Peu après la publication de notre article concernant l’augmentation des tarifs du service de transport à la demande du Groupement d’insertion pour les personnes handicapées (GIHP), le président de cette association de loi 1901 reconnue d’utilité publique, Eric Turpin, a décroché son téléphone pour nous livrer de plus amples explications.
Cet organisme, créé à la Réunion en 1976, permet à quelque 2.000 usagers handicapés de bénéficier de transports adaptés pour le transport scolaire d’une part, et le transport à la demande d’autre part. Le GIHP a donc augmenté ses tarifs de transport à la demande, ces derniers passant de 1,50 euro le trajet à 25 euros de l’heure, le mercredi 22 janvier dernier, à la grande surprise des usagers.
Baisse chronique des subventions publiques
D’après Eric Turpin, la décision d’augmenter les tarifs avait pourtant été prise en juillet dernier, mais les adhérents n’ont pas été avertis. « Nous n’avons pas communiqué, explique-t-il. La communication n’a jamais été un de nos points forts et nous devons nous améliorer« , concède-t-il, reconnaissant à demi-mot une erreur dans la forme.
Sur le fond, qu’est-ce qui explique cette multiplication des tarifs ?L’association met en exergue la baisse progressive des subventions dont elle bénéficiait pour assurer son service de transport à la demande.
En 2014, le Conseil général, financeur principal, devrait attribuer 240.000 euros au GIHP, soit une baisse de 20% par rapport en 2013. On est loin des années fastes où le Département, comme en 2006 ou en 2004, attribuait respectivement une enveloppe de 500.000 euros ou même 800.000 euros.
Parallèlement, et conformément à la loi de 2005 sur l’accessibilité, qui exige que les transports publics soient adaptés aux personnes handicapées d’ici le 31 décembre 2014, les intercommunalités mettent en place leur propre service à destination des personnes handicapées.
C’est déjà le cas du TCO, qui a donc retiré sa subvention (de 43.500 euros) depuis deux ans. Et cette année de la CINOR, qui devrait mettre en place un service de transport à la demande en mars prochain. Conséquence pour le GIHP, une baisse de subvention de 45.000 euros. Quant au Conseil général, il prépare également l’adaptation de son réseau Car Jaunes au public handicapé pour 2015.
Outre l’enveloppe du Département, le GIHP dispose donc de financements de la part de la CIVIS et de la CASUD. Quant à la CIREST, « elle n’a jamais donné la moindre subvention. Pourtant nous assurons du transport à la demande dans l’Est« , explique Eric Turpin, qui ajoute : « On ne peut pas être responsables de tous les maux. Je ne jette la pierre à personne. Nous étions en situation monopolistique depuis de nombreuses années dans ce domaine« .
Eric Turpin favorable à l’organisation d’une table ronde
Du fait de cette baisse de subventions, le GIHP de la Réunion, qui est en déficit chronique depuis plusieurs années, affiche un endettement de 100.000 euros sur le transport à la demande en 2013. D’où l’augmentation des tarifs et un recentrage des activités de l’association. Désormais, le transport à la demande ne sera assuré que « dans les communautés d’agglomérations qui nous financent« . Toutefois, le président du GIHP admet que l’association « a manqué de clairvoyance : Les tarifs n’avaient pas augmenté depuis 2002. On aurait peut-être dû augmenter progressivement les tarifs au fil des années« .
Il juge d’ailleurs positif que les intercommunalités et le Conseil général adaptent enfin leurs transports au public handicapé. Et souhaiterait l’organisation « qu’une table ronde » sur la problématique du transport des personnes handicapées à la Réunion soit organisée prochainement, avec l’ensemble des acteurs concernés.
Par ailleurs, le GIHP envisage désormais d’élaborer un projet associatif et de faire appel à des financeurs privés afin de renflouer ses caisses.