Le Sénat est repassé à droite hier, après trois ans d’une alternance d’une médiocrité exceptionnelle, dont le président socialiste, Jean-Pierre Bel, a tiré les conséquences en annonçant depuis plusieurs mois son intention de ne pas se représenter. Et comme de bien entendu, son ami François Hollande lui a déjà déniché un emploi fictif hautement rémunéré dans un des placards dorés de l’Etat…
Le retour de la droite, voilà qui ne constitue en rien une surprise, après la déroute des socialistes aux dernières municipales et l’impopularité de François Hollande et de son gouvernement aggravée par les dernières affaires qui ont surgi. Qu’il s’agisse du livre de Valérie Trierweiler ou de cet éphémère ministre, dont on finira par se demander à qui finalement ne doit-il pas d’argent !
La surprise, c’est l’entrée au Palais du Luxembourg de deux sénateurs Front national. Une surprise mathématique, car ils ont pu rallier des voix bien au delà des rangs de leurs seuls grands électeurs, mais certainement pas une surprise politique tant la situation de décomposition que connaît La France, et particulièrement de ses élites, jouent pour Marine Le Pen et les siens. Pour 2017 le pire n’est plus à exclure…
Voilà qui fait de Paul Vergès, doyen d’âge des sénateurs, 89 ans depuis le 5 mars, incontestablement le héros de la semaine qui s’ouvre. C’est vers lui que tous les regards vont se tourner. C’est lui qui a présidé au passage historique du Sénat à Gauche, pour la première fois de son histoire, il y a 3 ans. C’est pour cette raison a-t-il d’ailleurs expliqué, qu’il avait entendu les pressions de ses amis antillais et les demandes du Parti socialiste qui l’auraient prié de ne pas démissionner, conformément à son engagement au soir de son élection. De telles suppliques pour un tel événement inédit dans l’histoire de la Vème République ne se rejettent pas et Paul Vergès s’est sacrifié. Ses électeurs et Gélita Hoarau allaient devoir patienter 3 ans, ce qu’ils n’avaient sans doute pas prévu !
Paul Vergès voyant loin, c’est donc encore lui, aucun parti n’ayant eu l’idée saugrenue de présenter un candidat éligible nonagénaire pour ce renouvellement, qui va présider au retour de la Droite au Sénat cette semaine. On imagine son bonheur et pour rien au monde il ne cédera sa place à Serge Dassault, son cadet d’un mois, qui aurait également aimé présider la séance inaugurale du Sénat. Notons en passant qu’il n’y a « que » 63 ans qui séparent Paul Vergès du benjamin de l’Assemblée, le sénateur FN du Var, David Rachline. Ce qui permet à Marine Le Pen d’expliquer habilement que son parti est l’espoir de la jeunesse !
Présider pour la deuxième fois le Sénat, fût-ce au bénéfice de l’âge, est un exploit peu banal. Dès lors, on comprend mieux pourquoi Paul Vergès n’a toujours pas respecté son engagement de démissionner. Faire la leçon à ces socialistes, et à ce président de la République, qu’il vilipende désormais, est une satisfaction qui rachète tous les humiliations du PCR. Lui qui a toujours rêvé d’être ministre de La République, le voilà deuxième personnage de l’Etat pour la seconde fois en trois ans, entrant ainsi dans la grande histoire de la Vème République… Paul Vergès aura été ainsi le second élu originaire d’un département d’outre-mer, après le Guyanais Gaston Monnerville, à présider le Sénat, même s’il n’y a pas de comparaison entre la durée de leurs mandats respectifs.
Après un tel exploit, nul doute qu’il ne trouvera plus guère de satisfaction à redevenir simple sénateur et qu’il pourra enfin tenir son engagement : démissionner du Sénat !