L’association de défense des droits des animaux, One Voice, a déposé un recours auprès du tribunal administratif le 23 février dernier afin de faire annuler l’arrêté préfectoral du 6 février autorisant l’abattage de chats sauvages dans le Parc national par empoisonnement ou cage létale, pour préserver les pétrels. L’audience s’est déroulée ce mercredi, et le jugement mis en délibéré.
Selon l’association, la démarche est autant cruelle qu’illégale. « Nous ne sommes pas pour la protection des chats au détriment des pétrels mais pour une autre réglementation, affirme Stéphane Wandrey, qui a assisté l’avocat de One Voice, Me Eric Han Kwan. Mais ces techniques engendrent la souffrance, la blessure puis la mort ».
Le PAPP, le poison prévu, entraînerait de la souffrance tout comme que le piège contenant une chaîne qui étranglerait l’animal, selon One Voice. L’alternative serait la capture vivante des quelques chats qui restent. Car il y en aurait seulement six. « Mais le préfet cherche à faire des économies car le coût est de 1500 euros par capture », explique Stéphane Wandrey.
Il remet également en cause la légalité de cette action car juridiquement les chats sont errants et donc considérés comme animaux domestiques. « Cela voudrait dire qu’un animal domestique qui a un instinct de chasse et porte atteinte à un animal sauvage est susceptible d’être abattu? » demande-t-il.
Pour One Voice, ces chats sont « victimes de l’inertie de l’Etat face à l’errance ». Et trois fois victimes car y aurait abandon puis errance et ensuite le piège « illégal ».
Un chat peut tuer 90 pétrels tous les six mois
Du côté du Parc national qui soutient la décision du préfet, d’autres solutions ne sont pas possibles. Le pétrel de Barau est en danger et le pétrel noir connaît un véritable risque d’extinction. « Dans 50 ans, il pourrait ne plus en avoir, assure Patrick Pinet, responsable scientifique de Life+Pétrel pour le Parc national. « Et un chat peut tuer 90 pétrels en une saison de reproduction, soit tous les six mois », ajoute-t-il.
Face à cette problématique, les captures vivantes mises en place depuis six ans ne seraient pas efficaces. « Nos agents font huit heures de marche pour trouver des cages vides; les chats sauvages n’y entrent pas ». Il parle bien de « chats sauvages » et non « errants » ou « domestiques » car « ils se trouvent à plus de 10 kilomètres d’habitations », précise-t-il.
Il ajoute également que les chats ne souffriraient pas : « Le PAPP attaque les globules rouges donc c’est un endormissement en moins de 20 minutes. Et ce poison présente peu de risque pour les autres espèces ». Quant à la cage, les chats auraient la nuque brisée et mourraient instantanément.
Le comité d’éthique de La Réunion a émis un avis favorable à ces techniques.
Le délibéré est prévu en début de semaine prochaine.