L’Institut national de prévention d’éducation pour la santé (lnpes) vient de publier un ouvrage : l’Atlas des usages de substances psychoactives 2010 (disponible en pièce jointe en bas de l’article, ndlr).
Ce livre propose une cartographie et une analyse des modes de consommation régionaux d’alcool, de tabac et de drogues illicites, avec un focus sur les pratiques des 15-30 ans. Un ouvrage conçu par l’Institut à partir des données issues de son [Baromètre santé 2010]url:http://www.inpes.sante.fr/Barometres/barometre-sante-2010/index.asp *.
On y apprend notamment qu’en France, la proportion de buveurs réguliers est passée de 15 % en 2005 à 11 % en 2010 avec des différences significatives entre régions. Qu’en 2010, près de trois Français sur dix (29 %) étaient des fumeurs de tabac quotidiens. Et que le cannabis était, de loin, la drogue illicite la plus consommée en France, mais que son usage reste stable.
Outre-mer, des résultats plus faibles comparés à la métropole
L’ouvrage s’est également intéressé à l’outre-mer et à la Réunion, puisqu’il dévoile les « grandes tendances » de la consommation de ces produits dans le DOM. « Outre-mer, les résultats plus faibles comparés à la métropole contredisent les préjugés courants à propos de ces territoires et confirment les résultats bien établis par la répétition des enquêtes locales sur le sujet »
Les auteurs de l’ouvrage constatent « un manque de données épidémiologiques sur les addictions dans les départements d’outre-mer (DOM) en population adulte, en particulier pour tout ce qui relève des enquêtes en population générale (…) En revanche, plusieurs enquêtes ont été menées en population adolescente, scolarisée ou non« .
La « grande précocité » des ados réunionnais
« Concernant les adolescents, le constat majeur est celui d’une population globalement moins concernée par les différentes pratiques addictives, comparée à la situation métropolitaine. Ce constat est vrai pour tous les indicateurs et pour tous les départements, avec quelques nuances toutefois », soulignent les auteurs dans leur ouvrage.
Les indicateurs d’alcoolisation (régulière ou ponctuelle importante) sont « très proches dans les quatre DOM, à des niveaux très inférieurs à ceux observés en métropole. Si le tabagisme est deux à trois fois moins fréquent qu’en métropole, il apparaît au sein des DOM un peu plus élevé à la Réunion et en Martinique« .
« Il faut néanmoins souligner une plus grande précocité des consommations à la Réunion, puisqu’à 13 ans, 31 % des jeunes déclarent avoir déjà été ivres (contre 16 % en métropole), 5 % fument quotidiennement (contre 2 % en métropole) et 9 % ont déjà expérimenté le cannabis (contre 5 % en métropole) », détaille l’Inpes.
« S’il est tenu compte du fait que la précocité d’entrée dans les usages est un marqueur majeur du risque de basculement dans des usages problématiques, il y a là certainement un enjeu de prévention dès le début du collège, au moins à la Réunion », poursuit l’étude.
Chez les adultes, l’alcool, le cannabis et le tabac moins consommés
Chez les adultes, d’après l’Inpes, « les produits phares » en outre-mer sont, comme en métropole, l’alcool et le cannabis, « ce dernier étant toutefois moins consommé qu’en métropole, même si très accessible« .
« L’usage du cannabis apparaît pour sa part à des niveaux assez bas, avec 4-5% de consommation au cours de l’année parmi les adultes de Martinique et de la Réunion, soit moitié moins qu’en métropole« .
« Le tabac s’avère bien moins consommé qu’en métropole (…). Lorsque des données d’évolution sont disponibles, comme à la Réunion, le tabagisme est apparu en baisse au début des années 2000« .
Pour les auteurs de l’ouvrage, « l’alcool est sans doute le produit qui pose le plus de problème dans les DOM en termes de santé publique. Il faut noter que le rhum n’est pas le produit le plus couramment consommé, d’autres produits alcoolisés comme le whisky et surtout la bière étant plus courants ».
« L’autre problème rencontré est la présence, d’une polyconsommation incluant en particulier le cannabis (très majoritairement sous forme d’herbe), voire les médicaments psychotropes détournés de leur usage (en particulier à la Réunion) ».
* »Cet [atlas des pratiques addictives]url:http://www.inpes.sante.fr/Barometres/barometre-sante-2010/atlas-usages-substances-psychoactives-2010/index.asp a été conçu par l’Institut à partir des données issues de son [Baromètre santé 2010]url:http://www.inpes.sante.fr/Barometres/barometre-sante-2010/index.asp . Il fournit des éléments de comparaison avec les tendances enregistrées au niveau national et les chiffres recueillis dans le cadre de [l’édition 2005 du Baromètre santé]url:http://www.inpes.sante.fr/Barometres/BS2005/ouvrage/index.asp . En découlent des enseignements parfois inattendus, pouvant aller à l’encontre de certains clichés sur les régions« , souligne l’Inpes.