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A qui profitent la ferme aquacole et le projet CHARC?

L’accusation revient régulièrement dans la bouche des surfeurs : si la réserve marine a longtemps refusé d’admettre sa responsabilité et celle de la ferme aquacole dans la recrudescence d’attaques de requins, c’est pour des histoires de gros sous. Si l’information peut paraitre un peu simpliste, une étude un peu plus poussée du dossier permet en […]

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 31 août 2012 à 08H04

L’accusation revient régulièrement dans la bouche des surfeurs : si la réserve marine a longtemps refusé d’admettre sa responsabilité et celle de la ferme aquacole dans la recrudescence d’attaques de requins, c’est pour des histoires de gros sous.

Si l’information peut paraitre un peu simpliste, une étude un peu plus poussée du dossier permet en effet de s’apercevoir que tout n’est pas très clair avec, au coeur du système, souvent les mêmes bénéficiaires de grosses subventions. D’énormes subventions, peut-on même dire !

Le dossier de la ferme aquacole

La ferme aquacole située dans la baie de Saint-Paul a été créée en 2007 grâce à d’importantes subventions, notamment européennes. Dans un article du JIR du 1er août dernier, on dit que c’était une époque bénie, où « l’argent coûlait à flot » !

Depuis, les affaires ont décliné et on parle de filière moribonde. L’argent continue pourtant à couler, même si c’est en moindre quantité. L’Arda perçoit chaque année près de 2 millions d’euros de subventions, dont 500.000 versés par la Région. Avec cet argent, elle est entrée au capital de la SAS (société par actions simplifiée) Sam dans laquelle elle détient un tiers des actions.

L’Arda est composée de deux pôles distincts : Etudes et valorisation et Recherche et développement. Ce dernier pôle réalise essentiellement des études sur la viabilité technico-économique des productions marines en cages à la Réunion et dans la zone. En fait, c’est la SAS Sam qui exploite d’une manière économique les sept cages installées dans la baie de Saint-Paul. Elle produit des ombrines, un poisson peu apprécié des Réunionnais. Pour y arriver, on nourrit les poissons… avec du poisson. D’une façon générale, on sait que pour produire un kg de poisson en ferme aquacole, il faut… 4 à 5 kg de poissons tués pour leur servir de nourriture !

Autre élément à prendre en compte : les poissons élevés en cage, et l’ombrine ne fait pas exception, sont victimes de vers monogènes qui se traitent avec des antibiotiques ! Antibiotiques que nous retrouvons dans notre assiette et qui nous rendent ensuite résistants à ce médicament. Rien ne nous sera épargné !

Le chiffre d’affaire de la Sam a été de 235.000 euros en 2010, ce qui ne lui permet pas de couvrir les dépenses de la société, malgré le fait que les frais d’entretien des dispositifs soient pris en charge par l’Arda. La Sam cumule malgré tout les déficits depuis sa création en 1999. En 2010 par exemple, la perte a été de 60.000 euros.

Pour résumer, nous avons donc une association subventionnée par l’Europe et par la Région, l’Arda, qui s’entête à développer l’aquaculture marine en finançant l’outil de travail et le déficit chronique d’une entreprise privée, la Sam… Et cela pour produire un poisson, l’ombrine, peu apprécié des Réunionnais, nourri avec d’autres poissons et soigné aux antibiotiques ! On aimerait comprendre !

Ajoutez à cela qu’au cours d’une interview accordée à Radio Festival, Pierre Bosc, le patron de la ferme, reconnaissait la présence de requins auprès des cages, ce qui avait l’air d’ailleurs de l’inquiéter pour la sécurité de ses employés qui plongent régulièrement.

Rien d’étonnant à cela puisque, dans [une interview accordée à Sciences et Avenir]urlblank:http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/nature-environnement/20111018.OBS2743/reunion-les-requins-sous-surveillance.html en octobre 2011, Bernard Seret, « biologiste marin, spécialiste des requins à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), et impliqué dans la coordination du programme CHARC« , indiquait : « Il y a des stimuli partout autour des cages (bruit, vibrations,… ) qui attirent les requins. Statistiquement, il y en a toujours un ou deux qui peuvent s’éloigner de la ferme et aller faire un tour du côté du récif où se trouvent les baigneurs, à quelques 7 kilomètres de là. La Réunion n’est pas une zone très poissonneuse et à la côte il n’y a plus grand-chose à se mettre sous la dent pour un requin. Alors les cages de la ferme attirent les prédateurs dans le désert qu’est devenue la baie de Saint-Paul. Cependant, cela ne sert qu’à les exciter, car ils ne peuvent pas manger« . Egalement interrogé sur la distance séparant les cages de la ferme aquacole et les DCP des zones où se trouvent les baigneurs et les surfeurs, il avait répondu : ces dispositifs sont situés à « moins de 10 km de la côte. Pour les requins, cette distance se fait en un coup de nageoire« …

Mais alors, pourquoi continuer à subventionner la ferme aquacole ?

Manifestement, la raison est ailleurs…

Au centre de tout, il y a Pierre Bosc, le directeur de l’Arda dont nous avons déjà décrit qu’elle ne subsistait qu’en étant maintenue sous perfusion de subventions publiques. Et pas pour de petits montants !

On l’a également vu, l’Arda est également actionnaire à 30% de la Sam, la société qui gère la ferme aquacole et c’est encore Pierre Bosc qui en est le principal responsable, même s’il ne l’est pas officiellement. A titre d’exemple, c’est Pierre Bosc qui répond aux interviews concernant la ferme aquacole (voir l’interview à Radio Festival citée plus haut).

Toujours au sein de l’Arda, on trouve une autre structure, Cap Run, un centre d’appui technique à la pêche réunionnaise dont les actions sont menées en partenariat avec l’IFREMER (tiens tiens…) et l’IRD (re tiens tiens…), l’interprofession, l’Etat et la Région. Cap Run touche 400.000 euros de subventions par an. Selon l’Agence de Développement de la Réunion, « Prosper » est le premier exemple concret de l’action menée par Cap Run : « il s’agit d’une prospection des ressources en thon dans la zone économique française, en modifiant les techniques habituelles de pêche« .

Or une des hypothèses avancées par les experts (peu par ceux de l’IRD, est-ce un hasard?) au fait qu’on trouve plus de requins aujourd’hui à proximité de nos côtes est la surpêche en haute mer. Les océans se vidant de nourriture, les requins pourraient n’avoir d’autre solution que de se rapprocher des côtes réunionnaises pour venir piocher dans le garde manger représenté par la réserve marine. Et Cap Run réalise les études pour optimiser cette pêche en haute mer…

Or l’IRD n’a de cesse d’essayer de dédouaner la ferme aquacole quant à sa responsabilité, même partielle, dans la présence de requins dans la zone. Au point que ça en devient étrangement suspect. L’IRD a même dû se fendre d’un communiqué dans lequel il affirme : « Nous n’avons pas de contrat financier avec l’ARDA« . Une affirmation appuyée par le fait que l’IRD n’est autre qu' »une structure de recherche universitaire et donc publique« . « Notre laboratoire n’a eu que des interactions scientifiques avec l’ARDA« , précise Marc Soria, son responsable, évoquant les projets « POLARUN » ou celui du futur « Pôle régional mer » attendu pour rassembler tous les acteurs marins de la Réunion sur un seul site. Bizarrement, Marc Soria oublie de préciser que c’est justement Pierre Bosc, le patron de l’ARDA, qui est pressenti pour prendre la tête de ce fameux « Pôle régional mer » et qui pourrait donc se retrouver à la tête de la réserve marine…

On découvre donc que tous ces organismes grassement subventionnés par l’Etat et la Région collaborent déjà au quotidien. Dernier exemple : les techniciens de l’IRD sont hébergés dans les locaux de l’Arda au Port lorsqu’ils travaillent avec l’Arda et Cap Run…

Mis bout a bout, toutes ces subventions représentent des millions et des millions d’euros… Comment s’étonner dès lors que l`IRD couvre l`Arda qui a 30% des parts de la Sam, la societé qui exploite la lombrine qui n`aurait pu voir le jour sans les subventions de l`Etat .

Et d’un côté on a l’IRD qui protège les requins et de l’autre on a l’IRD qui collabore avec l’ARDA accusée d’être peut être une des causes de la présence des squales près de nos côtes avec sa ferme aquacole!

Et si la clé de la position anti-requins de l’IRD était là? Et rien que là?

Ajoutons pour la bonne bouche que Marc Soria, le patron de l’IRD, grand manitou de l’opération CHARC, est théseux à l’université de la Réunion, laquelle université finance aussi l’Arda. Et que l’IRD a touché une subvention de 700.000 euros pour son étude sur les requins de la Réunion…

La boucle est à nouveau bouclée. On comprend mieux maintenant pourquoi tout ce petit monde protège avec autant de force son « assiette mangé« , comme on dit en créole…

 

D’autres associations pointées du doigt

Dans une longue lettre rédigée par le père d’un champion de surf qui « tourne » en ce moment sur internet, certaines associations sont pointées du doigt. On y retrouve pêle-mêle Vie Océane, Globice, l’ARDA, RUN SEA, l’ARVAM ou encore la SREPEN, le GIP RNMR, l’IRD ou le Parc marin.

Selon l’auteur de ce courrier, « leur motivation c’est bien sûr la recherche, mais pas n’importe laquelle, ils se sont spécialisés dans un type de recherche productive, celle aux subventions, Europe, Région, Département, Communes et quelques autres… Ce sont là les seules recherches qu’ils aient entreprises, et qui aboutissent chaque année« .

« Chose étrange, les dirigeants de toutes ces « Initiales » sont les mêmes personnes qui passent d’une association ou d’une société à l’autre, de président, à vice président, de membre du conseil consultatif à membre du comité scientifique, de salarié à responsable scientifique. Ils se balancent du professeur, du chercheur du président et de la pommade à tout va« .

Et l’auteur du courrier de poursuivre en donnant quelques exemples de ces chercheurs que l’on retrouve partout, dans de nombreuses associations :

« Sonia RIBES-BEAUDEMOULIN – Conservateur du Muséum d’histoire naturelle de St Denis.
– Membre du Conseil d’administration de l’association écologiste Vie Océane
– Présidente du Comité Scientifique du GIP-RNMR (=groupement D’INTERET PUBLIC de la Réserve Marine de la Réunion)
– Membre Comité Consultatif du GIP-RNMR
– Représentant la communauté scientifique au sein du comité réunionnais de réduction du risque requins.

Stéphane CICCIONE – directeur de Kélonia
– Vice-Pdt de l’association écologiste Globice
– Membre du Comité Scientifique du GIP-RNMR
– Représentant la communauté scientifique au sein du comité réunionnais de réduction du risque requins

Bernadette ARDON –
– Présidente du Conseil d’administration de l’association écologiste SREPEN
– Membre Comité Consultatif du GIP-RNMR
– Membre du comité réunionnais de réduction du risque requins
– Représentante de l’environnement au sein du Parc National de la Réunion

Florence TRENTIN – Docteur en Physiopathologie Végétale – Agrégée en Sciences de la VIe. Enseignante à l’IUFM
– Présidente du Conseil d’administration de l’association écologiste Vie Océane
– Membre Comité Consultatif du GIP-RNMR
– Membre du comité réunionnais de réduction du risque requins

Virginie BOUCAUD – professeur de S.V.T
– Présidente de l’association écologiste Globice
– Membre Comité Consultatif du GIP-RNMR
– Membre du comité réunionnais de réduction du risque requins

Roland TROADEC – Professeur retraité, chercheur associé au laboratoire de Géologie de l’université de la Réunion,
– Vice-Pdt du Conseil d’administration de l’association écologiste Vie Océane
– Vice-Président du Comité Scientifique du GIP-RNMR
– Membre Comité Consultatif du GIP-RNMR

Violaine DULAU – docteur en cétologie
– Salariée (Responsable Scientifique) de l’association écologiste Globice
– Membre du Comité Scientifique du GIP-RNMR.

Pierre BOSC – Directeur général de l’association ARDA et dirigeant dans la SAS SAM société privée gestionnaire de la ferme aquacole financée par l’ARDA, la SAM étant déficitaire depuis sa création il y a 12 ans, et pas qu’un peu.

Pascale CHABALET Chercheur à l’IRD, Vice présidente du conseil scientifique de la réserve marine, associée au programme Charc ».

Et cet auteur qui a l’air de bien connaitre ses dossiers conclut : « Comme nos représentant de l’état et nos élus ont peur de prendre leurs responsabilités, ils ont confié à une vingtaine de personnes le soin de dire ce que l’état doit faire pour prémunir la population contre le risque requins. Mais comme ces personnes sont par leurs fonctions intéressées financièrement à tout ce qui touche à la recherche et à la biologie marine, elles attaquent via leurs associations ou organismes la décision de prélèvement prises par l’état. (…) Comme ils n’ont pas fait grand-chose, mais surtout afin d’éviter les choses qui fâchent, ils pondent des rapports et des communiqués de presse à tout va. Ils en oublient les précédents rapports commandés à d’autres scientifiques par nos institutions, qui elles faisant clairement apparaître que la solution aux attaques, et ce dans le monde entier, passait par des dispositifs de pêche.

Deux point communs à tous ces scientifiques :
– ils vivent tous de l’argent public mis dans la recherche.
– Ils sont tous membres du Comité réunionnais de réduction du risque requins. Ils sont donc tous dans l’institution chargée par les pouvoirs publics d’assurer notre sécurité en matière de risque contre les attaques
« .

Dit comme ça, on comprend mieux certaines prises de position…

 

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