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Bourré, zamalé, sans permis, en rébellion… « parce que les gens des Hauts sont des trafiquants ! »

Il y a des années que Jean-Patrice M., de Trois-Bassins, conduit sans permis, pété comme un letchis trop mûr, fumé au zamal comme un hareng saur aux sarments de vigne. Cet homme de 55 ans, court sur pattes, râblé, travaille depuis peu à la mairie de Trois-bassins où il aura un contrat… quand il sortira […]

Ecrit par Jules Bénard – le samedi 22 avril 2017 à 14H48

Il y a des années que Jean-Patrice M., de Trois-Bassins, conduit sans permis, pété comme un letchis trop mûr, fumé au zamal comme un hareng saur aux sarments de vigne. Cet homme de 55 ans, court sur pattes, râblé, travaille depuis peu à la mairie de Trois-bassins où il aura un contrat… quand il sortira de taule, ce qui semble mal barré.

Il faudra d’ailleurs qu’on s’interroge, un de ces quatre, sur cette générosité des édiles municipaux accordant à tours-de-bras des TIG sinon des contrats en CDI à des voyous récidivistes. Il est vrai qu’ils votent comme les autres, ces bambins à gros bras.

La vie des autres, ça existe vraiment ?

Le 9 décembre 2016 à 10h40, la maréchaussée de Trois-bassins est avisée, par des policiers municipaux, qu’un homme, manifestement saoul comme un cochon, s’apprête à monter en voiture. En plein centre-ville de chez François Saint-Alme, au pays du « Zoiseau blanc » !

Des barrages sont aussitôt installés aux entrées du village, avec signaux lumineux et sonores, panneaux visibles comme le nez de Robert Dalban, bref impossible de passer au travers par inadvertance.

Mais l’inadvertance est précisément l’atout principal de Jean-Patrice, comme pour tous ceux « qui voient pas bien ». Surtout quand leur cécité est sélective.

Refusant d’obtempérer aux injonctions des forces de l’ordre (c’est bien foutu, non ?), Jean-Patrice fonce à tort et à travers dans le centre-ville et les écarts proches, à une heure où rues et ruelles sont pleines d’enfants des écoles, collèges et lycées, et d’adultes en commissions.

La vie des autres ? Rien à secouer, il fonce comme un dératé. L’accident létal est plusieurs fois évité à in poil Zarab près, comme dit gramoune.

Ethylotest explosé

Pendant que les condés coursent cet automobiliste délirant, ils se rendent compte que le drôle balance des tas de trucs par ses portières tout en fonçant. C’est près du centre-ville qu’ils finissent par le coincer et ont le plus grand mal à le faire sortir de son véhicule. Ils doivent s’y mettre à plusieurs.

Intrigués par ce qu’ils ont vu, les gendarmes s’en vont à pinces à la recherche des « objets » dont Jean-Patrice s’est défait dans sa course folle. Et ne sont pas trop étonnés de ce qu’ils découvrent, quelques rouleaux de zamal. Dix rouleaux épais, bien empaquetés, prêts au service. Ou à être cédés.

Manquant exploser l’éthylotest, Jean-Patrice est amené à souffler dans l’éthylomètre cette fois, qui indique un petit 1,18 gr par litre d’air expiré, soit 2,36 gr par litre de sang. À peine trois fois le taux normal toléré. Broutille que ces billevesées…

« J’ai fait la fête… je crois »

À la présidente Dinot, Jean-Patrice explique qu’il ne s’est pas arrêté parce qu’il avait « peur… peur des gendarmes… peur des menottes… j’étais saoul, vous comprenez ? » Ça oui, on avait compris.

Pour apprendre ensuite que la voiture n’est pas à lui : c’est celle d’une ex-amie qu’il conduit tous les jours au travail sinon faire les commissions. Alors que son permis de conduire lui a été retiré depuis un sacré bail (depuis 2009, c’est hier) mais s’il fallait s’arrêter à d’aussi mesquines considérations… D’ailleurs, il ne sait plus comment ni pourquoi elle était en sa possession alors qu’il a un taux d’alcool à enivrer un mammouth à 10h du matin.

Les témoignages concordent, bonhomme picole comme un forcené ; ce qui le rend violent. Quand il a astiqué ses goulots, Bruce Lee la pas son cousin, mi dis à ou !

« Comment aviez-vous un tel taux d’alcool aussi tôt ? Vous aviez bu quoi ? s’enquiert la présidente Dinot. 
– J’avais bu de l’alcool.
– Oui, ça, on s’en doutait un peu…
– Ben… j’avais fait la fête avec des amis… je crois… J’ai dû prendre la voiture pour faire quelques pâtés de maisons… sais plus trop… Ma copine, elle… enfin, mon ex, elle conduit pas, elle a pas le permis
– Et les rouleaux de zamal ?
– C’est pour moi, ma consommation personnelle.
– Dix rouleaux ? Vous fumez beaucoup de zamal, alors ? – Non (et avec le sourire), pas trop, tazantan seulement ».

Le sursis, à quoi ça sert ?

Pour faire simple, le procureur Genet a additionné : « L’alcool, plus la drogue, plus l’absence de permis, plus  le délit de fuite, plus la conduite dangereuse, mortelle pour les piétons croisés, plus la rébellion, c’est un peu beaucoup, non ? » Filochard baisse le front, penaud, piteux. Le procureur Genet a insisté sur la dangerosité du prévenu, « le taux d’alcool trois fois plus élevé que ce qui est autorisé », le zamal « en quantité correspond à celle d’une véritable filière d’approvisionnement », les sept délits relevés, avant de réclamer 8 mois fermes plus la révocation des sursis antérieurs.

Parce que ce Croquignol-de-Trois-Bassins a déjà été condamné plusieurs fois pour des histoires de drogue, de port d’arme, de conduite sans permis. Les sursis comptent pour du beurre, faut croire.

Me Brigitte Hoarau, commise d’office, a tenté de vider ce tonneau des Danaïdes en mettant en avant la volonté de réinsertion de Jean-Patrice qui a déjà pris conscience de son état. Jean-Patrice « qui était une épave de la société après sa séparation, qui était SDF aux conduites addictives, qui travaille pour se reprendre en mains ». D’ailleurs, l’homme jure-mais-un-peu-tard qu’on ne l’y prendra plus.

Que la montagne est belle !… (pleine de zamal)

Et c’est là qu’on en apprend une belle de la part de la défenderesse : « Le zamal retrouvé ne correspond pas à une filière d’approvisionnement, je n’y crois pas. Dix rouleaux, ça fait beaucoup mais ce n’est pas impressionnant dans les Hauts où la culture du zamal est une habitude ».

Ah bon ? Ce sont les gens de Grand-Bassin, Mafate, Trois-Bassins, Cilaos, Grand-Coude ou Plaine-des-Grègues qui vont être heureux de savoir qu’ils sont des adeptes en gros de l’herbe bleue.

Eux qui pensaient bêtement planter du curcuma, des lentilles ou de thé : « mémé » Rivière va encore fulminer.

Total de ces courses sans permis, huit mois ferme, et révocation des quatre mois de sursis.

 

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