C’est par une altercation à la barre entre la victime et le Bâtonnier Georges-André Hoarau qu’a débuté cette deuxième et dernière journée d’audience. « Si votre client ne m’avait pas violée, je n’aurais pas subi une IVG ».
La jeune fille a été violée pendant un an par Anthony Marot, la maman avait participé aux ébats. Si la culpabilité de Marot est reconnu puisqu’il plaide coupable, le problème est de situer la responsabilité de la mère, victime ou complice?
La bâtonnier aurait voulu que les jurés voient les photos pornographiques de la jeune fille et de sa mère. Photos qui valent toutes les plaidoiries, selon lui, puisque les deux femmes apparaissent souriantes dessus, dévêtues dans des tenues équivoques et des positions à la limite de l’acceptable.
Maître Brigitte Hoarau ouvre les plaidoiries : « C’est avec émotion que je prends la parole car les mots sont lourds, difficiles. Encore plus difficile car il s’agit d’une enfant de 13 ans au moment des faits. L’accusé reconnait à moitié et se réfugie derrière sa maladie, derrière une responsabilité de la mère de la victime ».
Il y a une double souffrance pour la victime. Elle voit sa mère sur le banc des accusés, cette mère qui n’a pas eu une attitude adaptée et puis celui qu‘elle nommait « Patrice », qui s’est immiscé dans sa vie. Il reconnait que coucher avec une mineure de moins de quinze ans pour un adulte est un crime mais ne reconnait pas réellement les faits.
Monsieur Marot ne s’est pas présenté sous son vrai nom. Son côté obscur, c’est m’a cliente qui l’a connu. En aucun cas sa maladie n’est une excuse. Il a une emprise sur une enfant et se sert du climat familial pathogène pour arriver à ses fins. Il faut qu’il assume ses responsabilités. Il a franchi la barrière, il s’y trouvait bien. Sa maladie n’est qu’un prétexte.
Aujourd’hui cette jeune fille a peur de la vie car la vie ne l’a pas protégée. Elle s’est émancipée à 17 ans, a eu un enfant et à besoin d’apporter à cet enfant la protection qui lui a manquée.
« Une mère dénaturée »
L’avocat général entame ses réquisitions. « L’image qui restera est celle de cette gamine d’à peine 16 ans qui se retrouve seule devant 2 adultes, son violeur, et sa mère qui devait la protéger mais qui la laisse subir. C’est une « mère dénaturée ».
Il poursuit : « Je suis choqué par cette image d’une mère prenant le sexe de ce bonhomme, pour le mettre dans la bouche de sa fille. La victime a tenté hier de défendre sa mère, alors que celle-ci en a été incapable. Il y a une inversion des rôles ».
« Mais quelle que soit la complicité de cette mère, c’est monsieur Marot le violeur. Cette relation me fait penser au film « Lolita ». Le passage de l’homme gentil à l’homme méchant s’est fait progressivement. Il y a eu une mise en place d’un scénario pervers. Il s’incruste dans la famille, se rend indispensable jusqu’au jour où il profite de la situation ».
L’avocat général requiert 10 ans à l’encontre de Monsieur Marot, 2 ans pour la mère de la victime.
Maître Frédéric Hoarau, pour la défense de la maman, continue les plaidoiries. « Dès sa première audition, ma cliente a dit ‘on a fait des photos. Il nous demandait de sourir et on a sourit sur les photos’. Pendant l’instruction, pendant plus d’un an, elle a le statut de victime alors qu’on sait qu’elle n’a pas dénoncé les faits. C’est à partir du moment où le juge voit effectivement ces photos où elle sourit, qu’il l’accuse. Est-ce que ces photos suffisent à démontrer que ma cliente était d’accord? (…) Elle n’a pas porté plainte car elle était terrorisée. Elle ne sortait plus Elle a essayé de parler mais n’y est pas arrivée. Elle a eu raison d’avoir peur qu’il diffuse les photos car il a finit par le faire ».
Les jurés ont suivi les réquisitions. La maman a été reconnue coupable et entre en prison pour 2 ans. Anthony Marot, le violeur, écope de 10 ans de prison. Voyant sa mère qui comparaissait libre, partir en prison, la victime s’effondre.