.
« Pour l’instant les stations restent fermées »
Les gérants de stations-service affichaient, à l’image de Gérard Lebon,qui avait les traits tirés par la fatigue, une mine moins réjouie. Pour rappel, les gérants des DOM ont déclenché une grève illimitée depuis jeudi, provoquant la fermeture des stations-service dans les départements d’outre-mer. « Vous comprendrez que quand est à la tête d’un mouvement comme celui que je mène aujourd’hui, les responsabilités que ça me fait porter sur l’économie de la Réunion et sur le bien être des Réunionnais, vous me permettrez de pas avoir une bonne tête, que le résultat soit positif ou négatif pour les gérants de stations-service« , a-t-il souligné à la sortie de la rencontre.
Là encore, le président du syndicat des gérants de stations-service de la Réunion a expliqué vouloir discuter avec ses homologues de Guadeloupe, Martinique et Guyane, avant la réunion de dimanche matin. « Pour l’instant, les stations restent fermées« , a ajouté Gérard Lebon. « S’ils (les pétroliers, ndlr) sont confiants, nous sommes confiants aussi« , a-t-il renchéri.
Le préfet de La Réunion, lui, semble également croire à une sortie de crise lors de ce qui pourrait être le dernier round de négociations dimanche. « J’ai bon espoir que demain nous puissions déboucher sur une situation positive s’agissant de la grève dont on sait qu’elle touche de plus en plus fortement les activités économiques de l’île« , a expliqué Jean-Luc Marx. D’après lui, ont été introduites dans ce texte « nombre de modifications et d’améliorations, qui avaient d’ailleurs été proposées par certains des interlocuteurs réunionnais« .
Concernant les modifications de l’arrêté de méthode, le préfet est en revanche resté évasif : D’après lui, le nouveau texte « clarifie la rémunération qui est accordée tant au marché de gros qu’au marché de détail. C’est cet ensemble qui je crois est un élément nouveau que les responsables, tant de la distribution que les pétroliers, vont comparer avec leurs collègues des autres outre-mer« . Car les arrêtés de méthode « concernent l’ensemble des outre-mer même s’ils sont déclinés par territoire« , a ajouté Jean-Luc Marx.
Epilogue dimanche ?
Les coups de téléphone en direction des différents Outre-mer et de la métropole vont donc fuser dans chaque camp d’ici à dimanche. Car des réunions de négociations similaires devaient avoir lieu ce samedi dans chaque DOM.
Si les négociations aboutissent dimanche, cela signifierait très probablement une fin de conflit après quatre jours de grève et après plusieurs semaines de négociations tendues entre pétroliers, gérants et Etat. Est-ce que le futur texte, qui comme l’a expliqué Victorin Lurel, doit être publié en début de semaine, contribuera à une baisse des prix à la pompe dès le mois de février pour le consommateur réunionnais ? Rien n’est moins sûr. « Le prix des carburants est d’abord fonction du marché international. La part de rémunération des acteurs de la filière est une part tout à fait minoritaire« , a rappelé le préfet. Il ne faudra donc pas s’attendre à une baisse drastique et subite sur le prix des carburants…