Dans un éditorial paru ce matin sur le site de Freedom, Yves Mont-Rouge, qui a rejoint depuis quelques semaines la radio de la rue Jules Auber, a choisi un titre choc : « NRL : Plus de 100 millions d’euros de pots de vin« .
Diantre ! En lisant ce titre, ma première réaction a été de me dire que l’ancien rédacteur en chef du JIR avait grillé tous ses confrères en réussissant à se procurer les preuves que tout le monde cherche sur un éventuel pot-de-vin dont tout le monde parle, mais que personne n’a vu. Chapeau…
Mais j’ai vite déchanté. Après avoir longuement réglé ses comptes avec son ancien employeur, Jacques Tillier qui l’a licencié sans ménagement, en se servant de l’affaire du fils de Nadia Ramassamy, il en vient enfin au dossier de la NRL. Le début est alléchant : « Je puis vous dire, d’après nos informations, qu’il y « du lourd », du »très lourd », dans le dossier. N’ayant aucun intérêt (financier) à protéger, ni le mien, ni celui de l’organe de presse pour lequel j’écris, je ne vais donc pas tenter de minimiser les choses. Non, les enquêteurs parisiens de l’impartial et non-politique PNF ne sont pas venus à La Réunion pour faire trempette dans le lagon, ni pour « jouer cannettes ». Bien au contraire« .
Re-diantre ! Nous voilà appâtés… De quoi s’agit-il? Quelles informations Yves Mont-Rouge a-t-il réussi à récupérer en exclusivité, seul dans son petit bureau, au nez et à la barbe de l’ensemble des journalistes d’investigation de la Réunion, qui planchent sur le dossier depuis des mois et des mois?
Vivement la suite…
Auprès de qui aurait-il déniché ces infos exclusives? Apparemment pas des enquêteurs du Parquet national financier puisque lui même le reconnait, ces derniers n’auraient cessé d’affirmer à leurs interlocuteurs « qu’ils n’étaient pas là pour confirmer ou infirmer des rumeurs« . Ouf… Nous voilà rassurés… Nous ne sommes pas moins bons qu’Yves Mont-Rouge et il a obtenu les mêmes réponses que nous…
Mais alors? D’où tient-il ces fameuses informations qui lui permettent d’affirmer un peu plus loin que « plus de 100 millions d’euros de pots de vin » auraient été distribués? Notre investigateur péï ne le dit pas expressément mais le laisse deviner à demi-mot : il reprendrait les propos d’une « des personnes entendues comme témoins« .
Ah ok, on comprend mieux. On est loin du scoop… En fait, Yves Mont-Rouge s’est contenté de reprendre sans le dire les propos de Michel Alamèle, un transporteur ancien ami de Bernard Law-Waï -c’est dire- habitué aux déclarations à l’emporte-pièces et jugé tellement crédible que l’ensemble de la presse réunionnaise s’est contentée de rapporter l’esprit de ses propos, mais sans les citer intégralement.
Il est en effet une règle qu’Yves Mont-Rouge semble avoir oubliée : quand un journaliste affirme quelque chose, il doit être en mesure de le prouver, sinon ça s’appelle de la diffamation. Et ça peut coûter très cher, tant au journaliste qu’au journal qui a publié ses affirmations.
Finalement, ce qui devait arriver arriva : Dans un communiqué publié ce soir, la Région annonce qu’elle porte plainte pour diffamation. D’après nos informations, elle devrait viser Yves Mont-Rouge, Freedom et Thierry Robert qui a repris les propos du journaliste de Freedom et les a même passés sous forme de publicité payante sur Facebook.
Quand on annonce 100 millions d’euros de pots-de-vins, il faut s’attendre à ce que les dommages et intérêts demandés soient à la hauteur…