Le conseil communautaire du Territoire de la côte ouest mettait aux voix hier soir une nouvelle affaire traitant du projet Ecocité. Autrement dit, l’aménagement par les collectivités de la dernière grande zone foncière que compte La Réunion.
Plutôt technique, l’ordre du jour portait sur « l’autorisation des élus à déléguer au bureau communautaire la signature de protocoles d’un projet urbain partenarial (PUP) du projet Ecocité ». Dans les faits, la mise en route d’un PUP ébranle, selon l’opposition, l’esprit même de l’intérêt général porté depuis bientôt quatorze ans dans ce dossier.
Face aux blocages, le TCO propose ni plus ni moins une tactique d’évitement de procédures judiciaires qui mettent à mal son intention « d’aller vite » comme l’a contextualisé le DGS Christian Papoussamy. La fenêtre de tir qu’offre la Zone d’aménagement différé (ZAD) court jusqu’au 20 avril.
Le deal proposé par le TCO aux propriétaires de la zone Cambaie-Omega tient en trois points. 75% de la surface de leur bien foncier seront rachetés à la valeur déterminée par les Domaines. Pas de quoi s’en tirer à bon compte puisque les prix de ces terrains pour l’heure non constructibles vont de 0,50 cts à 5 euros le mètre carré…
Les 25% résiduels laisseraient aux propriétaires l’opportunité de devenir « investisseurs » dans ce projet en réalisant par exemple un programme immobilier « compatible avec l’opération Ecocité ».
Face à ce geste, le TCO espère des propriétaires aujourd’hui engagés dans des procédures judiciaires, « leur désistement dans les recours » intentés, tant devant le juge administratif que le TGI.
Pour la direction du TCO, ces conditions de négociation sont mises sur la table « pour que ces protocoles de PUP puissent demain prendre forme et vite ! » En langage non technocratique, c’est une procédure à l’amiable que tente de négocier l’intercommunalité.
« Nous n’avons rien à cacher »
L’opposition PLR trouve à y redire. Tout d’abord sur la forme, le PUP avait été écarté il y a quelques années car il ne collait pas à la complexité du dossier, signale Emmanuel Séraphin, conseiller communautaire d’opposition (Saint-Paul).
Dans l’esprit, enfin, cette faveur accordée aux propriétaires de pouvoir intégrer le programme d’aménagement à hauteur de 25%, piétine l’engagement originel de faire de cette zone une vitrine de la force publique en matière d’aménagement. Une intention balisée par l’arrêté de Déclaration d’utilité publique signé le 13 mars 2014 par le préfet.
« On a mis en place pendant quatorze ans une ZAD empêchant toute flambée spéculative et aujourd’hui, ce qu’on nous propose, c’est de remettre la spéculation à l’intérieur d’un espace qui est d’intérêt général », soutient Emmanuel Séraphin.
L’ancien adjoint à l’urbanisme de la maire de Saint-Paul déplore aussi la méthode employée par le président du TCO. « En dessaisissant le conseil communautaire de cette question, on encourage aujourd’hui des discussions de derrière la cuisine ? Est-ce qu’on a des choses à cacher ? » demande-t-il.
« Nous n’avons rien à cacher », intervient Joseph Sinimalé qui rappelle à l’opposition qu’il a fait avancer ce dossier, « et bien » , depuis onze mois. La déclaration d’utilité publique précède d’ailleurs sa prise de pouvoir. « Sur ce point, je suis tranquille », assure Joseph Sinimalé. Face à la nouvelle charge du PLR contre le projet de supermarché Auchan dans le périmètre Ecocité, le président du TCO a de nouveau appuyé son choix. « Je suis pour le projet Auchan ! », mentionne-t-il tout en précisant que, sur le plan de la transparence, « chaque pas effectué donnera lieu à la mise en place d’une commission ».
Pas suffisant pour lever leur suspicion. L’opposition PLR de Saint-Paul, clairsemée, a voté contre.