Sans aborder à nouveau le contexte économique et social tendu à la Réunion, la CAPEB (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) alerte les collectivités et le gouvernement sur les conséquences de la mainmise des multinationales dans tous les domaines d’activités. « Le pot de fer contre le pot de terre« , explique Théophane Narayanin, administrateur de la CAPEB.
La situation est particulièrement délicate pour les petites entreprises réunionnaises. « Côté marchés publics, c’est la loi du plus fort qui prédomine« , souligne-t-il. Une grande majorité des marchés publics est attribuée aux groupes Vinci et Colas. Dernier exemple en date, le chantier de la nouvelle route du Littoral. « Les PME restent désormais accroupies devant ces grands groupes, la main tendue, faisant l’aumône pour espérer que ces derniers daignent leur laisser quelques miettes de travaux à réaliser dans des conditions de prix et de délais exécrables, rendant impossible la survie de nos petites entreprises« , poursuit-il.
Des solutions existent pour les TPE/PME réunionnaises
« Tout le monde en parle. Personne n’agit. En cette période de crise, alors que les petites entreprises réunionnaises tombent les unes après les autres, les multinationales, elles, ne se sont jamais aussi bien portées, sans que cela rapporte pour autant aux Réunionnais« , avance-t-il.
La CAPEB avance des solutions pour les petites entreprises réunionnaises. Deux propositions sont présentées, celle du GIE (Groupements d’intérêts économiques) et la constitution de groupements solidaires. « L’avantage de ces organisations est qu’une grande entreprise puisse se porter garante de plus petites dans le cadre de l’exécution d’un marché public. Des petites entreprises qui, seules, ne pourraient satisfaire aux exigences contractuelles des marchés publics« , explique Théophane Narayanin avant d’ajouter « encore faut-il que l’acheteur public »joue le jeu » de la mise en concurrence afin de satisfaire à l’obligation du »mieux disant » et du dynamisme économique à soutenir« .
S’inspirer de l’Île Maurice
L’exemple mauricien est mis en avant par la confédération professionnelle. Chez nos voisins, si une grande entreprise ou un grand groupe souhaitent s’implanter, quelques règles sont à respecter. « Il faut faire un groupement avec une entreprise mauricienne, entrer au capitale d’une entreprise mauricienne ou agir en tant que sous-traitant d’une entreprise mauricienne« , précise-t-il.
« A la Réunion, nous devrions nous en inspirer au lieu de protéger et privilégier l’hégémonie des grands groupes multinationaux. Ni l’administration, ni nos hommes politiques ne font quoi que ce soit pour promouvoir nos entreprises locales en leur permettant notamment d’accéder aux marchés publics, et assurer un minimum d’activité leur permettant de boucler les fins de mois« , poursuit Théophane Narayanin.
Pour la CAPEB il est temps que les politiques changent la règle du jeu. « Nous devons être entendus, car sinon, d’autres moyens de communication sont à prévoir. Qu’on ne dise que nous n’avons pas tiré la sonnette d’alarme, qu’ils n’étaient pas au courant de la situation, de la faillite annoncée de nos petites entreprises. Cette situation est intolérable. Nous devons nous mobiliser. Il faut réformer le système« , conclut-il.