Un nouveau directeur a été désigné à la tête de l’Association Réunionnaise de Développement de l’Aquaculture en juin dernier en remplacement de Pierre Bosc, démissionnaire, partie au terme d’une rupture conventionnelle.
La Région semble, de son côté, résolue à tourner la page. Un tour d’horizon des aquaculteurs de la place laisse aussi transparaître des discours plus optimistes qu’il y a quelques mois même si des réserves persistent.
Professionnel à Sainte-Suzanne, Hervé Sinama est de cela. « C’est une filière qu’il faut absolument soutenir, qui est en plein boom dans le monde », exhorte-t-il. Les relations houleuses avec l’Arda, il les range au rayon du passé désormais. « L’Arda nous fournissait les juvéniles et avait pour mission de développer la filière, ça c’est bien passé comme ça dans les premières années mais après il n’y a plus eu de suivi », regrette-t-il.
Hervé Sinama compte désormais sur la mise en place d’un technicien diligenté par la Région pour faire repartir la filière. « C’est un spécialiste qui travaille en Afrique et qui vient tous les 4 mois nous donner des conseils », avise-t-il.
De l’autre côté de l’île, à l’Etang-Salé, Max Dyckerhoff éleveur aquacole, se félicite des premiers contacts avec le nouveau directeur mais ne passe pas non plus sous silence les conclusions d’un rapport sur la filière qui fait état d’une situation catastrophique. L’éleveur de l’Etang-Salé n’est pas surpris mais se désole simplement que cet audit n’en soit resté qu’à l’évaluation de la filière sans évoquer précisément le rôle joué par l’Arda dans sa chute, surtout lorsque celle-ci « a fait couler la coopérative aquacole – un outil qui marchait bien – à partir de 2007 lorsqu’elle est devenue actionnaire de la SAM » (société aquacole des mascareignes).
Les aquaculteurs réunionnais, qui ne se comptent plus que sur les doigts d’une seule main (4 voire un 5e qui souhaite se relancer), cristallisent désormais leurs attentes autour de l’étape fondamentale que constitue la production de juvéniles. « Une filière est envisageable que lorsque l’on aura assuré cette question », répète en forme de message aussi destiné à la Région, Max Dyckerhoff. Un courrier en ce sens doit être envoyé en milieu de semaine prochaine pour le rappeler. Nous aurons l’occasion d’y revenir. « Je préfère en garder le contenu aux destinataires pour l’instant », formule l’aquaculteur.
« Responsabiliser les aquaculteurs »
« Nous avons tenu quatre réunions avec les professionnels », avise Emmanuel Tessier, le nouveau directeur de l’Arda et ex-directeur de la réserve naturelle marine de la Réunion. En poste depuis juin, il prend ses marques tout en ayant à l’esprit de « trouver un équilibre entre les deux interfaces de l’Arda, entre centre de recherche et production ».
La communication officielle est assurée par la conseillère régionale Colette Caderby, présidente de l’Arda. « Nous voulons responsabiliser les aquaculteurs sur leurs propres bassins ». Des difficultés de trésorerie mises en avant par les professionnels lors de leur mouvement de grogne de début d’année, Colette Caderby affirme qu’une remise gracieuse d’alevins a été faite. Le temps de voir passer l’orage avant d’envisager 2015 sous de meilleures perspectives.
« Il n’y a plus de poissons actuellement sur les étales », fait savoir Max Dyckerhoff, dépité mais prêt à rebondir. Il espère désormais que l’Arda privilégiera la production locale. « L’Arda a toujours oublié notre pays. C’est très bien la coopération dans la zone, la coopération régionale, mais l’essentiel à sauvegarder est ici. Il n’y a rien du tout à la Réunion sauf sur l’aspect recherche où là, oui, des millions ont été injectés effectivement ».
« Nous voulons donner un nouveau souffle à la filière », poursuit la conseillère régionale en charge de la filière.