Ecarté récemment, l’ex-membre du conseil de surveillance d’Air Austral, Théophane Narayanin, sort de son silence. Bien décidé à dire tout haut ce qu’il pense, il charge violemment le président de la Sematra (actionnaire principal d’Air Austral), Didier Robert. Un « superman » aux allures de « dictateur » depuis la prise de position de la Sematra à hauteur de 98% dans le capital de la compagnie réunionnaise.
« Ejecté« , au même titre que plusieurs petits actionnaires lors du fameux « coup d’accordéon » au cours duquel la recapitalisation de la compagnie a eu lieu, Théophane Narayanin et un collectif de petits actionnaires ont décidé de saisir les tribunaux compétents pour dénoncer le « bien fondé » de la recapitalisation d’Air Austral. « Je vais être sur la même bataille que Corsair (actuellement en procédure contre la Sematra ndlr). Je veux permettre aux petits actionnaires de revenir dans le capital de la compagnie. Mais attention, je n’attaque par la compagnie pour la coucher, mais pour permettre aux petits actionnaires et chefs d’entreprise de pouvoir revenir dans le capital« , explique Théophane Narayanin.
En clair, l’ex-membre du conseil de surveillance, débarqué la semaine dernière, souhaite avoir un « pendant » à la position uniquement politique du conseil de surveillance. « Quand vous mettez des politiques entre eux pour gérer l’économie, on voit ce que cela donne« , lâche-t-il. Pour Théophane Narayanin, il est « anormal » que la compagnie soit uniquement entre les mains de la Sematra. « Le jour où il nous quitte, ils nous laisseront des cailloux dans les chaussures« , poursuit-il. En attaquant la recapitalisation d’Air Austral, Théophane Narayanin veut voir la Sematra revenir à un niveau d’équilibre au sein du capital d’Air Austral.
« Dans cette compagnie, il y a un manque de transparence, un défaut de communication »
Une procédure au tribunal administrative qui pourrait déboucher, après rendez-vous avec ses conseils la semaine prochaine, à d’autres procédures devant d’autres juridictions. « Dans cette compagnie, il y a un manque de transparence, un défaut de communication« , explique-t-il. En sus de ces procédures, Théophane Narayanin réclame la tenue d’une inspection administrative au sein d’Air Austral.
Plusieurs éléments le pousse à agir dans cette direction. Théophane Narayanin parle « d’opacité » dans le fonctionnement de la compagnie réunionnaise. Tour à tour, l’ancien membre du conseil de surveillance parle des salaires de direction de l’entreprise, dont la révision à la baisse avait été annoncée mais non traduite dans le PV du conseil de surveillance. « Les départs volontaires ont été négociés, mais à quel prix ? Un pilote aurait touché 600.000 euros« , avance-t-il. Il souligne aussi l’impossibilité d’avoir accès aux rapports d’audit du cabinet Deloitte sur la situation d’Air Austral. « Des documents sollicités, mais jamais obtenus« , précise-t-il.
Dans sa ligne de mire, le président de Région et de la Sematra, Didier Robert. « Une seule personne décide pour le directoire et la gouvernance. Jusqu’à quand va-t-il gérer cette compagnie en dictateur ?« , balance Théophane Narayanin. Un autre exemple est avancé pour illustrer ses propos. « On a créé la compagnie EWA. On peut à peine tenir sur nos jambes et on perd 1,2 million d’euros (…). Pour la réouverture de la ligne Air Austral sur les Seychelles, on l’avait fermé dans un premier temps car déficitaire. Puis on l’a rouvre car il y a des attachements là-bas. Il a voulu mettre sa petite ligne privée avec l’argent du contribuable et des actionnaires« , lance Théophane Narayanin.
Depuis le coup d’accordéon – l’action était passée d’environ 600 euros à 20 euros – Théophane Narayanin estime que le personnel d’Air Austral a perdu 2,8 millions d’euros et son entreprise R’Finances 1,6 million d’euros.