A la barre, ils sont trois, tous trois victimes et accusés à la fois. Ericson Alcédy, 27 ans ; Cédric Agathe, 23 ans ; et sa sœur, Karine Agathe, 31 ans. Aucun n’a de casier judiciaire, aucun n’a jamais eu maille à partir avec les autres. D’ailleurs, ils sont, ou plutôt étaient amis avant cette démonstration de crétinerie. Mais quand la bêtise et l’alcool s’en mêlent…
Une fête parfaite mais…
Cela s’est passé le 25 avril dernier à la Ligne-des-Bambous. Ce soir-là, une petite fête est organisée pour fêter l’anniversaire d’Ericson. Il y a pas moins de 4 DJ’s pour animer la soirée et tout, absolument tout, se déroule dans une ambiance chaleureuse. Pas un accroc, pas un faux pas, rien, nada ! Evidemment, l’alcool a coulé à flots abondants et ce qui ne devait pas arriver arriva.
Ce qui a fait dire à mon confrère Ludo : « Pitoyable ! Quand ou gaingn pas boir l’alcool, boir limonade. Sinon ça reste out’ case ! » Il parle d’or.
A 5 h du mat’, le 4è DJ, qui a déjà prolongé gentiment d’une heure sa prestation, éteint ses platines et sa sono. Ce qui n’a pas l’heur de plaire à Cédric et Karine qui insistent lourdement auprès de lui pour qu’il continue. Des insultes commencent à partir dans tous les sens. Voyant qu’il n’obtempère pas à leurs ordres, ils s’en vont barrer le portail afin, croient-ils, que personne ne puisse quitter une fête pourtant terminée.
Trempoline sur la bagnole
Et là ça dégénère, dans une confusion où in femel’ tangue i artrouv pas son’ ti.
Pour faire simple… Alcédy leur demande de se calmer, supplique qui ne fait que les enrager un peu plus. Ce que voyant, il s’empare d’un montant de haut-parleur en guise de matraque… pour se faire entendre, Un coup part envers l’un des excités. Cédric cogne à son tour avec le même objet, devenu contondant, puis c’est la sœur qui rente dan’ rond. Elle se retrouve au sol et c’est la mêlée entre les trois.
Pour faire bonne mesure, Karine arrache les essuie-glace de la voiture d’Ericson. Jugeant que ce n’est pas suffisant pour laver leur honneur bafoué, son frère saute à pieds joints sur le capot et le toit du véhicule. « J’ai sauté dessus comme sur une trempoline », reconnaît-il. Il a mis tant de cœur à l’ouvrage que la facture se monte à plus de 3 000 euros, excusez du peu.
Comment expliquent-ils qu’une fête si réussie se soit terminée dans la bêtise et le grotesque ? Obstinée, la présidente Tomasini finira par le leur faire dire.
Ericson : « J’ai pris le trépied pour les calmer et c’est parti ».
Karine : « J’ai subi beaucoup de violences avant, surtout de la part de mon ex-mari. Je ne me laisse plus faire ».
Cédric : « On attaquait ma sœur, je l’ai défendue ».
Aucun mathématicien au monde ne peut résoudre la quadrature de l’imbécillité.
« Les endorphines de la fête »
« Il est regrettable qu’une fête se déroulant dans la bonne humeur se termine aussi lamentablement. Du sang, une voiture bousillée…, s’est désolée la présidente. Il n’y en a pas un pour racheter l’autre ».
Le substitut Genet a insisté sur « la bêtise, l’absurdité de l’affaire ».
« L’atmosphère festive dégage les endorphines », a précisé Me Isabelle Lauret pour Karine. C’est du pareil au même.
Me Normane Omarjee, égal à lui-même, a remis les choses à leur juste place, les insultes au DJ, le portail cadenassé, Cédric déjà ivre en arrivant à la fête, la voiture escagassée, l’essentiel des coups venant du frère et de la sœur…
Verdict : 2 mois avec sursis pour Ericson ; 3 avec sursis pour Cédric ; 1 pour sa sœur. Plus diverses sommes en dommages-intérêts, quelques centaines d’euros tout au plus.
La cerise sur le gâteau est venue de Karine lorsque la présidente lui a demandé si elle avait quelque chose à ajouter pour sa défense.« Oui ! dit-elle crânement. Tout ce qu’on a fait, c’est appliquer ce que dit Missty dans sa chanson : Ferme le baro !«