« Les élus tiennent-ils vraiment au maintien de la filière canne à la Réunion ? » C’est la question que pose Frédéric Vienne, le président de la FDSEA (Fédérations départementales des syndicats d’exploitants agricoles), lors d’une conférence de presse donnée ce mercredi matin.
Depuis la plateforme Tamarins, le représentant de l’organisation agricole dresse un tableau « qui s’assombrit » : « Depuis deux ans, les aides, qu’elles soient nationales ou européennes, sont en retard. C’est notamment le cas de l’ICHM (indemnité compensatoire de handicap naturel : celle de 2015 n’a toujours pas été soldée ».
Des contraintes supplémentaires
Les 38 millions d’euros annoncés par le président Hollande font également grincer des dents : « Pour l’instant, ça reste au stade promesse », regrette en effet le président, avant d’évoquer un autre aspect jugé problématique. « Les critères d’augmentation de l’attribution de l’aide à la replantation ont changé. Aujourd’hui, il faut être à jour fiscalement, socialement, mais aussi être à jour de ses factures d’irrigation », détaille-t-il. Pour lui, ces « contraintes supplémentaires » risquent de mettre à mal le taux de replantation des surfaces de canne à La Réunion.
Et pour ajouter au « tableau noir », Frédéric Vienne déplore qu’il n’y ait « plus d’extension de la zone irriguée au-delà de 600 mètres dans l’ouest de l’ile ». D’autant plus que le secteur est selon lui « plus en difficulté que jamais », le chantier de basculement de l’eau s’avérant « insuffisant pour compenser les difficultés subies dans l’Ouest », en raison du manque de pluie.
« On demande à être épaulés »
Un constat que confirme d’ailleurs Jean-Max Zitte, agriculteur sur l’antenne 4 (de la Ravine de Trois-Bassins à celle de Saint-Gilles). « Dans l’ouest, l’eau coûte très cher. En 2000, quand on s’est installé, le prix était de 35 centimes de francs par mètre cube. Maintenant, c’est 10 centimes d’euros, c’est deux fois plus », relève le professionnel de la canne. « Les procédures compliquent la donne et ralentissent la replantation. Les agriculteurs rencontrent des difficultés de trésorerie et veulent se diversifier, mais c’est compliqué. Beaucoup arrêtent, vendent leurs exploitation, sont endettés », poursuit-il. « On se sent mis de côté, on demande à être épaulés, aidés ».
C’est justement un « abandon » que reproche le président de la FDSEA aux politiques. « Tout cela limite la capacité de la filière canne à se développer et nous faire remettre en cause la volonté des élus, locaux comme nationaux, de la maintenir », déplore-t-il en effet. Lors des prochaines négociations de février prochain, il espère pouvoir obtenir « que les zones irriguées bénéficient d’un dispositif d’accompagnement pour le poste d’irrigation ».