Les syndicats étudiants savaient à quelle porte frapper. En sollicitant l’attention de la députée-maire de Saint-Paul, ils savaient qu’ils auraient un appui parlementaire de poids. Huguette Bello, après avoir dénoncé l’attitude du conseil d’administration de l’Université de la Réunion, a promis d’interpeller la ministre Valérie Pécresse à ce sujet.
Le coût d’un redoublement
Une aide à la cause étudiante qui va au-delà de son cadre de parlementaire puisque « ce sujet est hautement défendable quand on pense à l’avenir d’un pays », argumente-elle. Les chiffres énoncés révèlent selon elle l’inopportunité de la suppression des sessions de rattrapage dans certaines filières. « A la Réunion, un étudiant sur deux est boursier. Et dans cette frange de boursiers, 70% le sont à l’échelon maximum ». Un autre record réunionnais qui mériterait d’accorder une seconde chance aux étudiants malheureux en première intention ?
« Ce qui doit nous guider, c’est le coût car un étudiant boursier qui n’a plus de rattrapage c’est un étudiant dont le logement et la bourse ne seront peut-être plus reconduits pour une nouvelle année redoublée. Je ne comprends pas cette décision ». Reprenant presque mot pour mot ses invectives à l’encontre du Recteur, Huguette Bello s’est, cette fois attaquée à « Monsieur Rochdi qui comme le Recteur partira dans quelques années en laissant derrière lui un système éducatif au plus mal. Ce qui m’étonne le plus c’est que cette décision ait été prise localement et non à Paris alors que ces personnes (celles qui ont participé à ce conseil d’administration) connaissent la situation locale », poursuit toujours aussi vindicative Huguette Bello.
Un point de vue largement partagé par les trois représentations d’étudiants présentes à cette réunion (Force Étudiante Réunion, Association Étudiante Réunir-Cé et Mouvement des Étudiants) à l’exception notoire de l’UNEF pourtant invitée.
« Quelles sont les personnes, les professeurs, les politiques aussi qui siègent dans ce conseil d’administration qui ont pu prendre une telle décision ? », questionne Huguette Bello. Une suppression des rattrapages qui est également reprise dans une dizaine d’universités métropolitaines. « Mais la Réunion ne doit pas entrer dans ce cadre », selon l’élue saint-pauloise.
Maintenir la pression… dès lundi
« On nous oppose rattrapage contre réussite des étudiants. C’est archi faux », continue Ranjit Camalon, élu de Force Étudiante Réunion. « On peut avoir plein de coups durs dans la vie. Passer par des rattrapages ne signifie pas pour autant que l’on est mauvais », selon lui. Pour preuve, les étudiants brandissent les chiffres de 2010 : « 25% des admis en licence (ndlr : en cumulé L1 L2 et L3) l’ont été via le rattrapage ».
Dans les jours qui viennent, les représentations d’étudiants comptent bien continuer à interpeller le plus possible d’élus. Pourtant, les regards se tournent irrémédiablement vers l’Université et son président. « On compte pourquoi pas provoquer un conseil d’administration extraordinaire », précise Ranjit Camalon.
Plus proche dans le temps, les étudiants iront se rappeler au bon souvenir de la commission des directeurs de composantes qui se réunira lundi matin. S’en suivra « une AG lundi soir », soutient Sébastien Bouchier, le président de l’Association Etudiante Réunir-Cé.