Raymond Lauret est intervenu brièvement pour rappeler que « la Tour Eiffel, la Tour de Montparnasse, Beaubourg… Les critiques vives qu’avaient subi ces œuvres sont aujourd’hui oubliées et on s’en félicite aujourd’hui. Laissons le temps faire les choses ».
Ce dernier a laissé la parole au vice-président de la pyramide inversée, Philippe Berne : « Les interventions sont allées sur le fond du problème et c’est effectivement fondamental que de créer cette structure. Le coût correspond à moins de 800 mètres de la route du littoral, un ouvrage exceptionnel de la route des Tamarins. On nous dit ce n’est pas le moment : on a reçu les gens du BTP, ils demandent du travail! Donc pas le moment, je dis que c’est justement le moment… Ensuite l’aspect touristique n’est pas négligeable. Le but n’est pas fondamentalement touristique mais l’aquarium de la Réunion attire 120.000 personnes par an, suivi par le Croc’ Parc, la maison du volcan ou encore Stella Matutina. Les musées ont du succès« .
Les Verts nuancent leur propos. Véronique Dénès a expliqué que « les Verts sont favorables à un tel projet mais ils souhaitent que, d’une part il s’articule pleinement avec les autres lieux de mémoire sans les mettre en péril et, d’autre part, qu’il soit effectivement porté et assumé collectivement par l’ensemble des forces vives de la Réunion, bien au delà des clivages politiques classiques« .
« Remettez-vous parfois en cause »
Le conseiller régional, Paul Fotse-Njomgang, s’est tourné vers Françoise Vergès: « Madame Françoise Vergès et les autres de l’équipe, on ne doute pas de vos capacités à gérer mais une de vos erreurs est de ne pas avoir associé des gens d’autres sensibilités. Remettez-vous parfois en cause« . Françoise Vergès n’est pas intervenue.
Denise Delorme, vice-présidente chargée de la formation, a évoqué pour sa part l’intervention politique: « Cet après-midi, j’ai entendu deux personnalités politiques s’exprimer, Alain Armand et Radja Veloupoulé, chargés de la culture. Merci à eux. Cette maison doit sortir de terre. Nous souhaitons élever la Réunion pour que les Réunionnais soient plus responsables de leur avenir. Politiquement, expliquons cette maison comme l’ont fait ces messieurs avec passion« .
« Sommes-nous dignes de notre histoire si nous n’essayons pas de connaître tout ceci ? »
Paul Vergès a conclu les échanges : « Je crois que parmi tous les retards que la Réunion connaît, celui de l’histoire est le plus grand déficit. Il n’est pas pensable que dans cette île, dont la population a un peu plus de trois siècles, c’est la seule dont la moitié est concernée par l’esclavage. Des êtres humains, femmes, hommes, enfants ont été traités comme des bêtes. Sommes-nous dignes de notre histoire si nous n’essayons pas de connaître tout ceci? Vous allez honorer le 1er novembre les cimetières de vos ancêtres, un aspect essentiel des coutumes. Or, pendant plus d’un siècle et demi, des gens ont fait la Réunion, où sont leurs sépultures? Comment ne pas tenter de réparer pour les descendants qui aujourd’hui encore paient le poids d’une attitude imposée à leurs ancêtres? Regardez notre assemblée, les conseils divers, avons-nous beaucoup de noirs? Ils sont dans les bidonvilles, à la prison… Il faut bien se dire que sur cette route où nous pensons avoir atteint le but, l’Unité Réunionnaise n’est pas inévitable. Quand on dit que ce n’est pas une priorité, la priorité c’est quoi? Quand on dit que c’est trop cher…le souvenir de générations et générations offensées et humiliées a-t-il un prix? Je ne dis pas que ce n’est pas important mais il est prioritaire de ne pas effacer aujourd’hui les traces dans les têtes des uns et des autres des siècles qui ont fait l’essentiel de notre histoire. On ne doit pas jouer de la division réunionnaise ».