Mènerait-on la vie dure aux arbres des villes réunionnaises ? C’est en tous cas ce que pense l’association DPR974 (Défense Patrimoine architectural de la Réunion), qui publie régulièrement sur [son blog]url:http://dpr974.wordpress.com/ des articles à ce sujet.
Robert Gauvin, professeur d’allemand à la retraite et membre de l’association, qui réside dans une magnifique case créole de Saint-Denis, voit d’un mauvais oeil la façon dont on traite les arbres dans le centre-ville. « En tant que Dionysien, je suis inquiet. Autrefois, on considérait Saint-Denis comme une ville jardin. Mais en construisant de nouveaux bâtiments, on supprime de plus en plus d’arbres qui auraient mérité un autre sort« .
Car Saint-Denis regorge d’arbres centenaires, au Jardin de l’Etat comme ailleurs. Mais ceux-ci seraient menacés par les grues qui fleurissent un peu partout dans la ville. Ce n’est un secret pour personne, la Réunion est en plein boum démographique et doit donc se doter de nouveaux logements, à court comme à moyen terme. Cela entraîne une modification du paysage dont les arbres sont parfois des victimes collatérales.
Robert Gauvin a remarqué la disparition de plusieurs arbres magnifiques au cours de ces derners mois. Rue Juliette Dodu, en face d’une banque bien connue, un vieux palmier royal a été supprimé il y a six mois. Aujourd’hui, des petits arbustes ont pris sa place, au grand dam de Monsieur Gauvin. « Les commerçants du coin m’ont expliqué que c’était parce que les branches risquaient de tomber. On aurait pu envisager une solution moins radicale« , explique-t-il.
Autre exemple, à l’angle de la rue Monseigneur Beaumont et de la rue Juliette Dodu, « deux palmiers royaux ont disparu », explique l’ancien professeur. Un peu plus loin, une échoppe s’est installée récemment. Et un « beau manguier » a laissé la place à… une bouche d’égout, d’après le membre de l’association.
Pour Robert Gauvin, les arbres sont pourtant indispensables dans un centre-ville. « Si on les supprime, la chaleur augmente, il y a moins d’ombre, l’eau ne s’infiltre plus. Les arbres apportent de l’esthétique, humanisent les paysages, protègent contre le bruit », énumère ce passionné d’Histoire.
Alors, que demande l’association ? « Que les arbres historiques soient protégés. Qu’on les repère, les préserve et que l’on explore leur histoire« , explique-t-il. A travers la progressive disparition des arbres, c’est toute une partie du patrimoine réunionnais qui s’en va. Car les arbres des villes, surtout les plus anciens, regorgent d’histoire. A l’image du fameux arbre de l’Intendance, situé dans le square Leconte de Lisle, qui tient son nom de l’intendant Pierre Poivre. L’arbre aurait été planté au XVIIe siècle.
L’association souligne également que l’élagage des arbres doit être mieux pratiqué, Robert Gauvin considérant que certaines entreprises spécialisées « massacrent » des arbres…