Il y a des projets qui suscitent l’engouement. Mais lorsque ces derniers entrent en concurrence avec un site historique, ça fait du bruit… beaucoup de bruit. C’est ce qui se passe du côté de Saint-Philippe, à Basse Vallée plus exactement. Il y a plusieurs jours, des riverains et des membres d’associations historiques et patrimoniales ont découvert, avec surprise, qu’une partie du site où se trouve le cimetière marin de Basse Vallée avait été littéralement ratissée par un engin de chantier de la municipalité. En cause, la réalisation de cinq logements sociaux.
« Où est le respect dû aux morts, Où est le respect de notre histoire ?«
A l’abandon depuis plusieurs mois sous la végétation, les sépultures anonymes du cimetière marin ne sont pas classées par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), ce qui n’empêche pas les associations historiques de monter au créneau.
Le cimetière faisait autrefois partie de l’extrémité Sud de la commune de Saint-Joseph. Ce n’est qu’en 1830, par ordonnance du roi Louis-Philippe, que cette extrémité devient commune de Saint-Philippe. Selon un rapport « Thomas » rédigé en 1820, ce cimetière a bien accueilli les premiers habitants de Saint-Joseph. Des sépultures ayant été enfouies jusqu’en 1870. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir le député-maire de Saint-Joseph, Patrick Lebreton, consterné par ce qu’il qualifie de « destruction » d’une partie du cimetière de Basse Vallée.
« Bien qu’alertée, avant les travaux, par des personnes soucieuses de préserver notre mémoire, la mairie de Saint-Philippe a envoyé ses engins sur une terre sacrée » tempête Patrick Lebreton, également membre d’honneur de la Société d’histoire de Saint-Joseph. « Pour rendre constructible deux ou trois parcelles, on s’est donc attaqué à un lieu de mémoire, détruisant la moitié du site. Où est le respect dû aux morts ? Où est les respect de notre histoire » s’interroge l’élu du Sud sauvage qui envisage d’ailleurs de saisir le ministre de la culture, Frédéric Mitterand, sur la question.
Hier, les élus et membres de la commune, parmi lesquels Olivier Rivière, ainsi que le conseiller général Didier Dalleau se sont rendus sur le site pour constater de visu les premiers « travaux ».
Vers un parc à thème touristique
Pour la majorité municipale de Saint-Philippe, les travaux engagés n’ont jamais concerné les sépultures. En 2009, le site avait déjà été nettoyé dans le cadre d’un grand chantier d’insertion. Des pierres taillées avaient même été apportées de Sainte-Suzanne, après accords conclus entre les deux collectivités concernées. Mais ces pierres, qui devaient servir à reconstituer un certain nombre de tombes détruites par le temps, avaient finalement été stockées sur une partie du site sans avoir été utilisées. « Les pierres retrouvées dans les gravats ne font (donc) pas partie des pierres composant le site à l’origine » évoque les représentants de la commune.
Face à une levée de boucliers visiblement politique et associative, le maire Olivier Rivière souhaite calmer le jeu. Selon lui, il s’agit d’un nettoyage dédié à créer une voie d’accès. La municipalité compte d’ailleurs inscrire ce site au sein d’un parc à thème touristique dans la zone de Cap Méchant. « En aucun cas, il n’y aurait eu des tombes saccagées. On m’accuse même d’être un profanateur » précise le maire. En effet, sur le terrain partiellement en friche, nombreuses étaient les pierres à trainer au sol. Ce sont peut être ces dernières que les riverains ont retrouvé dans les gravats, racines et autres déchets verts, il y a quelques jours.
Affaire à suivre…