Quel bilan tirez-vous de ces élections législatives pour votre mouvement à La Réunion ?
Un bilan assez mitigé car, comme vous le savez, aucun des candidats investis LREM n’a été élu. Malgré cela, certains candidats ont obtenu de bons scores et nous avons deux députés Macron-compatibles.
Contrairement à la métropole, nous n’avons pas assisté à un raz-de-marée LREM durant ces élections dans l’île… Comment l’expliquez-vous ? « L’anonymat » de certains de vos candidats ?
Je ne pense pas que les Réunionnais votent à contre-courant contrairement à ce qui a trop souvent été dit. Très peu de personnes ont choisi de se déplacer. Celles qui sont allées voter ont choisi des candidats qu’elle connaissaient déjà et qui étaient, en majorité, portés par des maires ou/et des présidents de Région et de Département. Les candidates LREM de la société civile avaient toutes face à elles de grosses machines contre lesquelles, même avec la meilleure volonté, elles n’auraient pas pu faire face. Nous avions peu de moyens et rien à promettre. Ajouté à cela, le déficit de notoriété à rattraper en 3 semaines…
Le taux d’abstention important doit aussi être pris en considération. Il ne signifie pas un désintérêt des Réunionnais mais plutôt un sentiment d’être incompris. Tous les partis doivent se remettre en cause. La REM aussi devra parvenir à rassurer ces personnes.
Nous avons d’un côté des candidats officiels LREM battus et dans l’autre, deux candidats qui n’ont pas obtenu l’investiture LREM mais qui se disent Macron-compatibles, être réélus députés. Comment porter la voix des macronistes dans l’île face à tant de divisions, notamment avec Thierry Robert, très critique dimanche soir sur les choix de votre mouvement durant ces législatives ?
Nous voyons bien que tous les candidats Macron-compatibles n’ont pas été élus (sur la 1ère et la 3ème circonscription notamment). Seuls ceux qui avaient déjà une forte notoriété : une ancienne ministre et un député sortant ont été élus. Les Réunionnais les ont choisis pour son bilan pour la première et pour sa personnalité pour le second, plus que pour leur Macron-compatibilité qui était, à mon avis, accessoire.
Concernant les divisions : au niveau national également, les politiques et la société civile ont eu parfois du mal à trouver un terrain d’entente. Ce n’est pas évident pour des politiques expérimentés de se retrouver face à des personnes qui leur paraissaient novices et qui se disent vouloir révolutionner le système politique! Nous devons continuer à travailler ensemble et comme dans un couple, faire des concessions et trouver chacun notre place afin que le quinquennat soit une réussite. N’oublions pas que si le Président de la République échoue, dans 5 ans, le Front National sera au pouvoir.
Sur les choix de notre mouvement avant et pendant les législatives: clairement, nous n’avons eu aucun pouvoir de décision au niveau local et nous avons subi les décisions de la commission d’investiture. C’est d’ailleurs ce qui a créé énormément de frustrations chez certaines personnes ayant postulé. Le « switch » aléatoire des circonscriptions notamment était difficilement compréhensible. Certaines des candidates investies n’ont pas été mises dans la meilleure position pour gagner. Je suis persuadée que le bilan mitigé de la LREM pour les législatives à La Réunion favorisera une prise en compte, au niveau national, de nos spécificités. Il faut donc faire contre mauvaise fortune bon coeur, les réalités de notre département vont être prises en considération très tôt dans ce quinquennat!
Comment le mouvement En marche ! compte-t-il se structurer dans les prochains mois ?
Les candidates LREM vont avoir un rôle important à jouer. Elles ne l’ont pas emporté mais ont pu fédérer un nombre important de personnes autour de leur candidature. Il y a donc un véritable besoin de LREM à la Réunion. Nous devons y répondre : un congrès devrait avoir lieu en juillet prochain afin de déterminer une nouvelle structuration de la REM. En attendant, nous travaillerons avec la population sur des propositions dans le cadre de la moralisation de la vie publique et surtout nous serons partie prenante aux assises des Outre-mer qui auront lieu avant la fin de l’année.