« Il y a urgence, car le CETA doit être adopté par le Conseil européen le 18 octobre, avec une potentielle application dès le début 2017 »
, indique en préambule Perceval Gaillard, aux côtés du président de l’association Didier Bourse, d’Olivier Cassard et d’Alain Mouetaux. « Ce samedi 15 octobre, il y a grande mobilisation, en France et en Espagne » ajoute-il, précisant au passage qu’une manifestation pour la même cause a déjà rassemblé 300.000 personnes en Allemagne.Pour les membres d’Attac, qui combattent depuis le départ le projet du TAFTA (traité de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis), le CETA ne serait en réalité qu’un « cheval de Troie » pour faire « entrer ce traité transatlantique ». « Car 80% des entreprises situées au Canada ont des liens juridiques avec les Etats-Unis. Cet accord est un TAFTA déguisé, un cheval de Troie de la libéralisation généralisée », se scandalisent-ils.
L’émergence de tribunaux privés, qui permettent aux multinationales de porter plainte contre les Etats dès qu’une règle porte atteinte à leur profit, est jugée scandaleuse. « D’autant plus que les Etats ne pourront pas, eux, porter plainte contre les multinationales », complète Didier Bourse, soulignant que la problématique est déjà existante avec certains traités bilatéraux. « Quand un Etat est attaqué, il se défend, et ça coûte très cher », poursuit-il. « Le risque est aussi que cela conditionne les politiques nationales. Les gouvernements pourraient reculer, par crainte de se voir attaquer » .
« Le Canada, 3ème producteur d’OGM »
La privatisation du secteur public, avec une généralisation du privé, fait aussi grincer des dents. « Tout sera privatisable, sauf une liste établie par les Etats. Tous les nouveaux secteurs seront ainsi d’office privatisés. Par ailleurs, tout secteur privatisé ne pourra plus repasser dans le public », indiquent-ils, inquiets d’une telle mise en concurrence des entreprises.
Pour Attac, c’est la démocratie qui est directement en danger, avec la prise de pouvoir des multinationales et gros lobbyistes. « Les entreprises et gros lobbyistes vont pouvoir co-écrire la réglementation », alertent-ils. « C’est la démocratie qui doit prendre le pas, ce ne sont pas aux multinationales de dire aux Etats ce qu’ils doivent faire ».
D’un point de vue concret, les militants altermondialistes tiennent à tirer la sonnette d’alarme sur les conséquences sociales, sanitaires et écologiques : « Un tel traité génère d’importantes pertes d’emplois. De nombreuses PME vont devoir mettre la clé sous la porte« , soulèvent-ils d’une part. D’autre part, ils soulignent que « cet accord entraîne une baisse des normes sanitaires agricoles. La législation du Canada est plus souple, notamment pour ce qui concerne les pesticides, et on sait que le pays est le 3ème producteur d’OGM. Le principe de précaution vole en éclat » .
Des élus trop silencieux sur la question
A La Réunion, c’est surtout le secteur de l’agriculture qui inquiète les membres d’Attac. « Le projet supprime 99% des taxes douanières. C’est l’octroi de mer qui sera directement en ligne de mire, alors que c’est le seul outil de protection de la production locale. Le marché sera libéralisé ».
« Il est étrange qu’on n’entende pas nos élus sur ce point », regrette à ce propos Perceval Gaillard. « Nous avons adressés des courriers aux députés, seule Monique Orphé a répondu, mais en faveur du CETA », poursuit Olivier Cassard, estimant que l’élue ne « voit pas le danger ».
Les militants aimeraient que les élus réunionnais déclarent leur commune, circonscription ou région « hors TAFTA ». Un geste symbolique qui serait selon eux un premier pas vers une prise de conscience collective.