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Agents de probation: Ces personnels de l’ombre qui oeuvrent à la réinsertion… sans véritable moyen

Aujourd’hui on « fête » les 30 ans du TIG (pour travail d’intérêt général), l’occasion pour les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation ou agents de probation, de parler d’eux, de leur métier, pas toujours connu mais indispensable dans le champ de l’exécution des peines. L’occasion pour ces agents, réunis au sein du Snepap (Syndicat national de […]

Ecrit par zinfos974 – le mardi 26 novembre 2013 à 14H27

Aujourd’hui on « fête » les 30 ans du TIG (pour travail d’intérêt général), l’occasion pour les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation ou agents de probation, de parler d’eux, de leur métier, pas toujours connu mais indispensable dans le champ de l’exécution des peines. L’occasion pour ces agents, réunis au sein du Snepap (Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire), d’alerter les pouvoirs publics sur la difficulté de leur métier, lié au manque de moyen, mais également réclamer – dans le cadre de la prochaine réforme pénale – la mise en place de la peine de probation. Une alternative à la prison, plus efficace en matière de récidive, mais aussi de réinsertion, selon eux. Encore faut-il que les « mentalités » changent… Et ce n’est pas gagné.

Au 1er janvier de cette année, la Réunion comptait plus de 3.800 personnes suivies par les services du SPIP (Services pénitentiaires insertion et probation). Sur ces 3.800 personnes, plus de 2.500 effectuaient leur peine en milieu ouvert, ne passant pas par la case prison. Pour assurer ces missions, 40 conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation travaillent tous les jours sur le terrain. Soit un agent pour une centaine de dossiers.

30% de budget de fonctionnement en moins

« On n’est pas très connu, on intervient dans le champ d’exécution des peines. Nous sommes les premiers intervenants. (…). On participe au maintien de la sécurité publique en mettant en place des politiques de lutte contre la récidive, en travaillant sur le côté réinsertion et comportemental (…). Mais on ne peut pas rester avec un agent pour 100 dossiers alors que le Premier Ministre avait annoncé un agent pour 40 dossiers« , explique Pierre-Marie Fournier, agent de probation et secrétaire départemental du Snepap. Des effets d’annonce pour ces agents qui ne sont pas suivis dans la réalité. Dans un contexte de contrainte budgétaire, leur budget a même été réduit de 30% cette année. Difficile pour eux de mener à bien leur mission.

Leur statut particulier ne leur permet pas de faire grève. Mais pas question pour eux de ne pas se faire entendre. « Notre budget a été amputé de 30% au niveau de la Réunion. C’est un choix de société et un choix politique. Si la France veut tenir son rang de pays des droits de l’Homme, elle ne doit pas faire régresser son administration pénitentiaire« , poursuit-il.

Et la réalité, dans les prisons ou en milieu ouvert, ne permet pas à ces agents de faire leur travail de réinsertion dans de bonnes conditions. « La réalité du quotidien, c’est qu’un détenu en prison est sur liste d’attente s’il veut aller à l’école. On leur demande de changer les choses pendant l’incarcération, mais nous n’avons pas de moyens. Si un détenu demande à rencontrer un médecin ou un psy, il y a de l’attente (…). Pour prévenir de la récidive, l’incarcération n’est pas la bonne chose« , souligne Stéphanie Sadoune, membre de la section départementale du Snepap.

La probation, une solution à la prison

Ces agents militent depuis un moment pour la peine de probation. « Il y a actuellement une réflexion menée sur la réforme pénale. Le Snepap a apporté beaucoup de propositions. On voulait que la peine de probation se rajoute aux autres éléments existants« , explique Pierre-Marie Fournier. Pour le Snepap, la peine de probation est « révolutionnaire » à plus d’un titre. « Il peut y avoir une autre référence que la prison, sans pour autant l’exclure. Et ce n’est pas être laxiste de dire ça, c’est l’inverse. De multiples études le démontrent, la prison ne permet pas d’éviter la récidive », poursuit-il.

La peine de probation a un avantage. Son coût. Là où un détenu va coûter 100 euros par jour d’incarcération, la peine de probation coûtera 10 euros par jour. « Mais politiquement, c’est compliqué. Pendant que les personnes sont condamnées et se trouve en prison, tout le monde est rassurée« , précise Stéphanie Sadoune.

Le syndicat prend exemple sur plusieurs pays européens, comme l’Angleterre et la Suède, où la probation a été appliquée avec succès. « Si on rate le train de la réforme maintenant, on aura 10 ans de retard. Il n’y a qu’à voir la Suède qui ferme aujourd’hui des prisons, c’est révélateur », lance Pierre-Marie Fournier.

« Les agents de probation sont les seuls professionnels à faire exécuter les peines en dehors et dans les murs (…). On veut juste faire nos missions de manière pleine et entière« , concluent en choeur les membres du Snepap.

 

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