Air Austral va recruter sept jeunes en contrats aidés (emplois d’avenir). C’est l’annonce qui a été faite hier à l’occasion de la visite du Préfet de la Réunion, Dominique Sorain, à la Mission Locale Nord. La compagnie met en avant la facilité de gestion des effectifs grâce à ce dispositif. Mais depuis plusieurs semaines, l’inquiétude augmente en interne. Des personnes employées en CDD, certaines depuis plusieurs années, voient d’un mauvais œil l’engagement pris par la direction pour ces nouveaux contrats.
Plus d’une vingtaine de salariés, hôtesses et stewards, redoutent qu’on leur « prenne la place ». Selon Patricia*, « c’est une injustice. Nous sommes plus de 200 CDD à attendre qu’on nous propose du travail depuis des années (…) Une vingtaine de personnes a été rappelée récemment pour quelques CDD, rien de plus, » explique-t-elle après quatre CDD. Le responsable des ressources humaines chez Air Austral, Jacques Atchapa, confirme que le recours à ces CDD se fait de façon « ponctuelle ».
A l’instar de Patricia*, Delphine* est également inquiète: « J’enchaîne les CDD depuis plus de trois ans et j’ai recours à des petits boulots pour subsister. Nous avons de l’expérience, nous avons passé les stages chaque année… Je n’ai rien contre les jeunes qui seront embauchés en contrat d’avenir mais que fait-on de nous qui travaillons depuis longtemps dans des conditions précaires et sans reconnaissance? », regrette la jeune femme.
Bilan : ces personnes en CDD en viennent à accuser la compagnie régionale de vouloir faire des économies sans prendre en compte l’humain. Jacques Atchapa atteste pour sa part que les emplois d’avenir « ne remplaceront pas les CDD ou contrats d’apprentissage ». Et d’ajouter: « les contrats aidés ne viennent qu’en renfort, nous auront toujours recours aux CDD de manière saisonnière. Et en cas de pérennisation des emplois, ceux en CDD seront prioritaires pour obtenir un CDI », a-t-il ajouté pour rassurer les uns et les autres.
Les salariés en CDD interrogés par notre rédaction assurent de leur côté que même pour cette fin d’année, soit en haute saison, « au lieu d’une vingtaine de personnes demandées, ils ne sont que cinq », explique Patricia*. Christelle*, qui a des années d’expérience chez Air Austral derrière elle, le confirme: « On nous avait dit qu’il y aurait des chances de pouvoir travailler en décembre, mais récemment on nous a informé que ce n’était plus le cas, et ça coïncide avec l’arrivée des contrats aidés ».
Au total, Air Austral s’est pour le moment engagé sur l’emploi de sept futurs hôtesses ou stewards en contrat d’avenir.
*Prénoms d’emprunt pour toutes les personnes citées.
