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Assises : 5 ans de réclusion criminelle, il en risquait 30….

Jean-Michel Sellambaye, 34 ans, comparaissait hier devant la cour d’Assises pour le meurtre de son oncle. Les jurés devaient dire à l’issue du procès s’il devait être ou non jugé irresponsable. Pour Maître Vincent Hoarau, son client souffre de symptômes épileptoïdes. Il a été dans le coma suite à des crises d’épilepsies et depuis, son […]

Ecrit par Emmanuelle Bouveret – le samedi 25 juin 2011 à 07H44

Jean-Michel Sellambaye, 34 ans, comparaissait hier devant la cour d’Assises pour le meurtre de son oncle. Les jurés devaient dire à l’issue du procès s’il devait être ou non jugé irresponsable. Pour Maître Vincent Hoarau, son client souffre de symptômes épileptoïdes. Il a été dans le coma suite à des crises d’épilepsies et depuis, son état mental ne cesse de régresser. Malheureusement pour la défense, le seul expert à avoir diagnostiqué une irresponsabilité pénale ne pourra témoigner pour cause de vacances dans les Caraïbes…

Pour rappel des faits, dans la nuit du 26 au 27 avril 2008, Jean-Michel avait porté plusieurs coups, avec un cadre, un balai et une statuette sur son oncle Jean-Jacques Andriana, 44 ans, avant de lui asséner des coups de pied.  Le motif de la dispute : son oncle aurait refusé de lui donner une cigarette ! Sous l’effet conjugué de l’alcool, du zamal et et de l’artane qu’il consommait régulièrement, Jean-Michel, une fois les coups portés, a alors pris le matelas dans la chambre où son oncle gisait à terre et est parti dormir dans sa chambre.

Les deux hommes avaient en commun leur maladie épileptique, ils étaient seuls et n’avaient pas d’enfants. Ils vivaient dans une petite case en tôle crasseuse où les avait recueilli la grand-mère de Jean-Michel et la mère de Jean-Jacques.

Hier matin ont témoigné à la barre le médecin légiste et un médecin généraliste ayant étudié le dossier médical de Jean-Jacques Andriana. Celui-ci était également épileptique et souffrait aussi d’une dépendance à l’alcool. Il a dû subir des interventions neurochirurgicales en 2006 pour des œdèmes sous-duraux. Son traitement médicamenteux a pu l’affaiblir face aux coups portés par son neveu.

Jean-Michel Sellambaye a été décrit comme quelqu’un  de violent, depuis son jeune âge.

Une partie de l’explication de son passage à l’acte se trouve peut être dans son enfance. Il n’a pas connu son père, décédé. Il a découvert le corps du père de son frère alors qu’il n’avait que 5 ans. Quand leur mère se remarie, les garçons subissent des maltraitances morales et sexuelles de la part du "petit père". Son frère est venu à la barre pour en témoigner. Même si l’enquête à l’époque n’a pas abouti, il a réaffirmé à l’audience que les faits étaient fondés. Les deux frères ont été placés en familles d’accueil, puis Jean-Michel est venu habiter chez sa grand-mère. Il aurait énormément souffert de l’abandon de sa mère. Il avait à l’époque été condamné pour lui avoir asséné un coup de marteau. Hier matin, cette maman c’est rendue spontanément à la barre, sans un regard pour Jean-Michel, expliquant que depuis petit il était mauvais. Jean-Michel s’est effondré. Ca a été le moment fort de la matinée qui a résumé la souffrance d’un homme privé de l’amour d’une mère. L’avocat général lui a d’ailleurs demandé pourquoi elle n’avait pas rendu visite à son fils en prison.

 Le frère expliquait hors audience que Jean-Michel avait pu devenir fou à la suite des maltraitances qu’il avait subies pendant des années de la part de sa mère et de son "petit père", comme l’obligation qui lui était faite de manger dans la gamelle du chien. D’où le coup de marteau à l’époque…

L’ex-épouse, Isabelle est venue également témoigner de la violence de Jean-Michel quand celui-ci ne prenait pas ses médicaments et de son attachement à sa grand-mère. Le couple s’était rencontré lors d’un séjour en hôpital psychiatrique, Jean-Michel en ayant effectué plusieurs.

Hier matin le président a interrogé Jean-Michel Sellambaye. Il ne semblait garder aucun souvenir, n’avait plus la notion des années passées en prison. Il ne savait pas où il était incarcéré, et n’était pas cohérent dans ses réponses. Il dit avoir tué son oncle pour une cigarette mais ne semble pas se rappeler des faits. C’est le juge qui les lui rappellera. Il acquiesce mais semble être ailleurs. "Vouliez-vous tuer votre oncle ?", lui demande le président. "Non, j’étais énervé mais je ne voulais pas le tuer", répond l’accusé.

Lorsque le Président demande au frère de Jean-Michel s’il a quelque chose à ajouter, ce dernier répond : "La place de mon frère n’est pas en prison mais dans un centre hospitalier. Il a besoin de soins".

Au sortir de l’audience à la fin de la matinée, les proches ont reconnu qu’ils étaient tous responsables car ils auraient dû aider Jean-Michel qu’ils savaient faible psychologiquement, et qui n’avait que la violence comme mode d’extériorisation de sa souffrance.

Au cours des débats de l’après midi, on a pu voir des experts se contredisant. Ils ont déclaré l’accusé apte à une sanction pénale mais ont demandé à ce que soit pris en compte dans la sentence l’altération du jugement. Aucun signe clinique ne venant étayer l’hypothèse d’une crise epileptoïque, telle que morsure de la langue ou trace d’urine.

La plaidoirie de la partie civile mettra en avant la "chronique d’un désastre annoncé". Pour Maître Anilha, difficile d’accabler plus la victime. Compte tenu de son passé, des conditions dans lesquelles il vivait au moment des faits, de sa maladie et de son état mental qui régresse, il faut une peine juste, selon elle. Elle en a profité pour rappeller aux jurés que la partie civile et la défense ne sont pas adversaires, elles veulent toutes les deux la vérité et la justice.

L’avocat général Heller a rappellé les faits, les traces de sang sur le corps de la victime visibles sur les photos soumises aux jurés. Photos insoutenables. Reprenant les propos de l’un des experts, l’accusé selon lui, fait preuve de discernement et n’est pas fou. Mais compte tenu de son passé, de sa maladie et de l’altération de son jugement, il a requis 8 à 10 ans d’emprisonnement.

Pour Maître Vincent Hoarau, il y aurait bien sûr du y avoir un travail de fait en amont. Aujourd’hui en prison, s’il ne demande pas de suivi thérapeutique, il reçoit juste un traitement médicamenteux. Pour lui son client doit être reconnu irresponsable pénalement et envoyé en hôpital psychiatrique, structure qui n’existe pas à la Réunion. Il souligne les quatre entretiens avec le juge d’instruction, où à chaque fois, Jean-Michel n’a reconnu ni son avocat, ni le magistrat. Il traîne le fardeau de son enfance depuis trop longtemps. Sa place, selon l’avocat, n’est pas avec des criminels mais en unité de soins. Maître Hoarau souligne l’humanité de son client dont le visage s’est illuminé pendant l’audience en apercevant son frère, avant qu’il ne s’effondre en larmes. Il a des émotions, des sentiments humains, il peut être réinséré, a conclu l’avocat.

Les jurés ont délibéré moins d’une heure. 5 ans de prison dont 3 déjà passés en détention provisoire. Dans quelques mois, Jean-Michel Sellambaye pourra préparer sa sortie, sans obligation de soins….

 

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